Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 15/Géométrie élémentaire, article 3

QUESTIONS RÉSOLUES.

Démonstration du dernier des théorèmes énoncés
à la page
 392 du XIV.e volume des Annales ;

M. Stein, professeur de mathématiques au gymnase
de Trèves, ancien élève de l’école polytechnique,
Et M. Querret, ancien chef d’institution.
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THÉORÈME. Soit un polygone plan quelconque, dont les sommets consécutifs soient et soient respectivement les milieux des côtés consécutifs Soient en outre les milieux respectifs des diagonales

Par les points soient menées des parallèles à une droite fixe, de direction arbitraire. Soient me+ nées ensuite coupant la première de ces parallèles en puis coupant la seconde en ensuite coupant la troisième en et ainsi du reste, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à mener coupant en la parallèle conduite par Si alors, entre les parallèles à la droite fixe, conduites par et prises pour directions de côtés opposés, on construit un parallélogramme, dont les deux autres côtés opposés, de direction d’ailleurs arbitraire, passent par et ce parallélogramme sera équivalent au polygone proposé[1].

Démonstration. Pour rendre la démonstration de ce théorème plus intelligible, nous la renfermerons dans la résolution des deux problèmes suivans :

PROBLÈME I. étant donné un pentagone composé d’un parallèlogramme et d’un triangle qui ont un côté commun, transformer ce pentagone en un parallélogramme équivalent dont un côté soit un quelconque des deux autres côtés du triangle, et dont le côté adjacent soit dirigé suivant le côté du parallélogramme primitif adjacent à ce même côté du triangle ?

Solution. Soit le pentagone (fig. 12) formé du parallélogramme et du triangle ayant le côté commun, et proposons-nous de transformer ce pentagone en un parallélogramme dont soit un des côtés et dont un autre côté soit dirigé suivant

Pour cela, par le milieu du côté et le milieu du côté du pentagone soit menée une droite concourant en avec la parallèle à et menée par le milieu du côté Alors, en menant par une parallèle à rencontrant respectivement et la parallèle menée à cette droite par le point en et le parallélogramme sera le parallélogramme demandé, équivalent au pentagone

Démonstration. Soit menée la droite terminée en et à la rencontre des prolongemens de et Par le point et par le milieu de soit menée une droite coupant en en et en soit enfin menée coupant en

Parce que et sont les milieux respectifs de et la droite est parallèle à et par conséquent le quadrilatère est un parallélogramme. Ce parallélogramme est équivalent au triangle puisqu’il a même base et une hauteur moitié de la sienne.

Parce que et sont les milieux respectifs de et la droite est parallèle à et par conséquent le quadrilatère est un parallélogramme. Ce parallélogramme est aussi équivalent au triangle puisqu’il a même base et une hauteur moitié de la sienne.

Les deux parallélogrammes et se trouvant ainsi équivalens à un même triangle sont aussi équivalens entre eux, et la figure est aussi un parallélogramme.

Les deux parallélogrammes et étant compris entre les mêmes parallèles sont entre eux dans le rapport de leurs bases et ou dans le rapport de à ou encore, à cause des parallèles, dans le rapport de à

Les deux parallélogrammes et étant compris entre les mêmes parallèles, sont entre eux dans le rapport de leurs bases et ou, ce qui revient au même, dans le rapport de à

Donc, à cause du rapport commun de à les deux parallélogrammes et sont entre eux respectivement comme les deux parallélogrammes et puis donc que et sont équivalens entre eux et au triangle les deux parallélogrammes et doivent aussi être équivalens.

Donc le parallélogramme total doit être équivalent au parallélogramme total mais ce dernier est équivalent au pentagone proposé donc le premier doit aussi lui être équivalent.

PROBLÈME II. Transformer un polygone rectiligne donné quelconque en un parallélogramme équivalent qui ait pour un de ses côtés un quelconque des côtés du polygone, et dont les deux côtés adjacens à celui-là soient parallèles à une droite donnée ?

Solution. Soient (fig. 13) les sommets consécutifs du polygone proposé, et supposons qu’il soit question de le transformer en un parallélogramme équivalent dont soit un des côtés et dont un autre côté se terminant en soit parallèle à une droite donnée.

Soit menée la droite indéfinie parallèle à la droite donnée. Joignons les milieux respectifs des côtés par une droite se terminant en à et en à sa parallèle conduite par le parallélogramme sera équivalent au triangle Représentons ce parallélogramme par

En lui ajoutant le triangle on formera le pentagone que l’on pourra (Problème I) transformer en un nouveau parallélogramme ayant pour un de ses côtés et un autre côté dirigé suivant désignons ce nouveau parallélogramme par

En lui ajoutant le triangle sn formera un second pentagone que l’on pourra également (Problème I) transformer en un parallélogramme ayant pour un de ses côtés, et un autre dirigé suivant

En continuant de la même manière, on sera finalement conduit à construire un parallélogramme équivalant au polygone proposé, ayant pour un de ses côtés, et un autre côté dirigé suivant ainsi qu’il était requis.

Remarque. C’est à justifier cette construction que se réduit le théorème proposé ; lequel se trouve ainsi démontré par ce qui précède.

  1. Ce théorème est dû à M. Ch. Sturm.
    J. D. G.