Albert Glatigny, Le Compliment à Molière : à-propos en un acte 1872


LE COMPLIMENT


À MOLIÈRE
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Une toile d’attente.



Scène première.


LA SOUBRETTE, puis LE SCAPIN.


Au lever du rideau, la scène est occupée par des machinistes qui placent des fleurs et des panneaux décoratifs.


LA SOUBRETTE, entrant.

Qu’on se remue ! Allons, mettez
En l’air toute la friperie !
Çà, que la maison soit fleurie
De la cave au grenier. Ôtez
Les housses des fauteuils ! Qu’on ouvre
À deux battants ! Que l’on découvre
Les lustres ivres de clartés :
Gaiement.
Ce soir, messieurs, c’est fête au Louvre !

Çà, du zèle ! qu’à son miroir
Sourie encore Célimène.
Et vous, là-haut, qu’on se démène !
Qu’Alceste au fond de son tiroir
Rentre ses chagrins ! Que l’on aime !
Nous chantons ce soir un poëme
Qui devra sentir son terroir
De vieille Gaule et de Bohême !

LE SCAPIN, entrant,

Des fleurs partout ! Malgré l’hiver
Nous saurons bien en faire éclore.
Il nous en faut, encore ! encore !
Avec des musiques dans l’air,
Avec des chansons amoureuses !
Et toi, Danse, il faut que tu creuses
De ton pied prompt comme l’éclair
Le sol des Tempés bienheureuses !

Dépêchons-nous ! Que notre main
Enroule de folles guirlandes ;
Près des ifs, que le pin des Landes
Jette son ombre au vert chemin
Cher à la Muse vagabonde ;
Surtout que la lumière abonde !
Croissez, rose, laurier, jasmin,
En frais bouquets pour tout le monde !


Scène II.

LE MONSIEUR, LA SOUBRETTE, LE SCAPIN.
LE MONSIEUR.

Quelle animation inusitée ! Holà !
Jusqu’au souffleur qui souffle en habit de gala.
Que veut dire… ?

UN MACHINISTE passe et le heurte.

Que veut dire… ? Pardon !

LE MONSIEUR.

Que veut dire… ? Pardon ! Ne vous gênez pas. Faites.