Traité élémentaire de la peinture/308

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 253-254).


CHAPITRE CCCVIII.

Diverses observations sur la Perspective et sur les couleurs.

Entre les choses d’une égale obscurité, de même grandeur, de même figure, et qui sont également éloignées de l’œil, celle-là paroîtra plus petite qui sera vue dans un lieu plus éclairé ou plus blanc : cela se remarque lorsqu’on regarde un arbre sec et sans feuilles, qui est éclairé du soleil du côté opposé à celui qui regarde ; car alors les branches de l’arbre opposées au soleil, paroissent si diminuées, qu’elles sont presque invisibles. La même chose arrivera si l’on tient une pique droite entre l’œil et le soleil. Les corps parallèles plantés droits étant vus dans un brouillard, doivent paroître plus gros par le haut que par le bas : cela vient de ce que le brouillard ou l’air épais étant pénétré des rayons du soleil, paroît d’autant plus blanc qu’il est plus bas ; les figures qu’on voit de loin paroissent mal proportionnées, parce que la partie qui est plus éclairée envoie à l’œil son image avec des rayons plus forts que la partie qui est obscure ; et j’ai observé une fois, en voyant une femme habillée de noir, laquelle avoit sur la tête un linge blanc, que la tête lui paroissoit deux fois plus grosse que les épaules qui étoient vêtues de noir.