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Poésies diverses. Pensées. Divan oriental-occidental
Traduction par Jacques Porchat.
Librairie Hachette et Cie (Œuvres de Goethe, volume Ip. 307-308).

Testament.

Aucun être ne peut tomber dans le néant ; l’essence éternelle ne cesse de se mouvoir en tous ; attachez-vous à la substance avec bonheur. La substance est impérissable, car des lois conservent les trésors vivants dont lunivers a fait sa parure.

La vérité était trouvée depuis longtemps ; elle a réuni les nobles esprits ; l’antique vérité, sachez la saisir. Fils de la terre, rendez grâce au sage qui lui apprit à circuler autour du soleil, et prescrivit à sa sœur la route qu’elle doit suivre.

Et maintenant portez votre vue au dedans de vous-mêmes : vous y trouverez le centre dont aucun esprit ne saurait douter. Vous n’y manquerez pas de règle, car la conscience indépendante est un soleil pour votre jour moral.

Vous devez ensuite vous fier aux sens ; leurs impressions ne sont jamais fausses, si votre raison vous tient éveillé. D’un vif regard, observez avec joie, et marchez avec fermeté comme avec souplesse, à travers les campagnes de la terre féconde.

Usez modérément de l’abondance ; que la raison soit partout présente, quand la vie jouit de la vie ; ainsi le passé est stable, l’avenir est déjà vivant, le moment est l’éternité.

Et, si vous avez enfin réussi à vous persuader pleinement que ce qui est fécond est seul véritable, vous sondez la providence universelle ; elle gouvernera selon ses vues ; associez-vous au petit nombre.

Et comme de tout temps le philosophe, le poëte, suivant sa propre volonté, produisit en silence une œuvre favorite, vous viserez à la faveur la plus belle, car pressentir ce que sentiront les nobles âmes est la vocation la plus digne d’envie.