Traité élémentaire de la peinture/335

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 284-285).


CHAPITRE CCCXXXV.

Du jugement qu’on doit faire des ouvrages d’un Peintre.

Premièrement, vous devez considérer si les figures ont un relief conforme au lieu où elles sont, et à la lumière qu’elles reçoivent. Les ombres ne doivent pas être les mêmes aux extrémités et au milieu des groupes ; car il y a bien de la différence entre des objets qui sont tout environnés d’ombres, et des objets qui n’en ont que d’un côté. Les figures qui sont dans le milieu d’un groupe sont environnées d’ombres de tous côtés ; car du côté de la lumière, les figures qui sont entre elles et la lumière leur envoient de l’ombre ; mais les figures qui sont aux extrémités des groupes ne sont dans l’ombre que d’un côté, car de l’autre elles reçoivent la lumière. C’est au centre des figures qui composent une histoire que se trouve la plus grande obscurité ; la lumière n’y peut pénétrer, le plus grand jour est ailleurs, et il répand sa clarté sur les autres parties du tableau.

Secondement, que dans l’ordonnance ou la disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accommodées au sujet et à la représentation de l’histoire que le Peintre a traitée.

Troisièmement, que les figures soient attentives au sujet pour lequel elles se trouvent là, et qu’elles aient une attitude et une expression convenable à ce qu’elles font.