Une Crise à Vienne

LA CRISE MINISTÉRIELLE À VIENNE.

« Nous sommes toujours au même point, à l’état de douce anarchie, » disait naguère, dans une conversation intime, un homme politique de Vienne. Le mot est d’une piquante justesse, et les événemens de ce mois lui donnent une illustration toute nouvelle. Depuis le commencement de décembre en effet, cette anarchie chronique s’accentue plus fortement, sans rien perdre toutefois de son indolence et de ses alanguissemens un peu pédantesques. On était à la veille d’une nouvelle session législative, et l’empereur François-Joseph revenait dans ses états après son voyage en Orient. Les ministres, réunis en conseil, élaborèrent, non sans peine, le discours du trône, et l’empereur, en souverain constitutionnel, le prononça solennellement à l’ouverture du Reichsrath. Cependant, le lendemain même, les ministres s’aperçurent qu’ils n’étaient d’accord ni sur le sens, ni sur la portée de cette harangue officielle. Cinq membres du cabinet cisleithan adressèrent alors un mémoire à l’empereur : ils y traçaient un programme de gouvernement (un programme après le discours du trône !) et offraient leur démission, si leurs idées ne devaient point être agréées. Les trois autres membres du cabinet aimèrent mieux offrir leur démission sans phrase et sans mémoire, et mettre ainsi leurs collègues au défi d’exécuter un programme impossible. Le dissentiment devint public et la dignité du gouvernement y gagna peu, l’on s’en doute. Interpellés au sein d’une commission du Reichsrath sur l’insurrection qui sévit dans une des provinces de l’empire, en Dalmatie, le ministre de l’intérieur renvoyait ingénument les curieux au président du conseil « comme préposé tout spécialement à la défense du pays. » De son côté, le président du conseil ne s’est pas fait faute de rejeter sur son collègue de l’intérieur la responsabilité de la déplorable conduite tenue par le gouvernement en face de la « grande démonstration ouvrière. » Cette démonstration avait eu lieu en violation flagrante de la loi, au mépris des autorités et du respect dû à la représentation du pays. Trente mille « travailleurs, » en grande partie composés d’étrangers (des Suisses et des Prus- N siens) et conduits par un agitateur venu de Berlin, s’étaient donné rendez-vous à la porte du parlement, le jour même de l’ouverture du Reichsrath. Une pétition monstre fut présentée qui, entre autres choses, demandait l’abolition de l’armée, et contenait au surplus la menace que les travailleurs reviendraient « en plus grand nombre et aviseraient aux moyens, » si leurs justes griefs demeuraient sans satisfaction. Le gouvernement ne fit rien pour prévenir cette audacieuse infraction aux lois, et, au lieu de renvoyer les meneurs à Berlin et à Berne, il eut même la bonhomie d’accepter de leurs mains la pétition pour en délibérer ! Sur ces entrefaites se leva le soleil du 21 décembre, jour anniversaire de la proclamation de la constitution. A entendre les journaux allemands de Vienne et les ministres ultra-allemands du cabinet cisleithan, cette constitution, qui ne date que de deux ans, a déjà poussé des racines indestructibles dans le pays, elle est le palladium de l’Autriche, elle fait le bonheur et la joie de ses peuples ; y changer une virgule serait la ruine de la monarchie. Journaux et ministres s’accordèrent cependant pour ne point fêter ce glorieux anniversaire, et pour déconseiller toute manifestation joyeuse : comme certaine divinité du monde antique, la constitution du 21 décembre devait être adorée sans qu’on prononçât son nom. C’est qu’en effet cette charte de 1867 est loin de plaire à la grande majorité des pays cisleithans, et qu’en célébrant l’anniversaire on aurait provoqué infailliblement des contre-manifestations formidables dans toutes les provinces slaves de l’empire. Le silence des peuples fat cette fois la leçon d’une constitution. Le Reichsrath, lui aussi, aima mieux se recueillir en prenant des vacances de Noël, et à l’heure qu’il est la « douce anarchie » reçoit bénignement les félicitations du nouvel an. Les ministres continuent à se renvoyer réciproquement leurs portefeuilles ; les « travailleurs » continuent d’organiser leur paresse, et les plaisantins de Vienne, confondant à dessein les genres, ont fini par appeler du nom de grève ministérielle la récente crise de leur régime parlementaire.

