Vie de Tolstoï/Le combat était terminé

Hachette (p. 194-205).


Le combat était terminé, le combat de quatre-vingt-deux ans, dont cette vie avait été le champ. Tragique et glorieuse mêlée, à laquelle prirent part toutes les forces de la vie, tous les vices et toutes les vertus. — Tous les vices, hors un seul, le mensonge, qu’il pourchassa sans cesse et traqua dans ses derniers refuges.

D’abord, la liberté ivre, les passions qui s’entrechoquent dans la nuit orageuse qu’illuminent de loin en loin d’éblouissants éclairs, — crises d’amour et d’extase, visions de l’Éternel. Années du Caucase, de Sébastopol, années de jeunesse tumultueuse et inquiète… Puis, la grande accalmie des premières années du mariage. Le bonheur de l’amour, de l’art, de la nature, — Guerre et Paix. Le plein jour du génie, qui enveloppe tout l’horizon humain et le spectacle de ces luttes, qui pour l’âme sont déjà du passé. Il les domine, il en est maître ; et déjà elles ne lui suffisent plus. Comme le prince André, il a les yeux tournés vers le ciel immense qui luit au-dessus d’Austerlitz. C’est ce ciel qui l’attire :

Il y a des hommes aux ailes puissantes, que la volupté fait descendre au milieu de la foule, où leurs ailes se brisent : moi, par exemple. Ensuite, on bat de son aile brisée, on s’élance vigoureusement, et l’on retombe de nouveau. Les ailes seront guéries. Je volerai très haut. Que Dieu m’aide[1] !

Ces paroles sont écrites, au milieu du plus terrible orage, celui dont les Confessions sont le souvenir et l’écho. Tolstoï a été plus d’une fois rejeté sur le sol, les ailes fracassées. Et toujours il s’obstine. Il repart. Le voici qui plane dans « le ciel immense et profond », avec ses deux grandes ailes, dont l’une est la raison et l’autre est la foi. Mais il n’y trouve pas le calme qu’il cherchait. Le ciel n’est pas en dehors de nous. Le ciel est en nous. Tolstoï y souffle ses tempêtes de passions. Par là il se distingue des apôtres qui renoncent : il met à son renoncement la même ardeur qu’il mettait à vivre. Et c’est toujours la vie qu’il étreint, avec une violence d’amoureux. Il est « fou de la vie ». Il est « ivre de la vie ». Il ne peut vivre sans cette ivresse[2]. Ivre de bonheur et de malheur, à la fois. Ivre de mort et d’immortalité[3]. Son renoncement à la vie individuelle n’est qu’un cri de passion exaltée vers la vie éternelle. Non, la paix qu’il atteint, la paix de l’âme qu’il invoque, n’est pas celle de la mort. C’est celle de ces mondes enflammés qui gravitent dans les espaces infinis. Chez lui, la colère est calme[4], et le calme est brûlant. La foi lui a donné des armes nouvelles pour reprendre, plus implacable, le combat que, dès ses premières œuvres, il ne cessait de livrer aux mensonges de la société moderne. Il ne s’en tient plus à quelques types de romans, il s’attaque à toutes les grandes idoles : hypocrisies de la religion, de l’État, de la science, de l’art, du libéralisme, du socialisme, de l’instruction populaire, de la bienfaisance, du pacifisme[5]. Il les soufflette, il s’acharne contre elles.

Le monde voit, de loin en loin, de ces apparitions de grands esprits révoltés, qui, comme Jean le Précurseur, lancent l’anathème contre une civilisation corrompue. La dernière de ces apparitions avait été Rousseau. Par son amour de la nature[6], par sa haine de la société moderne, par sa jalouse indépendance, par sa ferveur d’adoration pour l’Évangile et pour la morale chrétienne, Rousseau annonce Tolstoï, qui se réclamait de lui : « Telles de ses pages me vont au cœur, disait-il, je crois que je les aurais écrites[7]. »

Mais quelle différence entre les deux âmes, et comme celle de Tolstoï est plus purement chrétienne ! Quel manque d’humilité, quelle arrogance pharisienne, dans ce cri insolent des Confessions de l’homme de Genève :

Être éternel ! Qu’un seul te dise, s’il l’ose : Je fus meilleur que cet homme-là !

Ou dans ce défi au monde :

Je le déclare hautement et sans crainte : quiconque pourra me croire un malhonnête homme est lui-même un homme à étouffer.

