Trois petits poèmes érotiques/La Foutriade/02

Trois petits poèmes érotiquesImprimé exclusivement pour les membres de la Société des bibliophiles, les amis des lettres et des arts galants (p. 6-10).

CHANT DEUXIÈME



SOMMAIRE
Un vaisseau vogue vers l’île des enculeurs. — Il est monté par des putains. — Discours de la maquerelle Vastecon à son régiment de garces. — Frayeur de Bandalaise. — Viferme envoie quatre de ses sujets vers Vastecon. — Interpellations de Foussicoup. — Réponse de la maquerelle. — Son discours aux enculeurs. — Elle les défie aux combats de fornication. — Viferme la baise. — Son plaisir. — Ses paroles à son peuple. — Enlèvement des putains.


De la blanche Phœbé le lumineux croissant
Reflète sur les bois son éclat pâlissant :
Tout repose dans l’île : au loin l’onde écumante
Porte un léger vaisseau vers cette île charmante.
Des femmes que la France écarte de son sein
Le montent. Vastecon, cette franche putain,

Commande en souveraine au bataillon femelle.
Naguère un songe apprit à cette maquerelle
Qu’au sein de l’Océan des hommes inconnus
N’avaient jamais foutu d’autres trous que les culs.
Elle assemble aussitôt dans sa mansarde obscure,
De garces, de putains, une phalange impure,
Et leur parle en ces mots :

Et leur parle en ces mots :« Vous toutes dont les cons
» Du mien depuis longtemps sont les chers compagnons,
» Prête-culs, lèche-vits, branleuses et fouteuses,
» C’est assez dans Paris traîner des jours de gueuses.
» Quels chalants trouvons-nous depuis que le Palais[1]
» Attire dans son seing même jusqu’aux valets ?
» La police nous veille ; et toujours à nos trousses
» Nous défendra bientôt même le don des dousses.
» Plus nous différerons à fuir ces maudits lieux,
» Garces ! plus notre sort deviendra malheureux :
» Partons ! l’honneur l’ordonne : et quoi ! sur cette plage
» Et nos mains et nos cons seraient en esclavage ?
» Non ! fuyons ! sauvons-nous d’un opprobre éternel ;
» Cherchons la liberté sous un plus juste ciel ;
» Cherchons-là dans cette île où d’humaines broquettes
» N’ont jamais dans des cons foutu leurs rouges têtes :
» Oui, c’est là seul qu’enfin nous pourrons librement
» Foutre, branler, lécher, ouvrir le fondement. »

Vastecon a parlé. Les bravos des donzelles
Approuvent bruyamment le coq des maquerelles.

On jure de la suivre ; on la suit, et les flots
Au peuple des putains bientôt prêtent leur dos.
Conouvert sur l’esquif était en sentinelle.
Ses regards sur la mer se portent… Que voit-elle ?
La terre !… ô douce joie !… aux cris de la putain
On accourt, et l’esquif touche la rive enfin.
Alors, non loin de là, le cul de Bandalaise
La veille trop foutu, rendait le foutre à l’aise.
Mais soudain, tout tremblant à l’aspect du vaisseau,
Bandalaise se lève, et d’un agile saut
Se lance vers les lieux où le peuple repose,
Puis de sa juste peur communique la cause.
Chacun tremble. Viferme appelle au même instant
Foussicoup, Fierfouteur, Roidengin, Vibandant.

« Allez, dit-il, allez, enculeurs redoutables,
» Reconnaître l’objet enfoncé dans vos sables.
» Allez, et revenez vers vos fouteurs amis
» Dissiper la frayeur qui fait mollir leurs vits. »

Il se tait. Aussitôt ces hommes intrépides
Vers le bord de la mer portent leurs pas rapides.
Vastecon les a vus. Elle avance vers eux.
Nos fouteurs ont pâli. Plus ferme et courageux
Foussicoup cependant rompt ainsi le silence :

« Quel es-tu ? que veux-tu ? quelle est ton espérance
» En osant apparaître en ces lieux enchanteurs
» Où Viferme gouverne un peuple d’enculeurs ?
» — Je veux, dit la femelle, à l’engin de Viferme,

» Offrir les charmants culs que ce vaisseau renferme…
» Guides-nous donc vers lui. — Suivez-moi. » Vastecon
Réunit à ces mots son rusé bataillon,
Et dès qu’une ancre sûre arrête le navire,
Les femmes vers le roi se font gaîment conduire.
Viferme les reçoit. A l’aspect des putains
Tout le peuple étonné sent frémir ses engins.
Mais Vastecon :

Mais Vastecon :« Amis, vos pines vigoureuses
» Ont trop longtemps foutu des cavités merdeuses.
» En de plus nobles trous, il faut, fiers enculeurs !
» Il faut que vous lanciez vos brûlantes liqueurs.
» Vous seuls ne savez point le plaisir indicible
» Qu’éprouve en nous foutant l’homme le moins sensible.
» C’est pour vous procurer ce plaisir que nos pas
» Ont osé se porter vers vos riants climats.
» Oui, peuples ignorants, oui, sachez qui vous êtes :
» Vous êtes hommes, grâce, oui, grâce à vos broquettes.
» Et nous ! voyez ce trou qu’ombrage un poil épais :
» Reconnaissez la femme et soyez satisfaits.
» Foutez-nous : nos vagins vous ouvrent leurs charnières.
» Foutez-nous : mais cessez d’enfiler des derrières.
» Foutez-nous : c’est ainsi que vous savourerez
» Un plaisir, un bonheur que, seuls, vous ignorez.
» Foutez-nous… quoi ! corbleu !… vous reculez… sauvages !
» Voulez-vous donc mourir avec vos pucelages ?
» Non, non, nous les aurons… si quelqu’un d’entre vous
» Doute des vrais plaisirs qu’on trouve dans nos trous,
» Qu’il s’avance. Voici, voici mon con en lice.
» S’il le fout sans goûter le plus charmant délice,

» Je veux que loin de l’île où pettent vos anus
» Vous nous chassiez soudain à coup de pine aux culs. »

Elle parlait encor que, l’urètre bandante,
Près du con à baiser Viferme se présente.
« C’est moi, dit-il, c’est moi qui te vais enfiler.
» Je bande : Vite donc. Mon foutre va couler. »

La donzelle se couche, écarte chaque cuisse,
Tend le cul, prend le vit, le fout dans sa matrice.
C’est alors que Viferme, à peine respirant,
Par trois fois lève un cul qu’il baisse en soupirant.
Mais il décharge enfin. Un long soupir l’indique.
Il embrasse vingt fois la fouteuse publique.
Et sortant tout à coup de ses amoureux bras :

« Non, femmes, ventrebleu ! vous ne nous fuirez pas.
» Vos cons sont en effet la source des délices.
» J’y veux accoutumer des vits encor novices.
» Oui, peuple, je consens que vous foutiez le trou
» Que la femme se branle où l’homme branle un bout.
» Je consens… » A ces mots, quel risible spectacle !
L’heureux consentement est donné. Plus d’obstacle :
D’une garce soudain chacun charge son dos
Et l’emporte en bandant à l’ombre des ormeaux.
Viferme reste seul avec la mère abbesse
Dont son foutre a déjà mouillé la double fesse.



  1. Palais-Royal.