La crise, à vrai dire, n’est point tout à fait récente, elle date de loin, elle a son origine dans la manière même dont fut établi le régime parlementaire en 1867. Pour l’expliquer, il faut remonter jusqu’à cette catastrophe de Sadowa qui a définitivement englouti l’ancien ordre de choses créé par MM. de Bach et de Schmerling et donné naissance au nouvel empire austro-hongrois. Appelé à l’œuvre difficile de réorganiser la monarchie après-une calamité effroyable, — « placé devant une caisse vide et sommé de faire des affaires, — comme dit alors un fin diplomate, — M. de Beust reconnut très judicieusement la nécessité d’un accord complet avec la Hongrie, et dirigea aussitôt vers ce but tous ses efforts. Le royaume de saint Etienne fut réintégré dans son droit historique et les fils d’Arpad recueillirent, aux applaudissemens du monde entier, les fruits de leur conduite ferme, légale et constitutionnelle. Ce qu’il faut encore plus admirer, c’est que les Magyars ne se sont pas laissé aveugler par leur triomphe à peine espéré ; ils ont profité des leçons de la fatale année 1858, et, devenus libres, ils ont su être justes. Le royaume de Hongrie est à son tour une Autriche bigarrée et polyglotte : il renferme dans son sein des races diverses et des provinces ayant le vif sentiment de leur ancienne autonomie. Le parti Deák tint compte de cette situation, il accorda loyalement l’exercice de ses antiques droits au royaume de Croatie et à la diète d’Agram, ne réservant pour la diète de Pesth que les affaires véritablement communes ; enfin par une « loi des nationalités » largement conçue et sincèrement pratiquée, il donna toute satisfaction, en matière de culte, d’instruction et de justice, aux habitans des pays d’au-delà de la Leisha qui ne parlent pas la langue magyare. Malgré certains tiraillemens qui persistent et persisteront longtemps encore, le parlement de Pesth peut à bon droit se dire la fidèle représentation de tous les peuples réunis sous la couronne de saint Etienne.

Il n’en est pas de même, par malheur, du Reichsrath de Vienne. Dans les pays situés de ce côté de la Leitha, le génie oppresseur des Allemands et l’esprit peu politique des Slaves ont travaillé comme à plaisir, depuis 1867, à créer un état de choses impossible, à perpétuer une anarchie qui n’est « douce » que dans la capitale, mais qui dans les provinces envenime de plus en plus tous les rapports administratifs et sociaux. A mesure qu’avançait, au printemps de l’année 1867, l’œuvre de réconciliation avec la Hongrie, M. de Beust dut songer naturellement à faire reconnaître cet accord par la seconde moitié de l’empire et à doter celle-ci d’institutions parlementaires analogues. Pour aller plus vite en besogne et consolider par cela même à Vienne, auprès du parti allemand, sa situation personnelle encore toute neuve et bien jalousée, M. de Beust ne trouva rien de mieux que de recourir à l’ancienne constitution de M. de Schmerling et de réunir un Reichsrath « restreint, » Sans doute les Slaves eurent raison alors de récriminer contre un expédient qui lésait leurs intérêts, et d’insister sur la convocation d’une constituante véritable ; ils eurent seulement le tort d’accompagner ces plaintes de prétentions exagérées, de programmes fédéralistes impossibles, menaçans pour la Hongrie, et, déboutés dans leurs demandes, ils commirent la faute plus grave encore de renoncer à la lutte parlementaire et de se renfermer dans l’abstention.

