Traité élémentaire de la peinture/069

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 56-57).


CHAPITRE LXIX.

Que l’air qui est près de la terre, doit paroître plus éclairé que celui qui en est loin.

Parce que l’air qui est près de la terre est plus grossier que celui qui en est loin, il reçoit et renvoie beaucoup plus de lumière : vous pouvez le remarquer lorsque le soleil se lève ; car si vous regardez alors du côté du couchant, vous verrez de ce côté-là une grande clarté, et vous ne verrez rien de semblable vers le haut du ciel : cela vient de la réflexion des rayons de lumière qui se fait sur la terre et dans l’air grossier ; de sorte que si dans un paysage vous représentez un ciel qui se termine sur l’horizon, il faudra que la partie basse du ciel qui reçoit la lumière du soleil ait un grand éclat, et que cette blancheur altère un peu sa couleur naturelle, qui ne se verra en cet endroit qu’à travers l’air grossier : au contraire, le ciel qui est au-dessus de la tête, doit moins participer à cette couleur blaffarde, parce que les rayons de lumière n’ont pas à pénétrer tant d’air grossier et rempli de vapeurs. L’air près de terre est quelquefois si épais, que si vous regardez certains jours le soleil, lorsqu’il se lève, vous verrez que ses rayons ne sauroient presque passer au travers de l’air.