Cham - Albums du Charivari/Ces bons chinois

Journal le charivari (3p. 261--).
CES
BONS CHINOIS
PAR



— Bravo ! tu vas gagner la course sur le Chinois,
tu tiens la corde !


CHEZ ARNAULD DE VRESSE, EDITEUR
55, RUE DE RIVOLI.
Paris — Imprimerie J. Voisvenel, rue du Croissant, 16.
Nouvelle fabrication du thé en Chine à l’usage des Européens.
Le gouverneur de Canton très-enchanté d’apprendre qu’il va perdre sa place, qui commençait à lui paraître dangereuse.
L’empereur de la Chine envoyant les insignes de disgrâce au vice-roi Yeh, le tout à la mode de Paris, afin que les Français ne se méprennent pas sur le costume qu’il inflige.
Mousse de la marine française grimpant dans le cordage pour carguer un soldat chinois.
Les Européens tâchant d’arriver jusqu’à l’empereur de la Chine qui s’est retiré derrière son dernier retranchement.
Dernier message envoyé au gouvernement de Canton. Il pourrait bien cette fois se laisser toucher.

LE MARCHAND. — Monsieur, il ne faut pas vous effrayer de cela ; notre thé de la dernière cargaison produit cet effet-là à tout le monde. Je viens de recevoir encore deux lettres de faire part de deux de mes pratiques !

Le premier ministre chinois ne sachant plus comment faire pour cacher la guerre à son souverain.

— C’est très-désagréable ! Voici ce que j’ai trouvé dans la dernière boite de thé que je vous ai achetée.

— Monsieur, c’est quelque chose qui sera tombé dedans à Canton.

— Ah ! farceur d’empereur de la Chine ! tu crois t’en tenir à l’index ; mais nous allons te faire mettre les pouces !

Attitude prise par M. Cobden à la tribune de la chambre des communes.

— Milord ne boit pas son thé ?

— No, Betsy, je le boirai tout à l’heure ; il n’être pas prudente de l’avaler dans ce moment-ci, je attendrai que la guerre avec le Chinois il être fini.

— Diable ! c’est embarrassant : depuis que les Chinois ont habillé un régiment en femme, je ne sais pas si je vais m’adresser à du sexe ou a du troupier.

— Dis donc, chère amie, tu n’as pas réfléchi que nous étions en guerre avec la Chine.

— Eh bien ?

— Eh bien ? j’ai la colique depuis que j’ai avalé ce thé.

— Ah ! mon Dieu ! et moi aussi.

Les Anglais pouvant très-bien se prendre aux cheveux avec les Chinois sans courir de grands risques.
M. Cobden se précipitant dans la boutique de la mère Mortau, à Paris, pour empêcher que l’on y dévore des chinois.

— Entrons là-dedans. Sonne à la porte.

— Dam ! c’est pas facile ; il y en a tant de ces sonnettes ; faut encore savoir laquelle qu’est la bonne.

— Le prisonnier chinois, où l’as-tu mis ?

— Mon capitaine, dans votre cabine.

— À quelle place ?

— Dam ! comme tous les Chinois, sur la cheminée.

L’empereur de la Chine, accoutumé jusqu’ici à voir des ombres chinoises, en aperçoit une tout d’un coup le long de sa porte qui ne lui parait pas chinoise comme les autres.
M. Yeh ayant eu le choix d’une cabine à bord du Bocca-Tigris choisit la cuisine.
Le ministre de la guerre chinois sortant du cabinet de l’empereur après lui avoir annoncé la nouvelle de la prise de Canton par les alliés.

— Rien que ça de pieds et de mains ! J’aimerais pas tirer le chausson avec ce lapin-là !

— C’est drôle tout de même, faut croire que c’est notre attitude qui fait ça ; ces pauvres chinois sont dans leurs petits souliers !

— Cré non ! garons-nous !

— Mais qu’est-ce que t’as à avoir peur ? C’est l’éléphant blanc de l’empereur.

— Tiens ! j’ai cru que c’était un éléphant qui pâlissait et qui allait se trouver mal dans mes bras !

— Tiens ! ça fera justement mon affaire, je viens de casser une de mes bretelles !

LE CHINOIS DE CANTON DANS L’EMBARRAS DU CHOIX.

LE FRANÇAIS. — Si tu ne m’écoutes pas, fusillé !

L’EMPEREUR DE LA CHINE. — Si tu l’écoutes, pendu !

LE BOURGEOIS DE CANTON. — Je n’inspire de confiance ni à l’un ni à l’autre, je serai fusillé et pendu !

— Ces farceurs de Chinois, pour des amateurs de thés, ils ne veulent guère se régaler de poudre à canon.

— Ces deux-là n’ont pas trop l’air de s’entendre sur la manière dont ça doit se porter.