Tolstoï pleurait des larmes de sang sur les « crimes » de sa vie passée :

J’éprouve les souffrances de l’enfer. Je me rappelle toute ma lâcheté passée, et ces souvenirs ne me quittent pas, ils empoisonnent ma vie. On regrette d’ordinaire que l’on ne garde pas le souvenir après la mort. Quel bonheur qu’il en soit ainsi ! Quelle souffrance ce serait, si, dans cette autre vie, je me rappelais tout le mal que je commis ici-bas[8] !…

Ce n’est pas lui qui eût écrit ses Confessions, comme Rousseau, parce que, dit celui-ci, « sentant que le bien surpassait le mal, j’avais mon intérêt à tout dire[9] ». Tolstoï, après avoir essayé, renonce à écrire ses Mémoires ; la plume lui tombe des mains : il ne veut pas être un objet de scandale pour ceux qui le liront :

Des gens diraient : Voilà donc cet homme que plusieurs placent si haut ! Et quel lâche il était ! Alors, à nous, simples mortels, c’est Dieu lui-même qui ordonne d’être lâches[10].

Jamais Rousseau n’a connu de la foi chrétienne la belle pudeur morale, l’humilité qui donne au vieux Tolstoï une candeur ineffable. Derrière Rousseau, — encadrant la statue de l’île aux Cygnes — on voit Saint-Pierre de Genève, la Rome de Calvin. En Tolstoï, on retrouve les pèlerins, les innocents, dont les confessions naïves et les larmes avaient ému son enfance.

Mais, bien plus encore que la lutte contre le monde, qui lui est commune avec Rousseau, un autre combat remplit les trente dernières années de la vie de Tolstoï, un magnifique combat entre les deux plus hautes puissances de son âme : la Vérité et l’Amour.

La Vérité, — « ce regard qui va droit à l’âme », — la lumière pénétrante de ces yeux gris qui vous percent… Elle était sa plus ancienne foi, la reine de son art.

L’héroïne de mes écrits, celle que j’aime de toutes les forces de mon âme, celle qui toujours fut, est, et sera belle, c’est la vérité[11].

La vérité, seule épave, surnageant du naufrage, après la mort de son frère[12]. La vérité, pivot de sa vie, roc au milieu de la mer…

Mais bientôt, « la vérité horrible[13] » ne lui avait plus suffi. L’Amour l’avait supplantée. C’était la source vive de son enfance, « l’état naturel de son âme[14] ». Quand vint la crise morale de 1880, il n’abdiqua point la vérité, il l’ouvrit à l’amour[15].

L’amour est « la base de l’énergie[16] ». L’amour est la « raison de vivre », la seule, avec la beauté[17]. L’amour est l’essence de Tolstoï mûri par la vie, de l’auteur de Guerre et Paix et de la lettre au Saint-Synode[18].

Cette pénétration de la vérité par l’amour fait le prix unique des chefs-d’œuvre qu’il écrivit, au milieu de sa vie, — nel mezzo del cammin, — et distingue son réalisme du réalisme à la Flaubert. Celui-ci met sa force à n’aimer point ses personnages. Si grand qu’il soit ainsi, il lui manque le : Fiat lux ! La lumière du soleil ne suffit point, il faut celle du cœur. Le réalisme de Tolstoï s’incarne dans chacun des êtres, et, les voyant avec leurs yeux, il trouve, dans le plus vil, des raisons de l’aimer et de nous faire sentir la chaîne fraternelle qui nous unit à tous[19]. Par l’amour, il pénètre aux racines de la vie.

Mais il est difficile de maintenir cette union. Il y a des heures où le spectacle de la vie et ses douleurs sont si amers qu’ils paraissent un défi à l’amour, et que, pour le sauver, pour sauver sa foi, on est obligé de la hausser si loin au-dessus du monde qu’elle risque de perdre tout contact avec lui. Et comment fera celui qui a reçu du sort le don superbe et fatal de voir la vérité, de ne pouvoir pas ne la point voir ? Qui dira ce que Tolstoï a souffert du continuel désaccord de ses dernières années, entre ses yeux impitoyables qui voyaient l’horreur de la réalité, et son cœur passionné qui continuait d’attendre et d’affirmer l’amour !

