Traité élémentaire de la peinture/035

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 25).


CHAPITRE XXXV.

De quelle manière on pourra peindre une tête, et lui donner de la grâce avec les ombres et les lumières convenables.

La force des jours et des ombres donne beaucoup de grâce au visage des personnes qui sont assises à l’entrée d’un lieu obscur ; tout le monde sera frappé en les voyant, si les lumières et les ombres y sont bien distribuées ; mais les connoisseurs pénétreront plus avant que les autres, et ils remarqueront que le côté du visage qui est ombré, est encore obscurci par l’ombre du lieu vers lequel il est tourné, et que le côté qui est éclairé reçoit encore de l’éclat de l’air dont la lumière est répandue par-tout, ce qui fait que les ombres sont presque insensibles de ce côté là. C’est cette augmentation de lumière et d’ombre qui donne aux figures, et un grand relief, et une grande beauté.