Élégies et Sonnets/Lut, compagnon de ma calamité…

XII


Lut, compagnon de ma calamité,
De mes soupirs témoin irreprochable,
De mes ennuis controlleur veritable,
Tu as souuent avec moy lamenté :

Et tant le pleur piteus t’a molesté,
Que commençant quelque son delectable,
Tu le rendois tout soudein lamentable,
Feingnant le ton que plein auoit chanté.

Et si tu veux efforcer au contraire,
Tu te destens et si me contreins taire :
Mais me voyant tendrement soupirer,

Donnant fauueur à ma tant triste pleinte,
En mes ennuis me plaire suis contreinte,
Et dous mal douce fin espérer.