Tableau de l’instruction primaire en France/4

CHAPITRE IV.

DES FRÈRES.

Il est juste d’assigner aux Frères de la Doctrine chrétienne une place à part : la supériorité de leurs écoles, reconnue par le suffrage presque unanime des inspecteurs, leur moralité, la discipline secrète qui les régit, leurs statuts particuliers, tout enfin, jusqu’à la singularité de leur costume, les distingue des instituteurs ordinaires.

Nous ne connaissons pas assez bien la constitution intime de cette congrégation, la main suprême qui les gouverne, leurs engagements avec le pouvoir ecclésiastique et peut-être pontifical, pour donner, à cet égard, les éclaircissements que réclamerait naturellement la curiosité de nos lecteurs, et nous croyons que le secret est assez bien gardé pour que l’on en ait été, jusqu’à présent, réduit à des conjectures. Nous n’en accueillerons aucune, parce qu’elles nous ont paru dénuées de preuves, et, prenant l’administration des frères, telle qu’elle se montre dans ses résultats, nous ne pourrons que rendre justice à l’habileté du chef, à la docilité des serviteurs.

On ne sait pas assez tout ce qu’il y a de sens et souvent d’adresse et de courage sous cette enveloppe simple et rude. Les temps n’ont pas toujours été favorables pour eux ; ils ont traversé, depuis 1830, bien des jours mauvais : eux aussi, ils ont eu leurs émeutes à vaincre, et la lutte dure encore. Si la restauration les a puissamment secondés, aux dépens des écoles rivales, ils ont, depuis ce temps, payé bien cher la protection politique dont ils ont alors profité ; ils en sont victimes aujourd’hui. Toutes les grâces leur étaient prodiguées ; les conseils municipaux leur refusent maintenant les plus légitimes secours (268). Eh bien ! au milieu de toutes ces disgrâces, ils résistent, ils prospèrent, et, ce qu’on aurait peine à croire, c’est que, depuis 1830, le nombre de leurs écoles, de persécution en persécution, est allé toujours croissant[1].

Quand donc bannira-t-on en France la politique de l’instruction primaire ? Savons-nous si mal faire le bien, que ce bien même puisse devenir un mal ? Quand nous soutenions autrefois l’établissement de l’enseignement mutuel, malgré les répugnances du gouvernement, serait-il vrai que ce n’était point seulement pour nous un moyen de propager avec avantage l’instruction parmi le peuple, et, dans le fond de notre pensée, avions-nous prétendu faire d’une question de méthode une question de parti ? Quand nous excluons aujourd’hui du partage des allocations municipales les Frères de la doctrine chrétienne, est-ce bien parce que nous méconnaissons les services qu’ils rendent à la jeunesse, ou bien ne les sacrifions-nous pas plutôt à de vieilles rancunes, à des prédilections injustes, à des accusations hasardées ? Il serait temps cependant que l’instruction de l’enfance fût au moins un terrain neutre pour nos discordes, et qu’on n’inspirât pas, dès l’âge le plus tendre, aux élèves des différentes écoles mutuelles ou simultanées, ces passions haineuses qui déjà les divisent comme nous en deux camps ennemis.

D’ailleurs, l’esprit de parti qui les persécute, éveille ou entretient l’esprit de parti qui les soutient ; et, à ne considérer la chose que par son côté purement politique, c’est encore un mauvais calcul d’ajouter au crédit qu’ils obtiennent par leurs succès, l’intérêt qui s’attache au malheur. Un grand nombre de nos lecteurs ont pu voir de leurs propres yeux ce qui arrivé ordinairement dans les villes, lorsqu’une décision du conseil municipal vient à supprimer la subvention jusqu’alors accordée aux écoles des Frères. Aussitôt les maisons importantes du département, qui passent pour ne point voir de bon œil l’ordre de choses établi, se hâtent de réunir des ressources suffisantes pour assurer l’existence des établissements menacés. Elles se sentent provoquées dans cette attaque aux écoles qu’elles ont créées, et elles croient leur honneur intéressé à répondre au défi. Le clergé, protecteur naturel de cet institut religieux, ne se contente pas d’invoquer la générosité des familles puissantes ; des quêtes dans les maisons bourgeoises, dans les rangs les plus humbles de la société confondent le denier de la veuve et l’abondante souscription du riche dans une protestation générale contre l’inique arrêt des magistrats.

