Adolphe Orain, De la vie à la mort 1897


DE LA VIE A LA MORT
FOLK-LORE DE L’ILLE-ET-VILAINE

CHAPITRE PREMIER


La Naissance, le Baptême, les Relevailles, les Nourrices

Lorsqu’une femme ressent les douleurs de l’enfantement, on va aussitôt chercher, avant de prévenir le médecin, une vieille matrone qui a l’habitude de soigner les femmes en couches. Il y en a généralement une dans chaque village. C’est à elle que le médecin remet l’enfant. Elle lui fait sa première toilette et l’enveloppe dans ses langes.

C’est aussi cette femme qui est chargée de soigner la malade et de porter l’enfant à l’église pour le baptême. Elle est alors suivie du compère et de la commère qui se donnent le bras comme pour une noce.

Le père et quelques proches parents suivent par derrière.

La cérémonie religieuse achevée, tout le monde se rend dans les divers cabarets du bourg, et dans ceux situés le long de la route. Ils y restent fort longtemps et ne rentrent souvent que très tard au milieu de la nuit, même par les plus grands froids de l’hiver.

Hommes et femmes sont presque toujours en état d’ivresse et alors les accidents ne sont pas rares.

Un jour, la porteuse d’un enfant nouveau-né posa ce dernier sur la table d’un cabaret pour boire plus à son aise. Près de l’enfant était un pain de six livres enveloppé dans une serviette.

Après de nombreuses tournées de café et de petits verres, lorsque la matrone se leva pour partir, elle crut prendre l’enfant et s’empara du pain.

De retour au village, la mère inquiète leur cria, lorsqu’ils entrèrent dans la maison :

— Donnez-moi donc bien vite ma petite fille que je la réchauffe, elle doit être morte de froid.

— Non, non, dit la vieille, elle est bien tranquille et dort profondément. Et elle passa le pain de six livres à la malade.

— Que me donnez-vous-là ? dit la mère