Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 15/Géométrie élémentaire, article 9

GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.

Démonstration élémentaire de la propriété de minimum
dont jouissent le périmètre du carré et la surface du cube,
parmi les parallélogrammes rectangles de même surface,
et les parallélipipèdes rectangles de même volume ;

Par M. L. C. Bouvier, ex-officier du génie, ancien élève
de l’école polytechnique.
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I. Soit le côté d’un carré donné, sa surface sera et son périmètre

Si l’on nie que ce périmètre soit minimum entre ceux des rectangles de même surface, il faudra admettre qu’il existe un rectangle équivalent au carré donné ayant un périmètre moindre que le sien. Soient les deux dimensions de ce rectangle, sa surface sera et son périmètre et l’on devra avoir

En vertu de si et sont inégaux, ils ne pourront être ni tous deux plus grands ni tous deux plus petits que d’un autre côté, l’un d’eux ne pourra être égal à puisqu’alors l’autre devrait l’être aussi ; il faudra donc que l’un soit plus grand et l’autre plus petit que Si donc on suppose on devra avoir et l’on pourra poser étant

Cette valeur de substituée dans l’équation, donnera substituant ensuite les valeurs de et dans l’inégalité, elle deviendra, en divisant par chassant le dénominateur et transposant,

ou

conclusion absurde qui prouve la vérité de la proposition que nous voulions démontrer.

Il est facile d’en conclure qu’à l’inverse de tous les rectangles de même périmètre le carré a le maximum de surface ; car, en admettant que la surface d’un certain rectangle pût excéder celle d’un carré de même périmètre ; on n’aurait qu’à construire un rectangle semblable à et équivalent à et ce rectangle se trouverait d’un moindre périmètre que contrairement à ce qui vient d’être démontré.

II. Soit l’arête d’un cube donné ; son volume sera et sa surface Si l’on nie que cette surface soit minimum parmi celles des parallélipipèdes rectangles équivalens au cube dont il s’agit, il faudra admettre qu’il existe un parallélépipède rectangle, équivalant au cube donné, ayant une surface moindre que la sienne. Soient les trois dimensions de ce parallélipipède ; son volume sera, et sa surface et l’on devra avoir

En vertu de si, comme on le suppose, les trois quantités ne sont pas égales entre elles et conséquemment à il y en aura au moins une plus grande et une autre plus petite que En effet, on n’en saurait d’abord supposer deux égales à puisqu’alors la troisième devrait l’être aussi ; et si l’on en supposait une seule égale à on retomberait dans le cas discuté ci-dessus, et conséquemment des deux restantes, l’une devrait être plus grande et l’autre plus petite que On voit d’ailleurs que l’on ne saurait les supposer ni toutes trois plus grandes ni toutes trois plus petites que Enfin, si l’on en supposait deux plus grandes que la troisième, par compensation, devrait être plus petite ; et si, au contraire, on en supposait deux plus petites, la troisième, par compensation, devrait être plus grande.

Soient donc

nous pourrons poser

et étant des nombres plus grands que l’unité.

Ces valeurs, substituées dans l’équation, donneront substituant ensuite les valeurs de dans l’inégalité, elle deviendra, en divisant par

ou, en chassant les dénominateurs et transposant,

ou encore

conclusion absurde, qui prouve la vérité de la proposition que nous avons annoncée.

Il est facile d’en conclure qu’à l’inverse de tous les parallélippèdes rectangles de même surface le cube a le minimum de volume ; car, en admettant que le volume d’un certain parallélipipède rectangle put excéder celui d’un cube de même surface ; on n’aurait qu’à construire un parallélipipède rectangle semblable à et équivalent à et ce parallélipipède se trouverait d’une moindre surface que contrairement à ce qui vient d’être démontré.

M. Lhuilier, dans son ouvrage De relatione mutuâ capacitatis, etc., a démontré le même théorème, tant géométriquement qu’algébriquement ; mais, comme il le déduit d’un autre plus général, sa démonstration est naturellement beaucoup plus longue et plus compliquée ; aussi n’a-t-elle aucun rapport avec celle-ci.