Ainsi, le plus souvent, pour satisfaire à des sentiments secrets qu’on n’oserait avouer, on compromet les intérêts mêmes que l’on a cru servir. Non seulement on a réveillé des passions assoupies, mais, comme on a mis le bon droit du côté de ses adversaires, on a réellement accru leur puissance, et on la popularise dans toutes les familles d’artisans et de malheureux dont les enfants fréquentaient les leçons des Frères. Aussi, l’effet immédiat de ces votes maladroits est-il d’encombrer aussitôt les écoles proscrites : les salles ne sont plus assez vastes pour contenir l’affluence des enfants qui s’y présentent, et l’on signale avec raison cette surabondance d’élèves comme également fâcheuse pour leur santé et pour leur instruction (269).

Car enfin, nous voulons bien concevoir que les personnes qui auraient acquis la preuve que les frères de la doctrine chrétienne sont affiliés aux jésuites, qu’ils sont hostiles au gouvernement, qu’ils ont pour mission d’abrutir l’enfance au profit de la superstition et du despotisme, leur refusent toute espèce d’encouragement ; mais il en est beaucoup d’autres qui ne voient dans ces reproches que des accusations banales, qui, dans le doute sur le fond des choses, jugent les résultats, et se contentent de savourer les fruits de l’arbre, sans lui demander où sont ses racines.

Elles voient dans la rue un homme dont le costume bizarre provoque quelquefois les railleries d’un passant malavisé, mais qui, loin de répondre aux mauvais plaisants, ne paraît pas même sentir glisser ces quolibets sur son manteau de bure ; il n’en chemine pas moins sa voie, insensible à tout ce qui ne touche pas à son devoir, étranger à tous les soins de la société, et marchant droit à son but. Elles le voient, le chapelet à la main, guider le matin à l’église tous les enfants qu’il dirige, pour leur apprendre à commencer le jour par une œuvre sainte, à bénir le travail par la prière ; elles le voient enfin, et dans la classe où il enseigne, et hors de la classe quand il s’y prépare, renfermé tout entier dans les devoirs auxquels il s’est donné. Car telle est la vie du frère ignorantin : les dissipations du monde, les plaisirs de la famille, le soin de son avenir, le vain désir de la renommée ne lui font nul souci. Le maître auquel il obéit l’envoie, il arrive ; des lettres d’obédience le rappellent : il est prêt ; en tout, il accomplit son œuvre avec le même zèle que s’il avait à faire sa réputation ou sa fortune, et cependant, les revenus de l’école ne passent même pas par ses mains ; et les plus brillants succès peuvent-ils toucher un homme qui a renoncé même à son nom ? Certes, frère Enthyme, ni frère Amphiloque, ne visent pas à la gloire, et jamais vœux plus humbles ne furent plus religieusement accomplis. Et le novice, qui veille aux soins domestiques près de ses deux compagnons, là bas, à l’extrémité de la France, devers les Alpes ou les Pyrénées, et le supérieur qui tient ici dans sa main tous les fils de la communauté, qui commande une milice organisée par toute la France, tous portent un manteau de même laine, un chapeau de même feutre, et se saluent mon frère.

Le plus rude assaut qui peut-être ait été livré jamais à la modestie de l’institut, la proposition de la croix d’honneur faite au père Anaclet par le Ministre de l’instruction publique[2], n’a pas même ébranlé sa résolution. Et cependant, pour répondre aux dispositions bienveillantes d’un ministre dont on avait besoin, pour donner plus d’éclat à l’institut, presque partout menacé, il semble que le chef de la doctrine chrétienne eût pu, sans orgueil, la laisser décorer dans sa personne d’un honneur qui ne s’adressait pas à lui-même ; il le refusa : Ce n’était point, disait-il, l’esprit de l’humble institution fondée par le vénérable abbé de Lasalle.

Nous ne saurions donc nous étonner de la faveur soutenue dont les écoles des frères ont joui sous tous les régimes ; une instruction suffisante, une direction religieuse dans l’éducation qui manque à beaucoup d’autres écoles, justifient assez les familles qui leur confient ce qu’elles ont de plus cher. Toutefois, nous ne nous dissimulons pas que, dans la persécution dont se plaignent les frères, ils ont souvent donné beau jeu à leurs ennemis, et qu’ils ont créé à leurs protecteurs mêmes des embarras peut-être insurmontables.