C’était faire preuve tout à la fois et de beaucoup de passion et de très peu d’intelligence politique. Au lieu de céder aux emportemens et aux fantaisies des meneurs tchèques, les Slaves auraient mieux fait alors de se rendre aux sollicitations pressantes de M. de Beust, de suivre l’exemple que leur donnaient à ce moment même les Polonais de la Galicie, et d’envoyer malgré tout leurs délégués au Reichsrath « restreint » de Vienne. Unis aux Polonais, aux députés autonomistes du Tyrol et de quelques autres provinces, les Slaves auraient très probablement eu la majorité au sein de ce Reichsrath restreint ; ils y auraient, dans tous les cas, composé une phalange formidable avec laquelle il eût été impossible de ne pas compter sérieusement : la constitution des pays cisleithans eût été alors tout autre que celle que devaient forger, vers la fin de l’année, les Allemands, délivrés de toute entrave et n’écoutant plus que leurs haines et leurs convoitises invétérées. Les Slaves préférèrent répudier solennellement le Reichsrath restreint, tourner le dos à une « constituante dérisoire » et laisser aux Polonais seuls la rude et ingrate tâche de défendre, au nom des pays non germaniques, en face d’une majorité allemande écrasante, les idées d’équité et d’autonomie. Pour comble de folie, les meneurs tchèques imaginèrent vers le même temps (mai 1867) ce fameux pèlerinage à Moscou[1] qui devait être une protestation, une menace à l’adresse des Allemands d’Autriche, et qui n’eut d’autre effet que d’assurer immédiatement à ces Allemands les sympathies de toute l’Europe libérale. Forts de ces sympathies et maîtres absolus du terrain parlementaire dans leur Reichsrath restreint de Vienne, les Allemands bâclèrent une charte qui devait assurer pour toujours leur omnipotence dans les pays de ce côté de la Leitha. On ne tint aucun compte ni de la diversité si grande de ces pays, ni de leurs traditions, de leurs droits historiques, de leurs autonomies séculaires : tout fut sacrifié à la centralisation, au progrès et au libéralisme germaniques. Pour couronner l’œuvre, les Allemands se choisirent un ministère qu’ils voulurent bien nommer « le ministère de toutes les capacités. » Nombre de docteurs y entrèrent en effet, tous nourris du suc de l’alma mater, tous éprouvés de longue date dans des luttes locales avec les Tchèques, les Moraves, Slovènes, etc. Les passions et les haines de clocher furent ainsi ingénieusement transportées au siège suprême du gouvernement ; M. de Beust lui-même dut se retirer dans l’empyrée de sa chancellerie et laisser faire désormais « le cabinet cisleithan ; » — le fameux dualisme pouvait enfin librement fonctionner.

Depuis lors, deux ans se sont écoulés. Tandis qu’en Hongrie tout a marché vers l’entente, l’apaisement et un régime parlementaire véritable, la monarchie cisleithane n’a cessé de présenter le triste spectacle d’une anarchie et d’une désaffection presque générales. Le « ministère de toutes les capacités » s’est montré incapable de résoudre une seule des questions qui intéressent la vie même de l’empire, et les difficultés n’ont fait que s’accumuler sur ses pas. En Galicie, il se trouve en présence de la « résolution » de la diète de Léopold « résolution » qu’on a bien pu laisser traîner dans le Reichsrath de 1869 par une inertie calculée jusqu’au jour de la clôture, mais à laquelle il faudra finir par répondre pendant la session de 1870. En Bohême, toute la pression administrative est impuissante à faire passer un seul candidat ministériel dans les élections partielles auxquelles on est forcé de procéder : sur soixante-dix députés tchèques démissionnaires, les collèges électoraux renvoient exactement soixante-dix députés tchèques qui s’empressent aussitôt de renouveler leur démission, et parmi ces collèges se trouve la capitale même du royaume, la grande ville de Prague ! En Dalmatie, une centralisation impérieuse doublée d’une impéritie administrative à peine croyable finit par provoquer une insurrection sanglante et par compromettre l’honneur des armes autrichiennes. Les résistances, les dangers surgissent ainsi de toutes parts, et ils ne pourront que s’accroître si l’on persiste à marcher dans la même voie. C’est qu’il est impossible d’escamoter longtemps la volonté des nations au moyen d’un pays légal savamment combiné et d’une représentation parlementaire artificielle : personne n’ignore que les Slaves forment l’immense majorité de l’empire des Habsbourg. Il est absurde, dans un siècle d’imprimerie, de journaux et d’instruction primaire, de vouloir détruire le caractère et le sentiment national d’individualités historiques aussi vivaces que la Bohême, la Galicie ou le Tyrol. On aura beau employer tout ensemble les séductions et les armes du libéralisme le plus avancé, on aura beau dénoncer à tout moment aux badauds la « réaction cléricale-fédérale, » on échouera infailliblement dans une pareille tâche. La décentralisation, à laquelle aspirent de nos jours les états même les plus homogènes, est, à plus forte raison, la condition normale et légitime des peuples si divers de race et de langue que protège le sceptre de l’empereur François-Joseph, car, pour employer un mot célèbre de Mme de Staël au sujet de la liberté et du despotisme, en Autriche, c’est l’autonomie qui est ancienne, et c’est la centralisation qui est moderne. Au fond, elle ne date que de la révolution de 1848.

