Alphonse Lemerre (p. 149-159).

XVIII

Les Saules, habituellement si pleins de monde, présentaient un aspect inaccoutumé en cet automne de 1845, habités seulement par ces trois personnes, madame de Scudemor, sa fille et Allan de Cynthry, ce jeune homme qu’elle y amenait tous les ans et qu’on aurait pu si aisément prendre pour son fils. Ils n’étaient plus que trois dans ces grands appartements vides, trois à se promener dans les vastes allées du jardin muet. La grille, du côté opposé au marais, ne s’ouvrait plus guère qu’une fois le jour pour laisser passer la calèche de madame de Scudemor, qui allait promener sur les routes avoisinantes une heure ou deux, le soir, au grand intérêt des jeunes filles qui revenaient alors de journée et qui regardaient passer ces trois personnes, belles et pâles, à demi couchées dans la gracieuse gondole de la calèche, balancée sur ses roues étincelantes, à ces rayons soyeux d’un soir si doux d’octobre, en Normandie, que la femme la plus délicatement belle peut les recevoir en plein visage, son voile levé.

Parfois Camille restait au château. Ces jours-là, Allan les bénissait. Il pouvait parler à madame de Scudemor de son amour, car, ainsi qu’on l’a vu, l’intimité entre elle et lui ne pouvait pas exister. L’intimité est chose mystérieuse et retirée. On sent délicieusement qu’elle existe, mais, au dehors, rien ne la manifeste qu’imparfaitement. C’est comme le souffle de l’esprit dans la nature. Cette expansion secrète de deux âmes, silencieuse, invisible, ils ne l’avaient pas ! Mais, à défaut de cette intimité indescriptible dont Allan sentait l’absence avec amertume, il s’efforçait d’en créer une autre plus grossière, mais impuissante et fatale aussi. C’était la connaissance entière, complète de la femme qu’il aimait, l’entente profonde de son âme. Voir ce qu’il y a dans l’Idole, percer ces résistantes ténèbres, dissiper ces restes d’obscurité, — mouvement qui nous emporte tous, intelligence qui se relève d’à genoux où la passion l’avait mise, curiosité insatiable et qui passe toujours outre, entraînant l’amour avec elle quand tous les mystères seront épuisés !

Allan ne savait pas ce qu’il faisait. Il obéissait aux lois d’un sentiment qui veut connaître, parce que connaître, c’est encore posséder ! Mais madame de Scudemor le savait pour lui. Aussi lui livrait-elle toute sa pensée, comme elle lui avait livré sa vie. Elle, dont le je tenait si peu de place dans le monde et dont le langage qu’elle y parlait n’était qu’un lieu commun élégant et effacé, magnifique abstraction achetée, à force de souffrances, impossible à toute autre femme qu’une femme comme elle, elle redevenait personnelle avec son amant, non dans les intérêts de son amour, mais pour en hâter la fin davantage. Elle répondait à toutes les questions d’Allan, s’analysait avec lui minutieusement jusque dans les derniers replis de son âme, parce que c’était se donner encore ; parce que se donner, se donner beaucoup, se donner toujours, c’est provoquer le vaste ennui qui clôt les passions et qui les achève !