Toute administration est jalouse de ses droits, et n’aime guère à les partager : d’ailleurs, celle des frères a pour elle une longue expérience déjà de ce qu’elle peut faire, et n’est pas disposée à se laisser imposer des réformes dont elle ne reconnaît pas l’utilité. De plus, concentrée jusqu’à présent en elle-même, elle ne se mêle pas volontiers aux nouvelles combinaisons sociales et politiques, elle en redoute même peut-être l’influence, et, dans tous les cas, elle s’en isole par prudence. Jusques là, rien de mieux, si elle peut se suffire par ses seules forces. Mais, il n’en est rien : les charités qui la soutiennent dans ses disgrâces ne sont pas intarissables : elles n’auront qu’un temps comme les passions politiques qui souvent les inspirent : elles ne présentent pas un mode de perception aussi honorable ni aussi solide que les fonds votés dans le budget d’un conseil municipal, et la prospérité précaire dont jouit l’institut des frères ne les aveugle pas : ils sentent combien il serait important pour eux de rester en possession du titre d’instituteurs communaux, au lieu d’être réduits à ouvrir des écoles privées. Déjà, pour mériter de conserver ces avantages, ils se sont résignés, malgré l’esprit de conservation qui les distingue, à introduire dans leur méthode des améliorations importantes : la concurrence les a avertis, et ils ont compris leur intérêt : ils ont profité, même de l’enseignement mutuel. Leurs maîtres sont plus instruits, leurs procédés meilleurs, leurs livres surtout ont subi une réforme bien entendue ; enfin, quoique l’expression soit peut-être bien hardie, en parlant des frères, il y a eu une révolution dans leur enseignement (270).

Mais elle s’est arrêtée là, et ce n’est pas là qu’il suffisait de l’introduire. Les statuts des frères leur défendent d’accepter aucun argent des familles pour l’instruction qu’ils doivent aux enfants : La loi, en offrant dans les écoles communales l’instruction gratuite aux indigents, a au contraire exigé que les autres y payassent une rétribution fixée par les autorités municipales. Voilà donc deux principes aux prises, et tous deux excellents. Le fondateur des frères de la doctrine chrétienne, long-temps avant que la philanthropie s’occupât avec un grand fracas de l’instruction du peuple, l’organisait sans bruit dans tout le monde chrétien, et pour mieux assurer son œuvre après lui, posait en principe la gratuité de l’enseignement. Ce principe, la loi l’a décomposé ; elle l’a admis pour les familles indigentes, mais elle n’a cru ni juste, ni convenable que les familles plus aisées s’accoutumassent à considérer l’instruction de leurs enfants comme un bien de nul prix, qui ne valait pas la peine d’être acheté par un léger sacrifice.

Si la loi doit être appliquée rigoureusement, si les frères n’entendent pas donner une interprétation plus raisonnable à leur principe, on peut dire que la loi a destitué de fait tous les frères des fonctions d’instituteur communal dans toute la France. Pour éviter ce conflit, voici les biais qu’ont imaginés les conseils municipaux de plusieurs villes.

— Des fonds suffisants seront votés pour l’école des frères : on n’y admettra que des enfants indigents. La gratuité se trouvait là respectée ; la loi de son côté n’était pas violée. Les frères ont refusé : « nous ne pouvons, disent-ils, fermer à personne l’entrée de nos écoles : la porte en est ouverte à l’enfant du riche, comme à l’enfant du pauvre. »

— Des fonds suffisants seront votés pour l’école des frères : ils ne percevront aucun droit des enfants reçus dans leur école : le conseil municipal se charge de la rétribution mensuelle qu’il percevra lui-même des familles non-indigentes, et à son profit. Les frères ont refusé. « Le principe de gratuité, disent-ils, ne consiste pas seulement dans l’avantage auquel nous renonçons pour nous-mêmes, il est aussi dans celui que nous offrons aux parents. Or, dans le cas proposé, l’instruction serait gratuite en ce qui nous concerne, elle ne le serait pas pour les familles.

