Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 7

Tableau des combinaisons binaires de l’hydrogène


Tableau des combinaisons binaires de l’hydrogène avec les substances simples.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’hydrogène, & sur le tableau de ses combinaisons.


L’hydrogène, comme l’exprime sa dénomination, est un des principes de l’eau ; il entre pour quinze centièmes dans sa composition : l’oxygène en forme les quatre-vingt-cinq autres centièmes. Cette substance dont ses propriétés & même l’existence ne sont connues que depuis très-peu de temps, est un des principes les plus abondamment répandus dans la nature : c’est un de ceux qui jouent le principal rôle dans le règne végétal & dans le règne animal.

L’affinité de l’hydrogène pour le calorique est telle qu’il reste constamment dans l’état de gaz au degré de chaleur & de pression dans lequel nous vivons. Il nous est donc impossible de connoître ce principe dans un état concret & dépouillé de toute combinaison.

Pour obtenir l’hydrogène ou plutôt le gaz hydrogène, il ne faut que présenter à l’eau une substance pour laquelle l’oxygène ait plus d’affinité qu’il n’en a avec l’hydrogène. Aussitôt l’hydrogène devient libre, il se combine avec le calorique & forme le gaz hydrogène. C’est le fer qu’on a coutume d’employer pour opérer cette séparation, & il faut pour cela qu’il soit élevé à un degré de chaleur capable de le faire rougir. Le fer s’oxide dans cette opération, & devient semblable à la mine de fer de l’île d’Elbe. Dans cet état il est beaucoup moins attirable à l’aimant, & il se dissout sans effervescence dans les acides.

Le carbone, lorsqu’il est rouge & embrasé, a également la propriété de décomposer l’eau & d’enlever l’oxygène à l’hydrogène : mais alors il se forme de l’acide carbonique qui se mêle avec le gaz hydrogène ; on l’en sépare facilement, parce que l’acide carbonique est absorbable par l’eau & par les alkalis, tandis que l’hydrogène ne l’est pas. On peut encore obtenir du gaz hydrogène en faisant dissoudre du fer ou du zinc dans de l’acide sulfurique étendu d’eau. Ces deux métaux qui ne décomposent que très-difficilement & très-lentement l’eau lorsqu’ils sont seuls, la décomposent au contraire avec beaucoup de facilité lorsqu’ils sont aidés par la présence de l’acide sulfurique. L’hydrogène s’unit au calorique dans cette opération, aussitôt qu’il est dégagé, & on l’obtient dans l’état de gaz hydrogène.

Quelques Chimistes d’un ordre très-distingué se persuadent que l’hydrogène est le phlogis-tique de Stahl, & comme ce célèbre Chimiste admettoit du phlogistique dans les métaux, dans le soufre, dans le charbon, &c. ils sont obligés de supposer qu’il existe également, de l’hydrogène fixé & combiné dans toutes ces substances : ils le supposent, mais ils ne le prouvent pas, & quand ils le prouveroient, ils ne seroient pas beaucoup plus avancés, puisque ce dégagement du gaz hydrogène n’explique en aucune manière les phénomènes de la calcination & de la combustion. Il faudroit toujours en revenir à l’examen de cette question ; le calorique & la lumière qui se dégagent pendant les différentes espèces de combustion, sont-ils fournis par le corps qui brûle ou par le gaz oxygène qui se fixe dans toutes les opérations ? & certainement la supposition de l’hydrogène dans les différens corps combustibles ne jette aucune lumière sur cette question. C’est au surplus à ceux qui supposent à prouver ; & toute doctrine qui expliquera aussi bien & aussi naturellement que la leur, sans supposition, aura au moins l’avantage de la simplicité.

On peut voir ce que nous avons publié sur cette grande question, M. de Morveau, M. Berthollet, M. de Fourcroy & moi, dans la traduction de l’essai de M. Kirwan sur le phlogistique.