C’est ainsi qu’entraînés par des chevaux rapides, comme des sybarites, ces enfants gâtés de la civilisation, ces heureux, ces riches, comme on disait autour d’eux, se promenaient dans leurs nonchalants loisirs au sein d’une des plus belles campagnes du monde. Peut-être, en passant, semaient-ils le murmure dans l’homme de peine courbé dès le matin sur le sillon. Quoique la vie avortât aussi pour eux à être douce et pleine d’aises, quoiqu’ils eussent tous deux sur le front de ces choses qui proclamaient l’égalité devant la douleur et justifiaient la Providence, Yseult, malgré la beauté qui s’exhalait d’elle à ces mélodieuses lueurs du soir dont les rayons la doraient comme une poétique ruine où le lierre attache ses bandeaux de verdure, était plus vieille et plus courbée en réalité que la mendiante assise au tas de cailloux dans le chemin ; et Allan, le beau fils aux formes indécises, encore plus flétri que les mères du village dont les enfants avaient son âge. Tous deux souffraient d’un mal inconnu. Leur contenance était tranquille, leurs attitudes indolentes et abandonnées, mais comme la pauvre femme qui sarclait la terre avec ses ongles, comme l’homme qui faisait boire sa sueur au sillon, ils avaient une tâche à remplir aussi, — quelque rude travail qui brise et épuise, une éternelle journée sous l’œil de Dieu. Ils parlaient ; à peine si on voyait remuer leurs lèvres. Si ces roues éclatantes n’avaient pas fait de bruit en tournoyant, on aurait pu entendre leurs paroles. Paroles éloquentes et harmonieuses mais inintelligibles à ces simples gens de la campagne, comme les étonnants reflets de ces deux fronts que le soleil et le travail corporel n’avaient pas ternis, il s’y retrouvait quelque chose de si humain, de si familier à tous ceux d’ici-bas, que sans comprendre cette douleur ils l’auraient pourtant soupçonnée, et l’humanité qui se serait reconnue aurait étouffé son Raca.

— Yseult, — lui disait Allan dans ces promenades, — vous m’avez bien raconté votre vie, mais vous ne m’avez pas dit ce qui a suivi votre dernier amour. Vous, dont la force avait d’abord été si grande, tombâtes-vous d’un seul trait dans l’abîme où vous voilà descendue ? Lorsque cet amour vous eut trahie, est-ce que vous n’avez pas lutté encore ? N’y eut-il rien, dans cette vie dépouillée, à quoi vous pûtes vous reprendre ? Je ne sais que l’amour, je ne sais que toi, mon Yseult ! mais ils disent que l’amour trahi a encore de nobles refuges, — l’amour maternel et l’amitié aux plus faibles, aux plus fortes natures la pensée, et Dieu pour tous, — pour vous et pour nous aussi…

— Dieu ! — répondait l’athée misérable, la grande morte à Dieu comme à la vie, en baissant ses yeux de marbre comme si elle avait voulu se soustraire à cette grande idée de Dieu, écrite dans les horizons infinis où le soleil lentement mourait. — Dieu ! c’est une parole haute et grave. Je l’ai souvent aux lèvres comme s’il y avait dans cette parole une consolation secrète, et je ne sais pas si elle cache autre chose que de la lâcheté ou de l’ignorance. Cette idée de Dieu resta toujours pour moi vague et flottante. Elle n’endormit pas une seule de mes douleurs. À force d’asservissement à des pratiques, bonnes quand le cœur s’y intéresse, mauvaises quand il est occupé ailleurs, ne m’avait-on pas, dès mon enfance, fait prendre la religion en dégoût ? Ne voyant qu’un but à la vie, — le bonheur dans l’amour, — j’avais aimé avec furie, et, dans les prodigalités de mon âme, j’avais épuisé tous mes parfums sur des pieds mortels. Je n’avais point de cendres d’affections consumées à donner à ce Dieu mendiant qui se contente de haillons d’amour, s’il est vrai toutefois qu’il les mendie ! Le sentiment religieux n’est que le besoin d’un appui, cette éternelle faiblesse qui tient l’homme si cruellement en servage, et à laquelle nous avons donné tant de noms pour n’en pas rougir. Cette faiblesse, j’en avais eu ma part, j’en avais été la victime. Elle était si grande en moi, Allan, que je glissai à terre et n’allongeai pas machinalement mes bras lassés, pour saisir ce roseau qui toujours échappe ! Quand j’avais été le plus malheureuse, quand les passions m’avaient le plus blessée, j’avais voulu roidir ma poitrine à l’encontre des coups. J’avais pensé à faire de la force… Souvent une larme, que le cœur n’avait pu ravaler, sillonnait de sa trace brûlante le masque de bronze que je m’étais mis, et j’aurais donné ma beauté pourque cette larme n’eût pas coulé, même dans la solitude où je la cachais. Je me serais coupé les boucles ondoyantes de ma chevelure pour étancher tout ce sang qui dégorgeait de mes blessures. Je m’appuyais sur mon orgueil, et je regardais, sur le mur, comme cette attitude m’allait bien ! À cette heure, j’aurais pu, sans nul doute, m’appuyer sur cette idée de Dieu comme je m’appuyais sur l’orgueil. Mais depuis, l’une et l’autre devinrent inutiles. La nature humaine criait quartier et le destin fut implacable. De tout cet altier stoïcisme, il ne resta pas un lambeau à la femme pour cacher la nudité de son orgueil humilié. Le mépris de moi-même me saisit, mépris superbe et d’un rire farouche qui mourut à mes lèvres comme une dernière réclamation des fiertés vaincues… Je ne demandai plus rien à mon âme, à la vie. Dieu, n’est-ce pas la vie acceptée ou maudite ? N’est-ce pas une idée de notre âme ?… Je n’avais pas besoin de Dieu et je n’y pensai même pas !

