Traité élémentaire de la peinture/218

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 180).


CHAPITRE CCXVIII.

Des attitudes des figures.

Un Peintre doit remarquer les attitudes et les mouvemens des hommes immédiatement après qu’ils viennent d’être produits par quelque accident subit, et il doit les observer sur le champ, et les esquisser sur ses tablettes pour s’en souvenir, et n’attendre pas, par exemple, que l’action de pleurer soit contrefaite par quelqu’un qui n’auroit point sujet de pleurer, pour en étudier l’expression sur ce modèle, parce qu’une telle action n’ayant point une véritable cause, elle ne sera ni prompte ni naturelle ; mais il est fort avantageux d’avoir auparavant remarqué chaque action dans la nature même, et ensuite de faire tenir un modèle dans cette même disposition, pour s’aider un peu l’imagination, et tâcher d’y découvrir encore quelque chose qui fasse au sujet, et puis peindre d’après.