Un ostracon égyptien


UN OSTRAGON ÉGYPTIEN
PAR
M. EDOUARD NAVILLE


Le musée du Louvre possède dans ses vitrines cinq éclats de pierre calcaire, qui des deux côtés sont recouverts de textes du Livre des Morts. M. Devéria, qui les a décrits et les a classés avec les ostraca^^1, croit que « la rareté ou le prix élevé du papyrus à certaines époques peut expliquer pourquoi l’on s’est servi d’ostraca pour écrire des extraits du livre funéraire » ; et il ajoute : « Ce fait est si rare que nous n’en connaissons pas d’autre exemple. »

Nous avons eu la bonne fortune de trouver dans la belle collection de M. Guimet un ostracon tout à fait semblable à ceux du Louvre, de la même écriture, et provenant vraisemblablement de la même tombe. Mais l’ostracon de M. Guimet a sur ceux du Louvre cette supériorité, c’est qu’il contient un chapitre entier, au lieu de n’avoir que des fragments, et surtout qu’il nous donne le nom du défunt pour lequel il a été écrit.

L’ostracon Guimet est un morceau de pierre calcaire non polie, simplement dégrossie, et qui mesure environ 25 centimètres sur 15. Le texte qui le re-

1 Cat., p. 125. couvre est écrit en gros caractères analogues à ceux des papyrus funéraires de la XVIIIe dynastie, formant un intermédiaire entre les hiéroglyphes et l’écriture hiératique. Sur le côté que nous appellerons A1, par lequel commence le texte, les colonnes sont disposées perpendiculairement à la grande dimension de la pierre, elles sont au nombre de douze ; sur le côté B, elles sont, au contraire, parallèles à la longueur, et il n’y en a que sept. Il devait y avoir une autre pierre pour faire suit 3 à celle-ci, car à la ligne 6 se trouve le commencement d’un nouveau chapitre. Des deux côtés, les colonnes se lisent de droite à gauche.

Le personnage à qui cette pierre était destinée est nommé deux fois, A l. 1 , l’employé royal chargé du grenier, Chemnecht. Un personnage portant le même nom et le même titre nous est connu par une statuette du musée de Miramar-. II n’est pas probable cependant que ce soit le même fonctionnaire ; d’après MM. Le Page Renouf et Bergmann, le monument de Miramar serait de l’époque saïtique, tandis que celui qui nous occupe est certainement beaucoup plus ancien.

Le était un très grand personnage ; nous pouvons en juger d’après un tombeau de l’époque d’Aménophis III, creusé pour l’un de ces fonctionnaires du nom de Chaemha^^3, qui était préposé aux greniers de toute l’Egypte. On voit que ce fonctionnaire faisait rapport directement au roi, et qu’il avait sous son autorité diverses catégories d’employés chargés de faire rentrer les impôts en nature ; ces subordonnés se nommaient et . Chaemha, préposé aux greniers, portait une désignation honorifique qui signifie que la surveillance du pays lui était dévolue ; il se nommait les yeux du roi dans les villes du Mili, et ses oreilles dans les provinces du Nord. Ce titre, qui indique toujours un rang élevé, n’était, pas spécial à l’Egypte ; il y avait aussi à la cour perse les yeux du roi, βασιλέως ὀφθαλμοὶ (basileôs ophthalmoi) et βασιλέως ὦτα (basileôs ôta)

Nous connaissons une autre famille où ce genre d’emploi se trouve plu-

1 Voir les planches, dans lesquelles le monument a été réduit d’un tiers.

2 Bergmann, Hierogl. Inschr. pl. I et II.

3 Leps, Denkm. III, 76 et 77. Prisse Mon. pl. 39-42.

4 Herod, I, 114. Schol. ad. Aristoph. Acharn. 92.
sieurs fois, c’est celle du prêtre Chau, qui, après avoir été intendant des

troupeaux d’Ammou, se rallia au nouveau culte d’Aménophis IV, et eut un emploi analogue dans le temple d’Aten ; l’un de ses fils, Si Isis, devint l’intendant des greniers de tout le pays, tandis que deux de ses frères Apherumès et Thotmès, étaient simples scribes attachés à la même administration^^1.