— Et l’amitié ? — dit Allan.

— L’amitié ! — reprenait madame de Scudemor, — je l’avais toujours méprisée, quand mon cœur possédait plus qu’elle. Depuis, je la méprisai encore davantage. Sentiment bâtard et égoïste, c’est le plus souvent l’accouplement de deux vanités qui se donnent le bras tour à tour. C’est un arrangement pour la vie. Grand hasard quand de misérables dissentiments, ou des opinions puériles, ou des intérêts bien grossiers, ne déchirent pas l’emphytéose ! L’amour est égoïste aussi, je le sais, mais, du moins, il transpose son moi dans un autre moi ! Il le déplace. L’amitié garde le sien tout entier, et ne le déplace qu’en cessant d’être. Sans doute, on meurt pour son ami, on souffre pour son ami ; mais pour qui ne peut-on pas mourir, et que prouve une souffrance isolée ? Mais accepter tous les défauts du caractère, toutes les aberrations de l’esprit, aimer malgré les supplices de la vanité, malgré les mépris de l’intelligence, aimer malgré l’ennui de tous les jours, voilà ce que l’amitié ne fait pas ! Quelle supériorité ne gâte pas ces relations combinées pour le pur bien-être ? Supériorité d’esprit, de beauté, de santé, de richesse, et jusque de services rendus, toutes lui sont funestes ou mortelles. Ne dit-on pas qu’il faut, pour que l’amitié puisse exister, qu’il y ait entre les esprits et les caractères certains angles rentrants et sortants qui se tiennent et s’agencent ensemble ? Qu’est-ce à dire, sinon que l’amitié n’a pas d’existence qui lui soit propre ? Elle en a si peu qu’elle prend à l’amour les mots qui l’expriment, et, comme si elle avait honte de l’imposture, elle ne parle jamais en son nom. Deux amis se serrent la main quand ils se rencontrent et écrivent « à toi » au bas de leurs lettres, mais que se disent-ils pendant toute leur vie ? Ils s’entretiennent de leurs intérêts mutuels, et jamais de leur sentiment. Ce sont des confidences qui se croisent, quand elles n’empiètent pas les unes sur les autres. Mais tout beau sentiment est exclusif, et quelle âme fut jamais assez petite ou assez grande pour vivre seulement d’amitié ?

