H. Simonis Empis, éditeur (p. 195-208).
◄  XIII
XV  ►

XIV

« … Encore une fois, le mariage

avait uni deux cœurs séparés, deux pensées inconnues, deux âmes étrangères !… »

Page 208.)

Le mariage avait été célébré dans la matinée, en une stricte intimité. Cependant la famille largement ramifiée des Bescherelle, les quelques amis intimes de Belle venus de Paris pour la cérémonie, avaient réuni une quarantaine de personnes autour de la table du déjeuner. — lequel s’éternisa, l’élément provincial dominant parmi les convives.

Vers quatre heures, madame du Jonquier, qui s’était éclipsée reparut en toilette de voyage, suivie de mesdames Lechâtellier et Collard-Menier, qui l’accompagnaient à Vichy. La première tenait à bien établir que le mariage de Charlette ne lui causait aucune déception, la seconde, aux abois, ayant eu Page:Pert - Charlette.djvu/208 Page:Pert - Charlette.djvu/209 Page:Pert - Charlette.djvu/210 Page:Pert - Charlette.djvu/211 Page:Pert - Charlette.djvu/212 Page:Pert - Charlette.djvu/213 Page:Pert - Charlette.djvu/214 Page:Pert - Charlette.djvu/215 Page:Pert - Charlette.djvu/216 Page:Pert - Charlette.djvu/217 Page:Pert - Charlette.djvu/218 Page:Pert - Charlette.djvu/219 lume qu’elle ouvrit au hasard — le cœur palpitant comme si, de ces feuillets, l’âme de Hallis elle-même allait s’échapper…

D’ailleurs, à peine avait-elle parcouru quelques lignes, qu’une phrase… une de ces phrases typiques de l’homme et de l’auteur la fit frémir de la tête aux pieds. Elle ferma violemment le livre, et, le jetant loin d’elle, se laissa tomber sur le canapé, la face dans les coussins, sanglotant follement.

— Oh ! Jean, Jean ! balbutiait-elle en une désespérance.

Pourtant, lorsque Léon rentra, elle avait essuyé ses yeux ; un masque impénétrable s’était posé sur son visage. À peine si un léger mouvement convulsif l’agitait parfois, indiquant les sanglots maîtrisés, mais demeurés en elle, tout proches.

Énamouré et heureux, le jeune mari n’aperçut rien. Et, plus tard, dans la nuit close, lorsque en la couche conjugale elle s’abandonna à ses baisers, muette, sans lutte, ni terreur, ni joie, il ne devina, ne pressentit, ne soupçonna rien…

Encore une fois, le mariage avait uni deux cœurs séparés, deux pensées inconnues, deux âmes étrangères !…