Voz yeux plus prompts qu’esclairs, plus subtils que la foudre

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 233).


SONNET.

 
Voz yeux plus prompts qu’eſclairs, plus ſubtils que le foudre,
 Plus beaux que le Soleil, pls parfaits que les Cieux :
 Plus forts que la Nature, & plus grands que les Dieux,
 Sont les buchers ardents qui me mettent en pouldre :
Or pouldre de voz yeux vous me verrez diſſouldre
 En atomes biâiſans par le vuide ocieux,
 Puis aſſembler par ſort vn rond harmonieux,
 Grand monde eſclos d’vn corps qu’on avoit veu reſouldre
Lors ce tout eſtonné d’un compagnon ſi beau,
 Ouurira de regret le Cahos ſon tombeau,
 Et s’enſeueliſſant perdra votre memoire :
Belle, ne craignez point, ſi mon embraſement
 Me peut rendre immortel, vn ſeul embraſſement
 Vous peut rendre immortelle au monde de ma gloire.


A. D. V.