Contes de la Haute-Bretagne/Belle Étoile

IX

BELLE-ÉTOILE[1]

Il y avait une fois une femme qui avait trois enfants, deux petits garçons et une fille qui s’appelait Belle-Étoile.

Il y avait aussi une vieille bonne femme qui demeurait dans une petite maison à côté, et elle voulait les envoyer tous les trois voir les trois merveilles : l’Eau qui danse, la Pomme qui chante et l’Oiseau de vérité.

Un jour un des fils dit à sa mère :

— Maman, je voudrais bien aller voir les trois Merveilles.

Il se mît en route, emportant une cage pour apporter l’oiseau. Mais, quand il fut à l’endroit où était l’oiseau, il s’endormit, et pendant son sommeil, un petit oiseau vint lui passer une plume sous le nez, et aussitôt il fut changé en dindon.

Sa mère ne le voyant pas revenir envoya son autre fils à sa re­cherche, et la vieille femme qui demeurait à côté était bien contente, car elle pensait tous les renvoyer chercher les Merveilles pour avoir leur fortune. Le second fils s’endormit comme son frère, et fut transformé en dindon.

Belle-Étoile, ne voyant pas revenir ses frères, partit à leur re­cherche ; elle fit mine de s’endormir, et, comme l’oiseau arrivait, la croyant endormie, pour lui faire comme à ses frères, elle le saisit par la patte et le fourra dans sa cage, puis elle lui dit :

— Rends-moi tout de suite mes frères, ou je ne te donnerai pas la liberté.

— Laisse-moi sortir auparavant, dit l’oiseau.

— Non, répondit Belle-Étoile.

— Prends une des plumes de ma queue et va les ressusciter.

Elle toucha ses frères et les autres dindons qui reprirent leur première forme, et redevinrent hommes, et il y en avait qui étaient rois et princes.

Elle dit alors à l’oiseau :

— Donne-moi les trois Merveilles.

L’oiseau lui indiqua où elles étaient, et ils partirent, emportant l’oiseau.

Ils firent un grand repas où la vieille fut invitée. On avait mis l’oiseau au milieu de la table dans une jolie cage. Mais il savait bien ce que la vieille bonne femme avait dit, et il le répéta devant tout le monde, ce qui mit la vieille femme fort en colère, et elle eut tant de honte qu’elle s’en alla.

(Conté en 1880 par Mme Araadi, de Dinan.)
  1. Voir la livraison de septembre 1892.