Lorsque j’avais été heureuse, je ne me soulageais pas de mon bonheur en l’épanchant dans le sein d’une amie. Je le contenais bien dans mon cœur. Il était assez vaste pour cela. Lorsque le malheur m’atteignit, je ne jetai mes larmes à la tête de personne. L’égoïsme qui veut intéresser par ses souffrances et qui jouit de l’intérêt qu’il inspire, je ne l’avais plus. Qu’aurai-je trouvé autour de moi ? De la curiosité qui interroge, en mettant l’ongle dans la blessure ; ou la plainte qui n’est qu’une flatterie et l’ennui qui passe à travers. D’ailleurs, je vous l’ai dit, Allan, j’aurais vu la consolation dans l’amitié, que j’avais perdu l’instinct des appuis.

Quant à l’affection maternelle, mon dernier amour l’avait emportée après l’avoir flétrie. Je n’ai jamais beaucoup aimé Camille. Si vous avez souffert de quelques caresses faites à cette enfant, vous savez maintenant pourquoi je les fis, ces caresses que le cœur ne réchauffait plus. Lorsque j’aurais pu aimer Camille, je n’aimais qu’Octave, et cette enfant qui venait perpétuellement se poser entre nous deux m’avait infligé de trop grands supplices !… Si je vous ai dit qu’un jour l’idée de Camille m’avait empêchée de me tuer, c’était même peut-être parce que je ne l’aimais pas. On se reproche de ne pas aimer, et l’on devient généreux… Mais cette générosité ne dura pas plus que cette idée du suicide qui suppose la force du lâche, la force de fuir, la force d’échapper ! J’en étais arrivée à la torpeur de la faiblesse. Par faiblesse, j’agis comme les plus mâles courages. L’abattement me tint lieu de résistance, et je me supportai vivre parce que, dans l’écroulement universel des facultés de mon âme, il m’était aussi indifférent de vivre que de mourir.

— Oh ! malheureuse ! malheureuse ! — disait Allan épouvanté. — Et vous, ne vous êtes-vous jamais sentie un seul instant moins infortunée ? Jamais, à quelque moment vers le soir, en présence de cette belle et calme nature, la main sur l’épaule de votre fille, vous n’avez relevé les yeux du sentier pour regarder le ciel dont la sérénité fortifie ? Jamais, en voyant l’horizon purifié des nuages de la soirée, vous ne vous êtes répété, comme un vieux refrain d’espérance : allons, il fera beau demain !

— Non, Allan, non ! — répondait Yseult, — le malheur et l’amour m’ont voilé la nature. Le droit d’asile dans ce vaste temple n’existait plus pour moi. On s’habite soi-même avant d’habiter la nature. Ce moi fatal vient toujours vous arracher aux contemplations les plus douces, et la mort seule éteint cette personnalité acharnée et la fond au sein de toutes choses. Mais, avant la mort, la Nature est impuissante et les poètes n’ont souffert qu’à moitié. Oh ! Allan, quand on a vu le visage humain — la plus grande merveille de ce monde et aussi la plus adorée — s’altérer par degrés jusque dans votre souffle qui voudrait l’éterniser, le tendre regard qui exprimait l’amour s’hébéter tout à coup d’indifférence, la Nature, désormais, est muette, et comme Œdipe, dans le poète grec, on peut s’arracher les yeux avec les agrafes de son manteau. Qu’importe que les étoiles rayonnent là-haut ou s’y flétrissent, puisque les seuls astres auxquels on croyait sont perdus !