Est-ce à dire que, pour arriver à un accord si désirable, si impérieusement commandé, avec les populations non allemandes de la monarchie cisleithane, il faudrait revenir sur les deux années révolues, bouleverser de fond en comble l’édifice à peine élevé et supprimer la constitution du 21 décembre ? Non assurément. La constitution du 21 décembre doit être maintenue à tout prix ; elle garantit aux peuples d’Autriche des droits très précieux, elle est animée d’un souffle vivifiant et généreux qui ne peut manquer de produire des résultats excellens. Il s’agit seulement d’apporter au pacte de 1867 quelques modifications qui permettent aux Slaves de jouir des bienfaits d’une liberté commune ; il s’agit d’amener de ce côté de la Leitha l’apaisement et la conciliation qui règnent de l’autre côté de ce fleuve. Pourquoi le Reichsrath de Vienne ne ferait-il pas à la Galicie, à la Bohême, la même situation que le parlement de Pesth a su faire à la Croatie ? Pourquoi ne proclamerait-il pas pour la monarchie cisleithane une « loi des nationalités » pareille à celle qui a si bien réussi dans le royaume de Saint-Étienne ? Ce n’est pas certes le royaume de saint Etienne qui crierait au plagiat et y opposerait son veto, car, malgré tout ce qu’on a pu murmurer à Vienne au sujet de certaines connivences entre le comte Andrassy et le docteur Giskra, nous persistons à croire que les Hongrois sont trop intelligens et trop bons politiques pour ne pas souhaiter une Autriche calme et forte. Or l’Autriche n’a qu’un seul moyen de retrouver la tranquillité et la puissance : le discours du trône du 13 décembre vient de l’indiquer d’une manière suffisamment compréhensible, en demandant au Reichsrath d’assurer à la charte de 1867 « cette sanction générale et effective qui, à notre vif regret, lui manque encore à plus d’un égard, » et de prendre en considération « les vœux légitimes des royaumes et des pays de la monarchie qui aspirent à une certaine autonomie. »

