William Shakespeare (Victor Hugo)/Préface

A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, éditeurs (p. iii-iv).


Le vrai titre de cet ouvrage serait : À propos de Shakespeare. Le désir d’introduire, comme on dit en Angleterre, devant le public, la nouvelle traduction de Shakespeare, a été le premier mobile de l’auteur. Le sentiment qui l’intéresse si profondément au traducteur ne saurait lui ôter le droit de recommander la traduction. Cependant sa conscience a été sollicitée d’autre part, et d’une façon plus étroite encore, par le sujet lui-même. À l’occasion de Shakespeare, toutes les questions qui touchent à l’art se sont présentées à son esprit. Traiter ces questions, c’est expliquer la mission de l’art ; traiter ces questions, c’est expliquer le devoir de la pensée humaine envers l’homme. Une telle occasion de dire des vérités s’impose, et il n’est pas permis, surtout à une époque comme la nôtre, de l’éluder. L’auteur l’a compris. Il n’a point hésité à aborder ces questions complexes de l’art et de la civilisation sous leurs faces diverses, multipliant les horizons toutes les fois que la perspective se déplaçait, et acceptant toutes les indications que le sujet, dans sa nécessité rigoureuse, lui offrait. De cet agrandissement du point de vue est né ce livre.


Hauteville-House, 1864.