Nous avons tous connu ces tragiques débats. Que de fois nous nous sommes trouvés dans l’alternative de ne pas voir, ou de haïr ! Et que de fois un artiste, — un artiste digne de ce nom, un écrivain qui connaît le pouvoir splendide et redoutable de la parole écrite, — se sent-il oppressé d’angoisse au moment d’écrire telle ou telle vérité[20] ! Cette vérité saine et virile, nécessaire au milieu des mensonges modernes, des mensonges de la civilisation, cette vérité vitale, semble-t-il, comme l’air qu’on respire… Et puis l’on s’aperçoit que cet air, tant de poumons ne peuvent le supporter, tant d’êtres affaiblis par la civilisation, ou faibles simplement par la bonté de leur cœur ! Faut-il donc n’en tenir aucun compte et leur jeter implacablement cette vérité qui tue ? N’y a-t-il pas, au-dessus, une vérité qui, comme dit Tolstoï, « est ouverte à l’amour ? » — Mais quoi ! peut-on pourtant consentir à bercer les hommes avec de consolants mensonges, comme Peer Gynt endort, avec ses contes, sa vieille maman mourante ?… La société se trouve sans cesse en face de ce dilemme : la vérité, ou l’amour. Elle le résout, d’ordinaire, en sacrifiant à la fois la vérité et l’amour.

Tolstoï n’a jamais trahi aucune de ses deux Fois. Dans ses œuvres de la maturité, l’amour est le flambeau de la vérité. Dans les œuvres de la fin, c’est une lumière d’en haut, un rayon de la grâce qui descend sur la vie, mais ne se mêle plus avec elle. On l’a vu dans Résurrection, où la foi domine la réalité, mais lui reste extérieure. Le même peuple, que Tolstoï dépeint, chaque fois qu’il regarda les figures isolées, comme très faible et médiocre, prend, dès qu’il y pense d’une façon abstraite, une sainteté divine[21]. — Dans sa vie de tous les jours, s’accusait le même désaccord que dans son art, et plus cruellement. Il avait beau savoir ce que l’amour voulait de lui, il agissait autrement ; il ne vivait pas selon Dieu, il vivait selon le monde. L’amour lui-même, où le saisir ? Comment distinguer entre ses visages divers et ses ordres contradictoires ? Était-ce l’amour de sa famille, ou l’amour de tous les hommes ?… Jusqu’au dernier jour, il se débattit dans ces alternatives.

Où est la solution ? — Il ne l’a pas trouvée. Laissons aux intellectuels orgueilleux le droit de l’en juger avec dédain. Certes, ils l’ont trouvée, eux, ils ont la vérité, et ils s’y tiennent avec assurance. Pour ceux-là, Tolstoï était un faible et un sentimental, qui ne peut servir d’exemple. Sans doute, il n’est pas un exemple qu’ils puissent suivre : ils ne sont pas assez vivants. Tolstoï n’appartient pas à l’élite vaniteuse, il n’est d’aucune église, — pas plus de celle des Scribes, comme il les appelait, que de celles des Pharisiens de l’une ou l’autre foi. Il est le type le plus haut du libre chrétien, qui s’efforce, toute sa vie, vers un idéal qui reste toujours plus lointain[22].

Tolstoï ne parle pas aux privilégiés de la pensée, il parle aux hommes ordinaires — hominibus bonæ voluntatis. — Il est notre conscience. Il dit ce que nous pensons tous, âmes moyennes, et ce que nous craignons de lire en nous. Et il n’est pas pour nous un maître plein d’orgueil, un de ces génies hautains qui trônent dans leur art et leur intelligence, au-dessus de l’humanité. Il est — ce qu’il aimait à se nommer lui-même dans ses lettres, de ce nom le plus beau de tous, le plus doux, — « notre frère ».

Janvier 1911.
  1. Journal, à la date du 28 octobre 1879 (trad. Bienstock. Voir Vie et Œuvre), — Voici le passage entier, qui est des plus beaux :

    « Il y a dans ce monde des gens lourds, sans ailes. Ils s’agitent, en bas. Parmi eux, il y a des forts : Napoléon. Ils laissent des traces terribles parmi les hommes, sèment la discorde, mais rasent toujours la terre. — Il y a des hommes qui se laissent pousser des ailes, s’élancent lentement et planent : les moines. — Il y a des hommes légers qui se soulèvent facilement et retombent : les bons idéalistes. — Il y a des hommes aux ailes puissantes… — Il y a des hommes célestes, qui, par amour des hommes, descendent sur la terre en repliant leurs ailes, et apprennent aux autres à voler. Puis, quand ils ne sont plus nécessaires, ils remontent : Christ. »

  2. « On peut vivre seulement pendant qu’on est ivre de la vie. » (Confessions, 1879.)