Il résulte de ces renseignements que le personnage Ghemnecht devait être un komme riche, et que ce n’est probablement pas parce que le papyrus était trop cher qu’il a choisi la pierre pour y faire inscrire un fragment du livre sacré. Il devait y avoir d’autres raisons que l’étude du texte nous permettra peut-être de reconnaître.

Le texte qui recouvre les deux côtés de la pierre se compose d’un chapitre du Livre des Morts et du commencement d’un second. Or ce chapitre, le cxv* du Todtenbuch^^2, est extrêmement rare dans les papyrus des dynasties thébaines ; sur plus de cinquante textes que j’ai collationnés, je ne l’ai trouvé que dans un seiû, de très bonne époque il est vrai, évidemment de la XVIIIe dynastie, mais qui par malheur est réduit à présent à de si petits fragments qu’il est presque impossible d’en faire usage. Ces quelques morceaux déposés à la Bibliothèque nationale ont été écrits pour un personnage nommé , l’ornementeur royal Osiriu. Ce titre doit indiquer un emploi ayant trait à la toilette du souverain ; ce devait être le valet de chambre ou le parfumeur ; sa mère et peut-être aussi sa fille, étaient , la première nourrice, elles avaient donc aussi un emploi dans la maison ; son père s’appelait , Paabi, et un autre parent , Amuma. Ce texte, qui aurait été d’une utilité considérable pour l’intelligence de celui de l’ostracon, ne pourra nous servir que pour un lambau de phrase à la fin du chapitre.

A considérer la rédaction du chapitre cxv, telle qu’elle se trouve sur l’ostracon, il est évident qu’elle est beaucoup plus courte que celle du Todtenbuch. Le chapitre cxv fait partie d’un groupe destiné à nous expliquer par

1 Lieblein, Dict. n° 620 et 641. Baillet, Collection Desnoyers, p. 40.

2 Je désigne sous ce nom le texte de Turin, publié par M. Lepsius, qui n’est certainement pas antérieur à la XXVIe dynastie. des allusions à des faits mythologiques l’origine des cérémonies ou des noms de prêtres de diverses localités. Dans le chapitre cxv, il s’agit de la ville d’Héliopolis , l’une des plus importantes dans l’histoire mythologique. Entre le moment où l’ostracon a été écrit et la date de la rédaction du Todtenbuch, les usages avaient changé, et l’intelligence du texte sacré s’était perdue, comme on peut le constater presque à chaque pas par la comparaison entre le Livre des Morts des dynasties thébaines et celui des rois saïtes ou des Ptolémées. De là ces interpolations perpétuelles, ces notes explicatives, qui bien loin d’aider en quoi que ce soit à comprendre le livre, semblent, au contraire, avoir été écrites dans le dessein d’ajouter encore à son obscurité. Le chapitre cxv est un de ceux qui ont été le plus remaniés par les interprètes de basse époque ; quoique le sens général du morceau soit le même, il est souvent difficile de retrouver comment les phrases correspondent ; et la traduction que M. Goodwin en a tentée d’après le Todtenbuch, ne peut nullement donner l’idée de ce que serait celle du même chapitre d’après un papyrus de la XVIIIe dynastie.