Voilà pourquoi, Allan, je ne me suis pas retirée du monde. J’ai achevé de vivre à la place où j’avais vécu, — et je n’ai pas fui, parce que partout je me serais emportée avec moi. J’étais trop malheureuse pour rien affecter, et je pris ma part de cette vie oisive et insignifiante de salon, qui ne me pesait pas plus qu’autre chose puisque j’étais absolument désintéressée de tout. Croyez-moi, Allan, on se fait très vite à tous ces détails extérieurs de l’existence, qui sont d’une gêne insupportable quand on est jeune et passionnée. Je les acceptai sans répugnance, parce que je n’avais rien de mieux à leur préférer. Une visite à rendre, une soirée à passer chez les autres ne me coûtaient pas, et j’allais. Je ne m’enfermais pas tête-à-tête avec ma douleur, parce que je n’en avais pas le culte. Je ne pensais pas non plus à m’en distraire, parce que je ne pouvais pas être une autre que moi. Il y a des gens qui se souillent les cheveux de cendre et portent le deuil de leur bonheur. Ils peuvent être vrais, et je ne les condamne ni ne les accuse. — Il y en a d’autres, au contraire, qui blanchissent les dehors du sépulcre, et ils peuvent être vrais encore. J’avais été de ces derniers ; mais si je détachai, plus tard, ma couronne de dédains du front pour lequel elle n’avait été qu’une visière de casque faussée, j’y laissai par indifférence les frivoles ornements de la femme.

Ce que le monde était pour moi, les livres aussi me le furent. J’étais née avec des facultés assez puissantes, mais on ne m’avait appris que le catéchisme dans mon enfance, et, quand je quittai le couvent, j’étais déjà trop passionnée pour cultiver mon esprit. Si, une fois malheureuse, je me jetai aux livres qui ne me furent pas une ressource, ce fut pour me sortir de dessous le poids de mes premiers souvenirs… Les livres furent bientôt repoussés. Depuis, les souffrances me forcèrent à penser, mais ce que je sais, mon pauvre Allan, la douleur seule me l’a appris ! Hélas ! en ceci mon histoire est celle de toutes les femmes, ces sauvages de la civilisation, qui n’ont pour toute éducation vraie que celle des besoins et de la douleur. Comme les livres n’avaient pas trouvé place dans les folles agitations de ma jeunesse, je ne songeai pas à les ouvrir aux jours de l’abandon. Je les parcourais d’un œil détaché. Quelque génie qu’ils attestassent, je ne m’en émeuvais pas, et je ne les jugeais que comme une preuve de force d’esprit, une difficulté vaincue. Je n’avais pas les grandes sympathies de la pensée. Ces hommes de génie qu’on admire, que pouvaient-ils médire, Allan ? Peignaient-ils le bonheur ? j’avais le bonheur de ma vie qui faisait ombre sur leurs tableaux ! Était-ce la peine qu’ils s’efforçaient de retracer ? cette peine, je la convoitais avec amertume comme un bien hors de ma portée, car elle était plus belle et plus poétique que la mienne ! Vous voyez, Allan, que j’en savais plus long qu’eux !

Elle eût parlé ainsi bien du temps avant qu’Allan eût songé à l’interrompre, et souvent la voiture s’arrêtait devant le château qu’il regrettait cette promenade trop tôt finie où, assise devant lui, elle racontait chaque détail de son âme et le faisait saillir à ses regards. Alors, il lui prenait au cœur un tel respect pour le malheur de cette femme, que la passion qui devait le ressaisir deux heures après lui semblait incompréhensible… Elle avait, en se révélant toute entière à son jeune amant, la simplicité forte d’une âme sincère. Ses mélancoliques paroles n’étaient pas prononcées avec mélancolie. Si elle posait sa joue sur sa main, gantée de ce blanc lisse et glacé qui faisait ressortir la nuance de citron mûr de cette joue d’un si gracieux ovale encore, c’était distraction ou négligence, mais cette tête ne fléchissait pas. Le jour qui n’est plus qu’une soirée, et que tout pleure sous le ciel, glissait sur elle sans vague tristesse. Le soleil couchant, puissance vaincue comme la douleur qui avait déteint sur son âme, jaunissait de son or ces prunelles qui le réverbéraient sans sourciller, mais n’y laissait pas d’autre trace. Contre l’air brumeux des marais qui s’élevait elle avait entortillé son cou et ses épaules de cette fourrure qu’on appelait alors un boa, et ce boa de martre, replié autour d’elle, ressemblait au serpent rassasié de la vie, qui s’était endormi autour de sa victime sans avoir pu s’en détacher…