Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 303

Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 318).
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303. — Á M. L’ABBÉ D’OLIVET.
Ce dimanche…

Je vous regarderai toute ma vie comme mon maître, et vous aurez toujours sur moi vos premiers droits. Je vous dois toutes les prémices de ce que je fais. Comptez, mon cher monsieur, que vous aurez en moi, toute ma vie, un ami tendre et attentif. Je n’aurai Zaïre que dans sept ou huit jours ; vous croyez bien que vous serez des premiers à qui je ferai ce petit hommage. Si placeo tuum est[1] ; et placerem bien davantage si j’étais assez heureux pour passer ma vie avec vous ; mais


Non me fata meis patiuntur ducere vitam
Auspiciis, et sponte mea componere curas.

(Virg., Enéide, IV, v. 340.)

On ne fait rien dans ce monde de ce qu’on voudrait, et je passe ma vie à vous regretter. Vale, dilige tuum amicum, tuum discipulum, qui vous est toujours dévoué avec l’amitié la plus respectueuse.

  1. Horace, livre IV, ode iii, vers dernier.