Théorie de la grande guerre/Livre VII/Chapitre 21

Traduction par Marc-Joseph-Edgar Bourdon de Vatry.
Librairie militaire de L. Baudoin et Cie (Tome troisièmep. 105-106).
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L’offensive

CHAPITRE XXI.

invasion.


Nous n’avons ici qu’à déterminer ce qu’il convient d’entendre par le mot : invasion, car les écrivains modernes en font fréquemment usage en y attachant un sens particulier. Dans les auteurs français, par exemple, on trouve à chaque instant l’expression : guerre d’invasion, par laquelle, en opposition avec une attaque méthodique qui se bornerait à mordre la frontière, ils désignent toute attaque qui pénètre profondément dans le pays ennemi. Or c’est là une manière de parler absolument illogique car, que l’attaque s’en tienne à la frontière, qu’elle s’enfonce sur le territoire, qu’elle assiège et prenne les places fortes ou qu’elle tende sans repos ni trêve vers le cœur même de la puissance de l’ennemi, cela ne dépend nullement du plan adopté mais bien des circonstances. La théorie, du moins, ne saurait autrement considérer les choses. — Dans certains cas il peut être sage de ne pas s’éloigner beaucoup de la frontière, dans certains autres, au contraire, il peut être prudent de pénétrer profondément dans l’intérieur du pays ; mais, en général, il ne faut entendre par invasion que l’heureux résultat de l’attaque énergique du pays envahi et, pour nous, les deux mots sont synonymes.