Traité élémentaire de la peinture/099

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 84-85).


CHAPITRE XCIX.

Comment il faut assortir les couleurs pour qu’elles se donnent de la grâce les unes aux autres.

Si vous voulez que le voisinage d’une couleur donne de la grâce à une autre couleur, imitez la nature, et faites avec le pinceau ce que les rayons du soleil font sur une nuée lorsqu’ils y forment l’arc-en-ciel ; les couleurs s’unissent ensemble doucement, et ne sont point tranchées d’une manière dure et sèche ; c’est de cette sorte qu’il faut unir et assortir les couleurs dans un tableau.

Prenez garde aussi aux choses suivantes qui regardent les couleurs. 1.o Si vous voulez représenter une grande obscurité, opposez-lui un grand blanc, de même que pour relever le blanc et lui donner plus d’éclat, il faut lui opposer une grande obscurité. 2.o Le rouge aura une couleur plus vive auprès du jaune pâle qu’auprès du violet. 3.o Il faut bien distinguer, entre les couleurs, celles qui rendent les autres plus vives et plus éclatantes, de celles qui leur donnent seulement de la grâce, comme le verd en donne au rouge, tandis qu’il en ôte au bleu. 4.o Il y a des couleurs qu’on peut fort bien assortir, parce que leur union les rend plus agréables ; comme le jaune pâle, ou le blanc et l’azur, et d’autres encore dont nous parlerons ailleurs.