Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 9

Tableau des combinaisons binaires du phosphore non oxygéné


Tableau des combinaisons binaires du phosphore non oxygéné avec les substances simples.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur le phosphore & sur le Tableau de ses combinaisons avec les substances simples.


Le phosphore est une substance combustible simple, dont l’existence avoit échappé aux recherches des anciens Chimistes. C’est en 1667 que la découverte en fut faite par Brandt, qui fit mystère de son procédé : bientôt après Kunckel découvrit le secret de Brandt ; il le publia, & le nom de phosphore de Kunckel qui lui a été conservé jusqu’à nos jours, prouve que la reconnaissance publique se porte sur celui qui publie, plutôt que sur celui qui découvre, quand il fait mystère de sa découverte. C’est de l’urine seule qu’on tiroit alors le phosphore : quoique la méthode de le préparer eût été décrite dans plusieurs ouvrages, & notamment par M. Homberg, dans les mémoires de l’Académie des Sciences, année 1692, l’Angleterre a été long-temps en possession d’en fournir seule aux savants de toute l’Europe. Ce fut en 1737 qu’il fut fait pour la première fois en France, au Jardin royal des Plantes, en présence des commissaires de l’Académie des Sciences. Maintenant on le tire d’une manière plus commode, & sur-tout plus économique, des os des animaux, qui sont un véritable phosphate calcaire. Le procédé le plus simple consiste, d’après MM. Gahn, Schéele, Rouelle, &c. à calciner des os d’animaux adultes, jusqu’à ce qu’ils soient presque blancs. On les pile & on les passe au tamis de soie ; on verse ensuite dessus de l’acide sulfurique étendu d’eau, mais en quantité moindre qu’il n’en faut pour dissoudre la totalité des os. Cet acide s’unit à la terre des os pour former du sulfate de chaux : en même temps l’acide phosphorique est dégagé & reste libre dans la liqueur. On décante alors, on lave le résidu, & on réunit l’eau du lavage à la liqueur décantée ; on fait évaporer, afin de séparer du sulfate de chaux qui se cristallise en filets soyeux, & on finit par obtenir l’acide phosphorique sous forme d’un verre blanc & transparent qui, réduit en poudre & mêlé avec un tiers de son poids de charbon, donne de bon phosphore. L’acide phosphorique qu’on obtient par ce procédé, n’est jamais aussi pur que celui retiré du phosphore, soit par la combustion, soit par l’acide nitrique ; il ne doit donc point être employé pour des expériences de recherches.

Le phosphore se rencontre dans presque toutes les substances animales, & dans quel-ques plantes qui ont, d’après l’analyse chimique, un caractère animal. Il y est ordinairement combiné avec le carbone, l’azote & l’hydrogène, & il en résulte des radicaux très-composés. Ces radicaux sont communément portés à l’état d’oxide par une portion d’oxygène. La découverte que M. Hassenfratz a faite de cette substance dans le charbon de bois, feroit soupçonner qu’il est plus commun qu’on ne pense dans le règne végétal : ce qu’il y a de certain, c’est que des familles entières de plantes en fournissent quand on les traite convenablement. Je range le phosphore au rang des corps combustibles simples, parce qu’aucune expérience ne donne lieu de croire qu’on puisse le décomposer. Il s’allume à 32 degrés du thermomètre.