Correspondance de Voltaire/1732/Lettre 302

Correspondance de Voltaire/1732
Correspondance : année 1732GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 317-318).
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302. — Á M. DE FORMONT.
Décembre.

Vos confitures ont été reçues avec reconnaissance, et vos vers avec transport, comme vous le seriez vous-même. Ils vous ressemblent, mon cher Formont, ils sont pleins de justesse et d’esprit. Tout le monde croira, avec raison, que, si je ne vous réponds qu’en prose, c’est parce que je sens mon impuissance, et que je me défie de moi. Mais il y a encore une autre raison, c’est que je n’ai pas un instant dont je puisse disposer. Je retouche les Lettres anglaises pour vous les renvoyer. Je viens de finir le Temple du Goût, ouvrage que j’aurais dû dédier à vous et à M. de Cideville, si M. le cardinal de Polignac[1] et M. l’abbé de Rothelin[2] ne me l’avaient pas demandé. Je le fais partir par la poste, et je pars, dans l’instant, pour Versailles, où l’on m’adresse les préfaces de Zaïre. Vous autres, qui avez un peu de loisir, écrivez-nous de longues lettres, à nous misérables qui n’y pouvons répondre qu’en billets écourtés. Mandez un peu ce que vous pensez du Temple du Goût : car, après tout, messieurs, c’est votre affaire ; et il s’agit de votre dieu et de votre église. Vous êtes les apôtres de la religion que je vais prêchant. Dieu veuille que vous ne me traitiez pas d’hérétique ! Adieu.

  1. Voyez tome XIV, page 116.
  2. Voyez tome VIII, une des notes sur le Temple du Goût.