cix.Comment se fait la colle de chevreau. — Comment on la détrempe. À quoi elle est bonne[1].

Il y a une colle qu’on nomme colle en morceaux, qui se fait de morceaux de museaux de chèvre, de pieds, de nerfs et de morceaux de peau. On la fait en mars ou en janvier, par les grands froids ou les grands vents, et on la fait bouillir dans l’eau claire jusqu’à réduction de plus de moitié ; ensuite on la met bien collée dans des vases plats comme des terrines à gélatine ou des bassins ; on la laisse reposer une nuit, puis le matin on la taille par tranches comme du pain, on la met sur des nattes pour sécher au vent, sans soleil ; ça fait une colle excellente. Cette colle est mise en œuvre par les peintres, les selliers et la plupart des maîtres, comme je te le montrerai plus tard. Elle est bonne pour la menuiserie et pour bien des choses. Je t’entretiendrai en détail de toutes : où tu peux l’employer, comment on la mêle au plâtre, aux couleurs en guise de tempera, comment on en fait des luts, des marqueteries, comment on s’en sert pour attacher les bois, les feuillures et les reliefs en plâtre. Elle est bonne à bien des choses.

  1. La colle de chevreau, qui porte encore aujourd’hui ce nom dans plusieurs endroits de l’Italie, est la colle forte. (Cav. Tambroni.)