Virelays, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 112-113).

XI


En ce printemps gracieux
D’estre gai suis envieux,
Tout a l’onnour
De ma dame, qui vigour
De ses doulz yeulz
Me donne, dont par lesquielx
Vifs en baudour.

Toute riens fait son atour
De mener joye a son tour,
Bois et préz tieulx
Sont, qu’ilz semblent de verdour
Estre vestus et de flour
Et qui mieulx mieulx.

Oysiaulx chantent en maint lieux ;
Pour le temps délicieux
Et plein d’odour
Se mettent hors de tristour
Joennes et vieux ;
Tous meinent et ris et jeux[1]
Ou temps paschour,[2]
En ce printemps gracieux.

Et moy n’ay je bien couleur[3]

D’estre gay, quant la meilleur,
Ainsi m’aist Dieux,[4]
Qui soit, je sers sanz erreur,
N’a autre je n’ay favour,
Car soubz les cieulx

N’a dame ou biens soient tieulx ;[5]
Si doy estre curieux
Pour sa valour
D’elle servir sanz sejour,
Car anieux[6]
Ne pourroit estre homs mortieulx
De tel doulçour
En ce printemps gracieux.

  1. XI. — 19 B T. m. r. et gieux
  2. — 20 B Ou t. pastour
  3. — 22 B Et m. en ay je c.
  4. XI. — 24 A1 Ami se m’a. D.
  5. — 28 B ou b. sont t.
  6. — 32 A1 C. en mieulx