L’étude de l’ostracon Guimet et de ceux du Louvre montre que ce genre de textes était écrit avec une grande rapidité et aussi avec une grande négligence ; il y a des omissions nomLreuses, ce qu’on peut appeler dos fautes d’orthographe. Le texte est bien écrit en hiéroglyphes, l’usage d’écrire le Livre des Morts en hiératique ne s’étant répandu que beaucoup plus tard, à l’époque de la XXIe dynastie. Mais sur les ostraca, le caractère ornemental de l’écriture hiéroglyphique n’a plus de raison d’être ; il est effacé ; il en résulte une absence presque complète de tout ce qui n’est pas indispensable, en particulier des déterminatifs ; les mots sont écrits avec une orthographe phonétique presque pure. Il semble que le scribe ait écrit sous dictée, cherchant à rendre sous une forme quelconque les sons qui parvenaient à son oreille. Je signale en particulier la manière bizarre d’écrire le verbe être, ordinairement écrit , et qui ici dans tous les cas où il est employé revêt la forme de cheper dont je ne connais que peu d’autres exemples. Chose étrange, si nous consultons le papyrus de la Bibliothèque nationale, qui, à l’inverse de l’ostracon, a été copié avec beaucoup de soin et de correction, nous trouvons qu’au chapitre cxv le verbe être dont il nous reste trois exemples, est écrit phonétiquement de même que dans les textes des sarcophages de la XIe dynastie, et comme aussi sur les ostraca du Louvre ; tandis qu’au chapitre XVII, le même verbe est écrit comme d’habitude . Il y a donc là une anomalie qui me ferait croire que le chapitre cxv, celui d’Héliopolis, était un chapitre très ancien, remontant très haut dans l’histoire du texte funéraire, et que plus tard, en le copiant, les scribes ont conservé pour ce chapitre-là une orthographe archaïque qui était plus ou moins tombée en désuétude pour les autres.

C’est peut-être pour la même raison que ce chapitre, ainsi que le chap. xvii, nous est parvenu sur des éclats de pierre. La pierre a dû, être employée à l’écriture bien avant le papyrus ; cette tradition a persisté comme celle de l’orthographe, pour les chapitres les plus anciens, de même que l’usage des instruments de pierre s’est perpétué dans certaines cérémonies religieuses, telles que la circoncision.

Ce qui me fait attribuer cet ostracon à la XVIIIe dynastie, c’est d’abord le caractère ancien du texte, tout à fait semblable à ce qui reste du papyrus de la Bibliothèque nationale

puis l’absence de la qualification d’ d’Osiris devant le nom du défunt, ce qui indique une époque antérieure à la XIXe dynastie.

N’ayant pas de texte ancien complet auquel nous puissions comparer celui de l’ostracon, il est absolument impossible de donner une traduction suivie du chapitre cxv. Nous essayerons cependant d’en donner une idée générale en nous aidant de la rédaction récente.

Le chapitre commence par le titre … connaître les esprits de … le mot d’Héliopolis manque. Nous avons déjà ici un exemple de cette orthographe phonétique que nous signalions au début : le mot esprit, qui est écrit presque toujours , se trouve dans les deux titres de l’ostracon sous la forme et une fois , et se prononçait par conséquent bau. Les esprits d’une localité sont toujours au nombre de trois. Ceux d’Héliopolis sont Ra, Schu et Tefnut.

Suivent les titres et le nom du défunt qui prononce les parole» suivantes : cette phrase aux textes de l’époque du Todtenbuch, par exemple au papyrus hiératique du Louvre appelé papyrus du duc de Luynes, nous voyons que celui qui prononce ces paroles commence par justifier de la connaissance qu’il prétend avoir des esprits d’Héliopolis, par le fait qu’il a été prêtre de cette localité. « J’ai été uàr, dit-il, depuis l’antiquité au milieu des uarii ; » eu d’autres termes, j’ai, dès les âges reculés, fait partie du collège des prêtres d’Héliopolis. On pourrait citer Lien des exemples de cette dénomination de ou appliquée aux prêtres d’Héliopolis et aussi à ceux d’Abydos. J’en citerai seulement un ; c’est le commencement du papyrus Ebers, le grand traité de médecine dont l’auteur nous dit : , j’ai séjourné à On, avec les prêtres du sanctuaire. Parmi les cérémonies sacrées que les prêtres devaient accomplir, il y avait celle de , du dévoilement de la face du dieu ; le prêtre ouvrait la porte du naos qui contenait la divinité, regardait le dieu , et lui offrait des parfums. C’était l’un des uaru qui était spécialement chargé de ce soin, sans doute le grand prêtre, qui de ce fait-là portait le nom de . Cette cérémonie était entourée d’une vénération telle que le roi Piankhi, arrivant en conquérant à Héliopolis, jugea nécessaire de la célébrer lui-même. L’inscription en raconte tous les détails, et il y a en particulier cette phrase : rex ipse stetit sacerdos solus, le roi lui-même tout seul fut l’uar qui s’acquitta de tout ce que prescrivait le rite sacré.

