Traité élémentaire de la peinture/303

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 248-249).


CHAPITRE CCCIII.

Comment il faut répandre sur les corps la lumière universelle de l’air.

Dans les compositions où il entre plusieurs figures d’hommes ou d’animaux, faites que les parties du corps soient plus obscures, à proportion qu’elles sont plus basses ou qu’elles sont plus enfoncées dans le milieu d’un groupe, quoique d’elles-mêmes elles soient de même couleur que les autres parties plus hautes ou moins enfoncées dans les groupes. Cela est nécessaire, parce que le ciel qui est la source de la lumière de tous les corps, éclairant sur les lieux bas et sur les espaces resserrés entre ces figures d’animaux, la portion d’arc de son hémisphère dont il les voit, est d’une moindre étendue que celle dont il éclaire les parties supérieures et plus élevées des mêmes espaces : ce qui se prouve par la figure suivante, où A B C D représentent l’arc du ciel, qui donne le jour universel à tous les corps inférieurs ; M N sont les corps qui bornent l’espace S T R H contenu entre eux ; on voit manifestement dans cet espace que le lieu F, lequel étant éclairé de la portion C D, est éclairé d’une plus petite portion de l’arc du ciel, que n’est le lieu E, lequel est vu de toute


la portion d’arc A B, laquelle est plus grande que l’arc D C, si bien qu’il sera plus éclairé en E qu’en F.