    « Je suis fou de la vie… C’est l’été, l’été délicieux. Cette année, j’ai lutté longtemps ; mais la beauté de la nature m’a vaincu. Je me réjouis de la vie ». (Lettre à Fet, juillet 1880.) — Ces lignes sont écrites en pleine crise religieuse.

  3. Dans son Journal, à la date d’octobre 1865 :

    « La pensée de la mort… » « Je veux et j’aime l’immortalité. »

  4. « Je me grisai de cette colère bouillonnante d’indignation que j’aime en moi, que j’excite même quand je la sens, parce qu’elle agit sur moi, d’une façon calmante, et me donne, pour quelques instants au moins, une élasticité extraordinaire, l’énergie et le feu de toutes les capacités physiques et morales. » (Journal du prince D. Nekhludov, Lucerne, 1857).
  5. Son article sur la Guerre, à propos du Congrès universel de la paix, à Londres, en 1891, est une rude satire des pacifistes, qui croient à l’arbitrage entre nations :

    « C’est l’histoire de l’oiseau qu’on prend, après lui avoir mis

    un grain de sel, sur la queue. Il est tout aussi facile de le prendre d’abord. C’est se moquer des gens que de leur parler d’arbitrage et de désarmement consenti par les États. Verbiage que tout cela ! Naturellement, les gouvernements approuvent : les bons apôtres ! Ils savent bien que cela ne les empêchera jamais d’envoyer des millions de gens à l’abattoir, quand il leur plaira de le faire. (Le royaume de Dieu est en nous, chap. vi.)
  6. La nature fut toujours « le meilleur ami » de Tolstoï, comme il aimait à dire :

    « Un ami, c’est bien ; mais il mourra, il s’en ira quelque part, et on ne pourra le suivre, tandis que la nature à laquelle on s’est uni par l’acte de vente ; ou qu’on possède par héritage, c’est mieux. Ma nature à moi est froide, rebutante, exigeante, encombrante ; mais c’est un ami qu’on gardera jusqu’à la mort ; et quand on mourra, on y entrera. » (Lettre à Fet, 19 mai 1861. Corresp. inéd., p. 31.)

    Il participait à la vie de la nature, il renaissait au printemps ; (« Mars et Avril sont mes meilleurs mois pour le travail. » — À Fet, 23 mars 1877), il s’engourdissait à la fin d’automne (« C’est pour moi la saison la plus morte, je ne pense pas, je n’écris pas, je me sens agréablement stupide. » — À Fet, 21 octobre 1869).

    Mais la nature qui lui parlait intimement au cœur, c’était la nature de chez lui, celle de Iasnaïa. Bien qu’il ait, au cours de son voyage en Suisse, écrit de fort belles notes sur le lac de Genève, il s’y sentait un étranger ; et ses liens avec la terre natale lui apparurent alors plus étroits et plus doux :

    « J’aime la nature, quand de tous côtés elle m’entoure, quand de tous côtés m’enveloppe l’air chaud qui se répand dans le lointain infini, quand cette même herbe grasse que j’ai écrasée en m’asseyant fait la verdure des champs infinis, quand ces mêmes feuilles qui, agitées par le vent, portent l’ombre sur mon visage, font le bleu sombre de la forêt lointaine, quand ce même air que je respire fait le fond bleu clair du ciel infini, quand je ne suis pas seul à jouir de la nature, quand, autour de moi, bourdonnent et tournoient des millions d’insectes et que chantent les oiseaux. La jouissance principale de la nature, c’est quand je me sens faire partie du tout. — Ici (en Suisse), le lointain infini est beau, mais je suis sans liens avec lui. » (Mai 1857.)

  7. Entretiens avec M. Paul Boyer (Le Temps, 28 août 1901).

    De fait, on s’y tromperait souvent. Soit à cette profession de foi de Julie mourante :

    « Ce qu’il m’était impossible de croire, je n’ai pu dire que je le croyais, et j’ai toujours cru ce que je disais croire. C’était tout ce qui dépendait de moi. »

    À rapprocher de la lettre de Tolstoï au Saint-Synode :

    « Il se peut que mes croyances gênent ou déplaisent. Il n’est pas en mon pouvoir de les changer, comme il n’est pas en mon pouvoir de changer mon corps. Je ne puis croire autre chose que ce que je crois, à l’heure où je me dispose à retourner vers ce Dieu, dont je suis sorti. »

    Ou bien ce passage de la Réponse à Christophe de Beaumont, qui semble du pur Tolstoï :

    « Je suis disciple de Jésus-Christ. Mon Maître m’a dit que celui qui aime son frère a accompli la Loi. »

    Ou encore :

    « Toute l’oraison dominicale tient en entier dans ces paroles : Que Ta volonté soit faite ! » (Troisième lettre de la Montagne.)

