Traité de la peinture (Cennini)/CLXXI

Traduction par Victor Mottez.
Jules Renouard et L. Lefort (p. 151-152).

CLXXI.Comment on moule un cachet ou une monnaie avec de la pâte de cendre.

Si tu voulais prendre l’empreinte d’un cachet, d’un ducat ou d’une autre monnaie bien parfaite, prends ce moyen et tiens-le pour cher ; il est parfait.

Aie une demi-casserolle d’eau claire ou pleine, comme tu veux. Aie une demi-écuelle de cendres ; jette-les dans la casserolle, et remue avec la main. Tu arrêteras un peu ; avant que l’eau redevienne toute claire, tu jetteras cette eau trouble dans un autre vase. Répète l’opération plusieurs fois, tant qu’il te semble avoir la quantité de cendres qu’il te faut, puis laisse-les reposer tant que l’eau soit claire et que la cendre soit déposée bien au fond. Retires-en l’eau, et sèche la cendre au soleil ou comme tu veux. Puis pétris-la avec du sel délayé dans l’eau, et fais-en comme une pâte. Sur cette pâte tu pourras imprimer des sceaux, des saintes-Hélènes, des figurines, des monnaies et tout ce que tu veux mouler. Quand tu l’as fait, laisse sécher la pâte tranquillement sans feu ni soleil. Puis jette dans ces moules du plomb, de l’argent, ou le métal que tu voudras. Cette pâte est solide, assez pour retenir tout espèce de poids[1].

FIN DU LIVRE.

Prions le Très-Haut, Notre-Dame, saint Jean, saint Luc, évangéliste et peintre, saint Eustache, saint François et saint Antoine de Padoue, qu’ils nous donnent grâce et courage pour soutenir et supporter en paix les charges et fatigues de ce monde ; et à qui étuétudiera ce livre, qu’ils accordent la grâce de bien le comprendre et bien le retenir, afin qu’ils vivent en paix de leur sueur, qu’ils maintiennent leur famille en ce monde par le secours de la grâce, et qu’il aillent dans l’autre avec gloire parmi tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Vasari, au ch. 11 de son Introd. alle arti, parle des cendres pour couler en métal, mais il n’indique pas la manière de les préparer.