Traité élémentaire de la peinture/183

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 154-155).


CHAPITRE CLXXXIII.

Des attitudes et des mouvemens du corps, et de ses membres.

Qu’on ne voie point la même action répétée dans une même figure, soit dans ses principaux membres, soit dans les petits, comme les mains ou les doigts : il ne faut point aussi répéter plusieurs fois la même attitude dans une histoire ; et si le sujet de l’histoire demande un grand nombre de figures, comme une bataille ou un combat de gladiateurs, parce qu’il n’y a que trois manières de frapper, qui sont d’estoc, de taille et de revers, il faut varier autant qu’on peut ces trois manières de porter des coups ; par exemple, si l’un se tourne en arrière, faites qu’un autre soit vu de côté, et un autre par-devant, et ainsi diversifiez les mêmes actions par divers aspects, et que tous les mouvemens se rapportent à ces trois principaux dont j’ai parlé : mais dans les batailles, les mouvemens composés marquent beaucoup d’art, animent pour ainsi dire le sujet, et y répandent un grand feu. On nomme mouvement composé, celui d’une figure qui fait en même temps des mouvemens qui paroissent opposés, comme lorsque la même figure montre le devant des jambes, et une partie du corps par le profil des épaules. Je parlerai en son lieu de cette espèce de mouvement composé.