    À rapprocher de :

    « Je remplace toutes mes prières par le Pater Noster. Toutes les demandes que je puis adresser à Dieu sont exprimées avec plus de hauteur morale par ces mots : Que Ta volonté soit faite ! » (Journal de Tolstoï, au Caucase, 1852-53.)

    Les ressemblances de pensée ne sont pas moins fréquentes sur le terrain de l’art que sur celui de la religion :

    « La première règle de l’art d’écrire, dit Rousseau, est de parler clairement et de rendre exactement sa pensée. »

    Et Tolstoï :

    « Pensez ce que vous voudrez, mais de telle façon que chaque mot puisse être compris de tous. On ne peut rien écrire de mauvais dans une langue tout à fait claire. »

    J’ai montré ailleurs que les descriptions satiriques de l’Opéra de Paris, dans la Nouvelle Heloïse, ont beaucoup de rapports avec les critiques de Tolstoï, dans Qu’est-ce que l’art ?

  8. Journal, 6 janvier 1903 (cité dans la Préface de Tolstoï à ses Souvenirs, 1er  volume de Vie et Œuvre de Tolstoï, publié par Birukov).
  9. Quatrième Promenade.
  10. Lettre à Birukov.
  11. Sébastopol en mai 1855.
  12. « La vérité,… la seule chose qui me soit restée de ma conception morale, la seule chose que j’accomplirai encore. » (17 octobre 1860.)
  13. Ibid.
  14. « L’amour pour les hommes est l’état naturel de l’âme, et nous ne le remarquons pas. » (Journal, du temps qu’il était étudiant à Kazan.)
  15. « La vérité s’ouvrira à l’amour… » (Confessions, 1879-81.)

    — « Moi qui plaçais la vérité dans l’unité de l’amour… » (Ibid.)

  16. « Vous parlez toujours d’énergie ? Mais la base de l’énergie, c’est l’amour, dit Anna, et l’amour ne se donne pas, à volonté » (Anna Karénine, ii, p. 270).
  17. « La beauté et l’amour, ces deux raisons de vivre. » (Guerre et Paix, ii, p.285.)
  18. « Je crois en Dieu, qui est pour moi l’Amour. » (Au Saint-Synode, 1901.)

    — « Oui, l’amour !… Non l’amour égoïste, mais l’amour tel que je l’ai éprouvé, pour la première fois de ma vie, lorsque j’ai aperçu à mes côtés mon ennemi mourant, et que je l’ai aimé… C’est l’essence même de l’âme. Aimer son prochain, aimer ses ennemis, aimer tous et chacun, c’est aimer Dieu dans toutes ses manifestations !… Aimer un être qui nous est cher, c’est de l’amour humain, mais aimer son ennemi, c’est presque de l’amour divin !… » (Le prince André, mourant, dans Guerre et Paix, iii, p. 176.)

  19. « L’amour passionné de l’artiste pour son sujet est le cœur de l’art. Sans amour, pas d’œuvre d’art possible. » (Lettre de septembre 1889. — Leo Tolstoïs Briefe 1848 bis 1910, Berlin, 1911.)
  20. « J’écris des livres, c’est pourquoi je sais tout le mal qu’ils font… » (Lettre de Tolstoï à P.-V. Vériguine, chef des Doukhobors, 21 novembre 1897, Corresp. inéd., p. 241.)
  21. Voir la Matinée d’un Seigneur, — ou, dans les Confessions, la vue extrêmement idéalisée de ces hommes simples, bons, contents de leur sort, tranquilles, ayant le sens de la vie, — ou, à la fin de la deuxième partie de Résurrection, cette vision « d’une humanité, d’une terre nouvelle », qui apparaît à Nekhludov, quand il croise des ouvriers qui reviennent du travail.
  22. « Un chrétien ne saurait être moralement supérieur ou inférieur à un autre ; mais il est d’autant plus chrétien qu’il se meut plus rapidement sur la voie de la perfection, quel que soit le degré sur lequel il se trouve, à un moment donné : en sorte que la vertu stationnaire du pharisien est moins chrétienne que celle du larron, dont l’âme est en plein mouvement vers l’idéal, et qui se repent sur sa croix. » (Plaisirs Cruels, trad. Halpérine-Kaminsky.)