« J’ai été uar dès l’antiquité parmi les uaru », dit le défunt de notre texte. Après l’expression se place un mot assez rare, , dont le sens est obscur. Il se retrouve une fois à la ligne 2, en rouge, comme si c’était une rubrique. Dans le papyrus Ebers, on le voit ti’ois fois à la fin de diverses prescriptions^^1. Sur l’un des ostraca du Louvre contenant le chapitre xvii, nous le trouvons à deux reprises : ainsi l. 71 du Todtenbuch . Enfin je l’ai rencontré deux fois dans des inscriptions d’époque et de caractère très différents^^2. Sur ces quel-

1 Voy. le lexique.

2 Cf. de Bougé, Inscr. hiérogl, I, pi. XXIV. Pierret, Mun. du Louvre, I, p. 17
ques exemples je ne puis hasarder qu’une conjecture. Je considère comme étant un adverbe signifiant aussi, de même, pareillement. Notre phrase voudrait donc dire : fai été uar depuis V antiquité avec les uani et semblable à eux. A la ligne 11 nous traduirions : de même voici que Ra dit, ce qui paraît assez plausible, car à la ligne précédente c’est le personnage mythologique Amhauf qui a parlé. Au chapitre xvii, dans la phrase citée d’après l’ostracon du Louvre, je traduirais : au jour de V enterrement , Ba aussi est enseveli. Des deux mots qui suivent, le premier paraît fautif ; il s’agit du verbe , être, où le n’a rien à faire. Le sens est j’ai été ou je suis né au milieu des êtres. On ne voit pas au premier abord comment cette idée se relie à la précédente. Cependant, si l’on songe que le dieu d’Héliopolis se nomme Tem Chepra , il est possible que le défunt veuille dire que de même qu’il était grand prêtre, il était aussi de la famille ou des suivants du dieu Chepra. Il a été de ses premières créatures.

, j’ai découvert le visage de l’être unique, j’ai ouvert le cercle de la nuit. Puisque le défunt était , il a pratiqué la cérémonie de l’, il est entré vers le dieu pour le voir. Ce dieu qu’il désigne ici par une périphrase, litt. il est seul, c’est le dieu Tem. Le chapitre xvii nous l’apprend par ces mots : .

La seconde partie de la phrase est plus obscure ; il y a littéralement fai ouvert le cercle de la nuit. Il me semble que c’est là simplement une manière recherchée de dire : j’ai fait tomber la lumière sur le dieu en ouvrant la porte de son sanctuaire ; et ce qui me confirme dans cette opinion, c’est cette phrase du chapitre Lxxiir, cette requête que le défunt adresse à Osiris : « Que f arrive, que je le voie, que j’ouvre la porte, que je voie mon père Osiris, et que j’éloigne les ténèbres de mon père Osiris. »

Les mots suivants ne présentent pas de difficultés : Je suis Vun d’entre eux, je connais l’esprit qui est le maître d’On.

A cet endroit, il faut nécessairement s’arrêter court, et renoncer non seulement aune traduction suivie, mais aussi à une paraphrase qui, à défaut de texte parallèle ne serait qu’une suite de conjectures ; le texti^ de l’époque saïte est tellement différent qu’il peut à peine servir pour indiquer le sens général des phrases. Nous rencontrons en premier lieu une défense : , que Tuarma, le grand prêtre ne monte point sur elle ! A quoi cela peut-il se rapporter ? nous l’ignorons ; mais en recourant au texte du Todtenbuch, nous voyons que la tradition religieuse a changé ; nous voyons apparaître un nouveau nom de prêtre, l’, qui n’existe nulle part dans le texte ancien. Parmi les fragments du papyrus d’Osiriu décrit plus haut, se trouve la ligne correspondant à la ligne 4 de la pl. B : elle est ainsi conçue : on lui dira, on l’appellera ou peut-être il deviendra l’uar qui voit son père, il deviendra Vuarma. C’est à cette désignation que finissait le récit du papyrus et de l’ostracon ; à l’époque où le Todtenbuch a été écrit on y avait ajouté tout ce qui concerne le nouveau nom . Il en est ainsi non seulement au chap. cxv, mais même au chap. xliv, où le Todtenbuch mentionne ce prêtre, dans cette phrase, l. 4 : , je suis ton fils, l’uarpehti qui voit tes mystères. Le papyrus Mallet du scribe Bokeuchons de la XXe dynastie nous donne la rédaction suivante : , je suis ton fils Horus, je vois tes mystères. Horus étant par excellence le prêtre chargé du culte des ancêtres, le sens général de la phrase est le même ; mais on peut en conclure aussi que le titre de il n’avait pas encore été adopté. C’est par des faits de cette nature qu’on peut établir la chronologie des papyrus funéraires.

