Traité élémentaire de la peinture/282

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 228-229).


CHAPITRE CCLXXXII.

Qu’il est contre la raison de faire les petites figures trop finies.

Les choses ne paroissent plus petites qu’elles le sont en effet, que parce qu’elles sont éloignées de l’œil, et qu’il y a entre elles et l’œil beaucoup d’air qui affoiblit la lumière, et, par une suite naturelle, empêche qu’on ne distingue exactement les petites parties qu’elles ont. Il faut donc qu’un Peintre ne touche que légèrement ces figures, comme s’il vouloit seulement en esquisser l’idée ; s’il fait autrement, ce sera contre l’exemple de la Nature, qui doit être son guide : car, comme je viens de dire, une chose ne paroît petite qu’à cause de la grande distance qui est entre l’œil et elle ; la grande distance suppose beaucoup d’air entre deux, et la grande quantité d’air cause une grande diminution de lumière, qui ôte à l’œil le moyen de distinguer les plus petites parties de son objet.