Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1212

Règne de Philippe II Auguste (1180-1223)

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[1212]


Renaud de Dammartin, comte de Boulogne-sur-Mer, excommunié pour avoir dépouillé les veuves et les orphelins, cherchant enfin des gens semblables à lui, passa aux excommuniés. Il s’allia avec l’empereur Othon, et Jean, roi des Anglais c’est pourquoi Philippe, roi de France, lui ôta les comtés dé Boulogne, de Mortain, de Dammartin et d’Aumale, que ledit comte Renaud tenait des dons du roi et de son pouvoir, et s’empara de toutes les dépendances de ces comtés. Le comte Renaud, repoussé ainsi de tout le royaume de France, se rendit vers le comte de Bar, son parent.

Dans le même temps on sut que Raimond, comte de Toulouse y favorisait les hérétiques Albigeois ; c’est pourquoi il fut donné à tous les nôtres permission de lui courir sus à lui et à ses propriétés, et il fut déclaré transfuge de la foi et ennemi public de l’Église ; L’église cathédrale de Nevers fut brûlée.

Philippe, roi de France, ayant convoqué à Soissons les prélats et les barons de son royaume, y donna en mariage au duc de Brabant Marie, sa fille, veuve de Philippe, comte de Namur. On y régla aussi, du consentement des barons, le projet de passer en Angleterre. Le motif qui excitait le roi à cette expédition était celui de rendre à leurs églises les évêques d’Angleterre exilés dans le royaume de France, de faire renouveler en Angleterre le divin office interrompu depuis sept ans, et de punir comme il le méritait, en le chassant entièrement du royaume, le laissant tout-à-fait sans terre, conformément à son nom, le roi Jean lui-même, qui avait tué son neveu Arthur, comte de Bretagne, avait pendu un grand nombre d’enfans qu’il avait pour otages, et commis d’innombrables crimes. Le seul Ferrand, comte de Flandre, refusa son secours au roi de France, Philippe, parce qu’il avait fait alliance avec Renaud, comte de Boulogne, par la médiation de Jean, roi d’Angleterre. Philippe, roi de France, chassa les mimes de sa cour, donnant cet exemple aux autres princes.