Traité élémentaire de la peinture/168

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 143-144).


CHAPITRE CLXVIII.

Que les petits enfans ont les jointures des membres toutes contraires à celles des hommes, en ce qui regarde la grosseur.

Les petits enfans ont tous les jointures déliées, et les espaces qui sont entre-deux plus gros ; cela arrive parce qu’ils n’ont sur les jointures que la peau seule et quelques membranes nerveuses qui attachent et lient les os ensemble, et toute la chair qui est molle, tendre, et pleine de suc, se trouve enfermée sous la peau entre deux jointures ; mais parce que dans les jointures les os sont plus gros qu’ils ne le sont dans l’espace qui est entre les jointures, la chair se décharge de beaucoup des superfluités tandis que l’homme croît, et ses membres deviennent à proportion plus déliés qu’auparavant ; mais il ne se fait point de diminution dans les jointures, parce qu’il n’y a que des os et des cartilages ; de sorte que, par ces raisons, les petits enfans sont gras entre les jointures, foibles et décharnés aux jointures, comme il paroît à celles de leurs doigts, de leurs bras, de leurs épaules, qu’ils ont déliées et menues ; au contraire, un homme fait est gros et noué par-tout, aux jointures des bras et des jambes ; et au lieu que les enfans les ont creuses, les hommes les ont relevées.