— Mon cher, fallait t’en douter ! Faut pas aller se faire bichonner chez les coiffeurs de ce pays-ci.

— Voilà le grand mandarin de la Chine avec ses vingt-quatre parasols !

— Ah ben ! il m’a fait une fameuse peur ; j’ai cru que c’était le marchand de parapluie, que ça nous annonçait de l’eau.

— Le troupier est en honneur dans ce pays-ci ! Je me suis laissé dire par le sergent que dans c’te pagode-là les Chinois adorent un dragon. Oui, mon cher, un simple dragon !

— Puisque t’en es amoureux, dépose tes hommages à ses pieds.

— À ses pieds ! voilà la difficulté ; elle n’en a pas, tu vois bien.

— Ça, un marchand de vin ? Mais il n’a que du thé !

— Mais puisque le thé c’est le vin de ce pays-ci !

— Mes chers amis, faut pas faire attention si votre thé vert m’agite un peu. Faut y être habitué, voyez-vous.

— Paraît que nous sommes deux après la sonnette ? on ne voit pas clair dans ces escaliers chinois !

L’ANGLAIS. — Auriez-vous l’obligeance de m’excuser ? Je suis forcé de vous quitter pour un instant.

Le comité égyptien chargé d’examiner dans le plus bref délai l’opportunité du percement de l’isthme de Suez.

— Vous êtes gelé, je vous offre soixante degrés de chaleur dans l’Inde !

Nena-Saïb pouvant se voir trompé d’un instant à l’autre par un de ses serviteurs.
EN ANGLETERRE.

— Mon officier, je n’ai pu recruter que cet homme-là.

— Cela ne fait rien. On vient de diminuer la taille, de sorte que nous en ferons deux avec celui-ci.

— Vous voilà, milord ; c’est étonnant, vous êtes toujours aussi grand ! Les journaux qui prétendent qu’on a diminué la taille pour les Anglais à cause des affaires de l’Inde. Quelle plaisanterie !

NENA-SAÏB ET SON BARBIER.

— Barbier, qu’est-ce qu’il y a de nouveau ?

— Mais, il y a que votre tête est mise à prix pour 30 000 roupies ; c’est une jolie somme.

— Pardon, je crois que ma barbe pourra aller comme ça pour aujourd’hui.

M. Prud’homme ayant la bonté d’aller tous les jours au Jardin-des-Plantes lire au tigre du Bengale les nouvelles de chez lui.
Entre deux maux, mieux vaut choisir le moindre.

— Mon cher Kabyle, vous voulez faire causer la poudre ; mais voyez donc nos orateurs.

— Tiens, mon garçon, voici les outils pour travailler à la route de Kabylie. Tu déblaies d’abord ton terrain avec celui-ci, puis tu continues avec l’autre ; c’est pas plus malin que ça.

L’administration du chemin de fer algérien prie instamment messieurs les voyageurs de vouloir bien ne pas mettre leur tête à la portière.

— Dis-donc, tu vas me donner ton fusil, je l’enverrai au pays pour qu’ils commencent un chemin de fer avec.

— Bah ! on vous enlève la Kabylie ? Si j’étais de vous je demanderais qu’on me fasse alors une position : garçon de bureau dans un ministère ou graisseur sur une ligne de chemin de fer.

Route de Kabylie. — Toujours tout droit.

— On a démoli des bicoques que l’on remplace par des monuments, et la Kabylie n’est pas contente. Ingrate.

— Eh bien ! qu’est-ce qu’il a donc, celui-là ? Tous les habitants de la Kabylie ne sont donc pas pacifiés ?

— Kabyle, mon cher, vous êtes maintenant mon ami ; je vous prierai de vouloir bien me présenter à madame.

Nouvelle construction élevée au sein de la Kabylie, dans le but d’amener la ruine complète des Kabyles.
Dumanet voyant avec plaisir qu’il n’aura pas à essuyer les plâtres dans les forts de la Kabylie, les Arabes se chargeant de faire sécher les murs.

— Nom d’un petit bonhomme ! faut bien que les Kabyles aient des fusils de cette longueur-là pour se promener en équilibre sur leur pays !

— Il doit être très-mal là-haut. Et dire que je vais peut-être me faire casser les reins pour lui prendre sa place !

CHEMIN DE FER ALGÉRIEN.

LE CHEF DE TRAIN. — Messieurs les voyageurs sont priés de se tenir sur la défensive ! Nous allons entrer sur le territoire des Beni-Ratten, tribu très-hostile.

— Kabyle, la France veut t’associer à ses glorieux travaux ! Va chercher du mortier, mon garçon.

Signes certains auxquels les Kabyles ont l’habitude de reconnaître chaque année le retour de la belle saison.