Vyāsa, Le Mahâbhârata antiquité indienne

Traduction Hippolyte Fauche 1863



LE MAHÂ-BHÂRATA

POÈME SANSCRIT




ADI-PARVA



Honorez d’abord Narâyana, et Nara, le plus éminent des hommes, et la Déesse Sarasvatî ; ensuite, récitez ce poème, qui donne la victoire !

Un jour, le rejeton de Soûta, Ougraçravas, fils de Lomaharshana et versé dans les Pourânas, se rendit chez les Brahmarshis aux vœux parfaits, doucement assis dans le sacrifice de douze années, que célébrait le chef de famille Çâaunaka au sein de la forêt Nêmisha. Le petit-neveu de Soûta s’inclina devant eux avec modestie ; et, pour écouter de merveilleuses histoires, les anachorètes d’environner cet hôte, arrivé dans l’hermitage des habitants du bois Nêmisha. Les mains réunies en coupe, il salua tous ces vertueux solitaires, et, traité par eux avec honneur, il s’informa des progrès de leur pénitence. Après que tous les anachorètes se furent assis, le Lomaharshanide gagna d’un air modeste le siège, qu’on lui désigna ; mais, quand ils le virent assis lui-même à son aise et délassé, un d’eux prit la parole et lui demanda quelques récits : « D’où viens-tu, rejeton de Soûta ? en quel pays as-tu passé le temps ? Réponds, brahme aux yeux de lotus, à cette question de moi ? » 1-7.

Le Lomaharshanide, ainsi interrogé, de parler avec décence et vérité. Ougraçravas, qui avait le talent de la parole, tint en cette nombreuse assemblée de saints anachorètes ce langage assorti à leur caractère :

« Dans le sacrifice des serpents, qu’offrit le magnanime Djanamédjaya, le rishi des rois, Krishna-Dwaîpâyana jadis a raconté exactement différentes histoires bien pures en la présence même de Pârîkshita, le roi des rois : ce sont elles, qui furent ensuite fidèlement répétées par Vaîçampâyana. J’ai ouï raconter moi-même ces histoires de natures diverses, réunies dans le Mahâ-Bhârata ; et, quand j’eus visité de nombreux et renommés tîrthas, je suis allé dans ce lieu saint, hanté des anachorètes, et, nommé le Champ-de-bataille-de-tous, où fut livré jadis le combat des Kouravas et des Pândouides et de tous les souverains. Le désir de visiter vos saintetés m’a conduit en cet hermitage. Tous, vous êtes vénérables à mes yeux, je vous regarde tous comme entièrement unifiés avec l’Être absolu ; vous avez tous une grande part à ce sacrifice, vous qui possédez la splendeur du soleil ou du feu. Purifiés par les ablutions, vos prières récitées, vos oblations versées dans le feu sacré, brahmes, que vous dirai-je, tandis que vous êtes là tranquillement assis sur vos sièges ? Est-ce de saints récits, qui ont pour fondement les Pourânas, qui ont pour base l’intérêt et le devoir, c’est-à-dire, l’histoire des monarques et des magnanimes rishis ? » 8-16.

« Ce que nous désirons entendre, c’est l’histoire, qui fut racontée jadis par Dwaîpâyana, le plus grand des pénitents, répondirent les anachorètes, et dont le récit, écouté par les Dieux et les Brahmarshis, en reçut les applaudissements. C’est la sainte collection de l’œuvre admirable de Vyâsa, conforme aux quatre Védas, le meilleur des récits, composé de