Le reste du chapitre consiste à rapporter à des paroles de Ra ou d’un de ses interlocuteurs, le nom de localités, de cérémonies ou d’objets sacrés. Ces étymologies bizarres sont très fréquentes dans les textes religieux ; plusieurs chapitres du Todtenbuch ne renferment pas autre chose. Je sais, nous dit notre texte, ce qu’a fait la femme bouclée à l’homme qui est devant elle. Cette femme bouclée n’est autre que la déesse Isis, dont il nous est dit, l. 6, qu’elle arrive en barque à Héliopolis. Là-dessus l’auteur nous raconte qu’il s’établit une conversation entre Ra et un personnage mythologique que M. Goodwin considère comme un roi fabuleux ; le Todtenbuch l’appelle Amhauf et notre texte . A ce moment, paraît-il, il régnait une épidémie, une peste. Amhauf dit : Saisis l’épieu… Ensuite c’est Ra qui prend la parole ; il est impossible de comprendre ce qu’il dit, et qui est l’origine des scnnu, litt. des frères, probablement aussi une institution d’Héliopolis ; puis nous revenons par une phrase d’une obscurité impénétrable à la fennne bouclée d’Héliopolis ; , pl. B, l. 1.

Après cela vient un nouveau jeu de mots sur le verbe que le Todtenbuch rend par , « ôte le sechem (le sceptre ou le pilon) de ce temple. Voilà ce que dit Ra, et ce qui est l’origine du qui, à la suite de plusieurs générations, paraît être devenu Vuar qui voit son père et enfin Vuarma. Il semble que nous ayons là la succession des différents noms qu’a portés ce prêtre, noms qui correspondaient peut-être à des emplois aussi différents. En effet, le titre de est celui du grand prêtre de la ville d’Hermopolis dans la Basse-Egypte et d’un prêtre d’Osiris à Thèbes^^1. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il y en eût un aussi à Héliopolis. D’après M. Brugsch, ce titre voudrait dire le prêtre rasé ou tonsuré.

Les derniers mots sont faciles à comprendre : je connais les esprits d’On, Ra, Schu et Tefnut.

De là nous passons à un autre chapitre, ou plutôt à ce qui devait être le commencement d’une série avec un titre général : sortir du ciel et pénétrer dans Vempyrée. La premier chapitre était le cxiv du Todtenbuch : connaître les esprits d’Hermopolis. Ge chapitre, au lieu d’être désigné, comme partout dans les textes funéraires, par le mot , est introduit par le signe , qui dans les papyrus de correspondance sépare les lettres les unes des autres. Il nous reste à peine quelques signes de la première ligne, de sorte qu’il n’y a rien à en tirer, sauf à remarquer l’orthographe extraordinaire du nom d’Hermopolis qui est sans doute fautive.

On peut voir par ces quelques renseignements épars combien l’ancienne

1 Bergmann. Hierogl. Inschr., p. 7.

rédaction du chapitre cxv devait renfermer de faits intéressants sur les prêtres et les institutions sacrées d’Héliopolis, la ville la plus fameuse dans l’histoire mythologique de l’Egypte. Il est d’autant plus regrettable que nous n’ayons pas de rédaction sur papyrus contemporaine de l’ostracon Guimet, et propre à nous faciliter l’intelligence de ce précieux document.

Edouard NAVILLE.