Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Pierres de croix

PIERRES DE CROIX

On observe, dans quelques-uns des faisceaux ou groupes cristallisés des schorls, une disposition dans leurs aiguilles à se barrer et se croiser les unes les autres en tout sens, en toute direction et sous toutes sortes d’angles. Cette disposition a son plein effet dans la pierre de croix, qui n’est qu’un groupe formé de deux ou quatre colonnes de schorl, opposées et croisées les unes sur les autres ; mais ici, comme dans toute autre forme, la nature n’est point asservie à la régularité géométrique ; les axes des branches croisées de cette pierre de croix ne se répandent presque jamais exactement ; ses angles sont quelquefois droits, mais plus souvent obliques ; il y a même plusieurs de ces pierres en losange, en croix de saint André : ainsi, cette forme ou disposition des colonnes, dont cette cristallisation du schorl est composée, n’est point un phénomène particulier, mais rentre dans le fait général de l’incidence oblique ou directe des rayons du schorl les uns sur les autres : les prismes dont les branches de la pierre de croix sont formées sont quadrangulaires, rhomboïdaux, et souvent deux de leurs bords sont tronqués. On trouve communément ces pierres dans le schiste micacé[1], et la plupart paraissent incrustées de mica : peut-être même ce mica est-il entré dans leur composition et en a-t-il déterminé la forme, car cette pierre de croix est certainement un schorl de formation secondaire.

Mais il ne faut pas confondre ce schorl pierre de croix avec la macle, à laquelle on a donné quelquefois ce même nom, et que plusieurs naturalistes regardent comme un schorl, car nous croyons qu’elle appartient plutôt aux pétrifications des corps organisés.


Notes de Buffon
  1. Lettres du docteur Demeste, p. 279 et suiv.