Mais, nous l’avons dit, dès le lendemain même de l’ouverture du Reichsrath, le cabinet cisleilhan changea d’idée et de langage. Si nous sommes bien informés, le mémoire mystérieux remis par les cinq ministres repentans s’étend d’abord longuement sur les dangers du « fédéralisme, » en désignant de ce nom redouté toute atteinte portée au principe de la centralisation absolue. Le document passe ensuite à la Galicie et insiste sur l’ombrage que pourrait prendre une grande puissance voisine de toute concession faîte au sentiment polonais. L’argument est on ne peut plus curieux dans la bouche des libéraux, et certes M. de Beust a montré plus de patriotisme autrichien et plus de souci de la dignité de son souverain lorsque, dans un récent entretien avec le prince Gortchakov à Ouchy, il a décliné, dit-on, tout débat au sujet de la Galicie, « ne pouvant pas accepter de discussion sur une question purement intérieure. » Le troisième et dernier point du mémoire des docteurs touche à la nécessité de constituer un « ministère homogène » et proteste en termes très peu voilés contre l’ingérence du chancelier de l’empire dans les affaires cisleithanes ; ce qui reviendrait à confiner M. de Beust dans la sphère des relations extérieures,… comme s’il était possible à un chancelier de l’empire, à l’homme qui répond de la sécurité et du prestige de la monarchie devant l’étranger, de ne pas s’inquiéter de la situation intérieure de cette monarchie, de n’y pas souhaiter partout un état bien ordonné et prospère ! Plus d’une fois, en effet, M. de Beust est intervenu dans la lutte de races qui désole et énerve les pays placés sous le sceptre des Habsbourgs ; déjà au sein du Reichsrath constituant de 1867 il a combattu toutes les folles mesures de centralisation excessive, et depuis lors il n’a négligé aucune occasion de faciliter un accord avec les populations non germaniques. Ces efforts persistans du chancelier de l’empire, au lieu d’exciter la colère des Allemands de Vienne, devraient plutôt toucher leur raison et leur conscience, car enfin M. de Beust ne peut guère leur être suspect. Il n’est ni clérical, ni féodal, ni fédéral, et il n’a pas en lui une seule goutte de sang slave. En fait de quartiers de germanisme sans tache, il pourrait certes en remontrer à M. Giskra. Il vient d’un pays tudesque par excellence : c’est un Saxon ; mais c’est aussi un homme politique éminent, qui, étranger aux haines de clocher, a la noble ambition de reconstituer l’Autriche, et croit indispensable de gagner au nouvel ordre de choses les peuples désaffectionnés de l’empire.

Quand M. de Beust fut mis à la tête du gouvernement de Vienne, bien des gens eurent des appréhensions graves et des méfiances d’ailleurs très explicables. Il semblait impossible qu’un tel homme fût arrivé à un tel poste sans I’arrière-pensée d’une revanche, sans le désir caché et coupable d’amener des complications violentes, de mettre l’Europe en feu, afin de rompre une dernière lance avec l’adversaire triomphant de la veille. Certaines légations, dont c’était l’intérêt, ont soigneusement travaillé à entretenir ces soupçons qui, hier encore, trouvaient de l’écho dans les principaux organes de la presse de France et d’Angleterre. L’attitude prise par M. de Beust dans la lutte des races sur les deux bords de la Leitha n’est-elle donc pas faite pour désarmer les préventions et refouler les calomnies ? M. de Beust aurait pu épouser les haines des ultras de Vienne et se créer par là une popularité facile parmi les « frères allemands » de l’Elbe, du Rhin et de l’Oder ; car, quoi de plus populaire, hélas ! dans la noble Germanie que la guerre faite aux Slaves au nom de la a mission providentielle » et de la civilisation supérieure du Teuton ? Il aurait pu, à l’instar de M. de Schmerling, leurrer la « grande patrie » avec la perspective d’un « empire de 70 millions d’hommes » et devenir l’idole de la démocratie souabe. M. de Beust a dédaigné ces moyens et a mis sous ses pieds les rancunes du passé ; fidèle à la parole donnée dans sa première circulaire comme ministre de François-Joseph, il tient à honneur d’être Autrichien ; il est même plus autrichien que tel docteur cisleithan, car il veut réunir toutes les forces vives de l’empire et donner satisfaction aux divers peuples que la Providence a confiés aux mains des Habsbourgs. Il a inauguré son œuvre par l’accord avec la Hongrie, il veut la couronner par une réconciliation avec les Slaves, et pour atteindre ce but assurément noble et généreux il ne craint pas même les récriminations de ses propres frères allemands… L’opinion éclairée de l’Europe ne peut que tenir compte au chancelier de l’Autriche d’une conduite à la fois si courageuse, si patriotique, si humaine et, dans le vrai sens du mot, libérale. julian klaczko.


  1. Voyez le Congrès de Moscou et la Propagande panslaviste. Revue du 1er septembre 1867.