Ces distinctions subtiles sont-elles en effet conformes, je ne dis pas à la lettre, mais à l’esprit de leurs statuts ? Je ne le crois pas, et j’oserais invoquer l’autorité du fondateur lui-même. Si le vénérable abbé de Lasalle pouvait siéger aujourd’hui dans le conseil des frères, et qu’on lui demandât son avis dans les circonstances nouvelles qui sont nées de la loi, croit-on qu’il opinât pour une résistance qui peut rendre impossible le bien qu’il a prétendu faire, ou qu’il conseillât des voies de conciliation pour mieux y réussir ? Je ne doute pas qu’il n’acceptât lui-même la loi comme un bienfait, et qu’il ne se hâtât d’accommoder à ses dispositions, qu’il n’avait pas prévues, des statuts établis pour les seules circonstances qu’il était donné à la prudence humaine de prévoir. Que parlez vous, leur dirait-il, de gratuité absolue ? Serait-ce que votre amour-propre, qui ne s’offense point de recevoir les dons de la commune, rougirait d’accepter cette offrande, de la main des enfants, et que la charité d’un conseil municipal vous plaît davantage parce qu’elle ressemble moins à une aumône ? En ce cas, mes frères, cette velléité d’orgueil dérogerait bien plus à nos statuts que les arrangements qu’on vous propose. Serait-ce qu’en effet vous croyez l’instruction plus gratuite pour la commune, lorsque les familles la paient au percepteur sous la forme d’un impôt que lorsqu’elles en acquittent le prix entre les mains du directeur de l’école ? Apprenez à mieux comprendre ces statuts que vous trahissez en croyant les défendre. L’instruction du peuple est notre but : clercs ou laïques, les blancs ou les bleus, tous ceux qui secondent notre œuvre sont nos amis : nos ennemis ceux qui l’empêchent (271).

À dire vrai, nous rendons aux services des frères toute la justice qu’ils méritent, et nul n’admire plus que nous leur dévouement et leurs succès. Mais, s’ils devaient lutter long-temps avec cette ténacité contre l’action des conseils municipaux, des comités et de l’administration qui leur a montré tant de bienveillance, ce n’est pas d’eux que j’attendrais pour l’avenir la prospérité de l’instruction primaire. Les écoles normales seront mal dirigées, ou elles fourniront bientôt aux villes des instituteurs plus habiles que les frères : leurs études seront plus fortes, le département qui aura supporté les frais de leur instruction voudra en recueillir les fruits : ce seront les enfants du pays ; ils y seront mieux connus et plus stables ; ils se soumettront sans contrainte aux exigences de la loi ; ils auront plus d’intérêt à complaire aux magistrats municipaux dont leur sort peut dépendre ; ils ne connaîtront d’autre chef que leurs supérieurs selon la loi. Au moment où la commune croira pouvoir compter sur leurs services, on ne les verra pas tout-à-coup rappelés par des lettres d’obédience, et remplacés par des hommes nouveaux (272) ; en un mot, on saura mieux à qui l’on a affaire, et les esprits timides n’auront plus à s’alarmer d’un pouvoir dont l’action, selon nous, est salutaire, mais dont les principes et la direction auront long-temps, aux yeux de bien des gens, le tort de rester enveloppés de mystères.

Quant aux communes rurales, elles n’ont jamais pu compter sur les services des frères. La condition qu’ils observent de toujours aller s’établir trois ensemble dans les localités où ils sont appelés, rend ce mode d’enseignement trop dispendieux pour les campagnes. Aussi, dans plusieurs départements, des associations à l’instar des frères de la doctrine chrétienne, se sont formés dans le but de donner des instituteurs aux communes qu’ils ne peuvent desservir : nous ne parlons pas ici des frères St.-Antoine, dont nous apprécions aussi les services, mais que nous n’avons guère retrouvés hors des limites du département de la Seine. Dans le Jura, les petits frères de Marie (273) ; dans la Mayenne, les frères de Pruillé (274) ; dans la Haute-Loire, les frères du Sacré Cœur (275), etc., et surtout dans la Bretagne, les frères de Lamennais sont d’un utile secours ; mais, à l’exception peut-être des derniers que nous ne connaissons pas assez pour les juger, presque tous les autres sont loin de pouvoir être comparés aux frères St.-Yon, et pour leur instruction, et pour leur méthode d’enseignement.


MAISONS DES FRÈRES EN 1819.
Aix 2 Arles. Lyon (suite) Trévoux.
Forcalquier. Beynost.
Amiens 5 Amiens. Belley.
Beauvais. Roanne.
Compiègne. Rive-de-Gier.
Soissons. Saint-Étienne.
Laon (1 nov. et 2 éc.) Saint-Chamond.
Besançon 5 Besançon. Saint-Galmier.
Dôle St.-Bonnet-le-Château
Gray Metz 3 Metz.
Vesoul. Charleville.
Ornans. Rethel.
Bordeaux 1 { Bordeaux (1 nov. et 3 éc.) Montpellier 1 { Montpellier.
Bourges 2 Bourges. Nancy 1 { Saint-Dié.
Saint-Amand Nîmes 5 Avignon (1 noviciat).
Caen 3 Caen. Privas.
Lizieux. Annonay.
Alençon Beaucaire.
Cahors 1 { Auch. Nîmes
Clermont 3 Clermont. Orléans 2 Orléans.
Aurillac. Montargis.
Riom. Paris 3 Paris.
Dijon 2 Dijon. Rheims (1 noviciat).
Langres (1 noviciat). Fontainebleau.
Douai 6 Calais. Pau 0 {
Boulogne. Poitiers 1 { Tenneray (Deux-Sèvr.)
Cambrai. Rennes 4 Rennes.
Aire. Nantes.
St-Omer (1 noviciat). Vannes.
Béthune. Auray.
Grenoble 2 Grenoble. Rouen 0 {
Valence. Strasbourg 0 {
Limoges 1 { Limoges. Toulouse 3 Toulouse.
Lyon 12 Lyon (ch-lieu de l’ins.) Castres.
Villefranche. Alby.
Condrieux.
TABLEAU GÉNÉRAL
DES MAISONS DE L’INSTITUT, EN FRANCE.
ÉCOLE CHRÉTIENNE, 1833



numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

1 Abbeville. 3 7 558
2 Aire. 1 4 410
3 Aix. 2 6 510
4 Ajaccio. 2 5 465
5 Alais. 1 4 340
6 Alby[3] 1 6 260
7 Alençon. 2 7 520
8 Amiens. 4 10 975
9 Angers. 2 6 656
10 Anonnay. 1 5 480
11 Apt. 1 2 160
12 Arbois. 1 4 387
13 Arles. 2 6 509
14 Arras. 2 6 539
15 Aubenas. 1 2 230
16 Auch. 1 4 330
17 Auray. 1 3 219
18 Aurillac. 1 4 420
19 Autun. 2 4 420
20 Auxerre. 1 3 221
21 Avignon. 2 10 1128
22 Avranches. 1 3 260
23 Bapaume. 1 2 160
24 Bar-sur-Seine. 1 2 130
25 Bar-en-Basset. 1 2 160
26 Bastia[4]. 2 6 503
27 Bayeux. 1 3 256
28 Bayonne. 1 4 348
29 Bazas. 1 2 160
30 Beauvais[5]. 1 4 302
31 Beaucaire. 2 4 504
32 Beaune. 1 2 191

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

33 Belleville. 1 2 170
34 Belley[6]. 1 2 210
35 Bergues. 1 3 260
36 Besançon. 3 8 670
37 Béthune. 1 4 320
38 Beynost. 1 2 139
39 Beziers. 2 4 403
40 Blaye. 1 2 153
41 Blois[7]. 1 4 345
42 Bolbec[8]. 1 2 165
43 Bollène. 1 2 160
44 Bonifacio. 1 2 200
45 Bordeaux, 1re m.[9]. 4 10 1200
46 Bordeaux, 2e m. 2 5 546
47 Boulogne[10]. 3 12 990
48 Bourbon (Île)[11]. 1 4 250
49 Bourges. 2 5 507
50 Bourg St.-Andéol. 1 2 156
51 Brest. 1 3 372
52 Brives. 1 3 337
53 Caen[12]. 3 7 740
54 Cahors[13]. 1 4 285
55 Calais[14]. 1 4 389
56 Calvi. 1 2 150
57 Cambray. 2 7 628
58 Carcassonne[15]. 2 7 729
59 Carpentras. 1 3 270
60 Castelnaudary[16]. 1 2 255
61 Cateau (le). 1 4 342

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

62 Castres. 1 6 606
63 Cette[17]. 1 2 202
64 Châlons-sur-Saône. 2 4 342
65 Charleville. 1 6 465
66 Chartres. 1 5 467
67 Châteaudun 1 3 239
68 Château-Thierry. 1 2 164
69 Cherbourg. 2 4 405
70 Chinon. 1 2 156
71 Clermont-Ferrand 4 10 934
72 Compiègne. 1 3 215
73 Condrieux. 1 2 210
74 Corté. 1 2 189
75 Coutances[18]. 1 2 180
76 Crémieux[19]. 1 2 124
77 Crest. 1 2 168
78 Dieppe. 2 6 519
79 Dijon. 2 5 446
80 Dôle. 1 4 340
81 Douay. 1 6 590
82 Dunkerque. 1 5 450
83 Étampes. 1 2 211
84 Évreux. 1 3 242
85 Falaise[20] 1 2 206
86 Fontainebleau. 1 4 310
87 Fontenay-le-Comte. 1 3 286
88 Forcalquier. 1 2 160
89 Fronton. 1 2 157
90 Gignac[21]. 1 2 102
91 Gray. 1 2 198
92 Grenoble[22] 3 9 806
93 Hâvre (le). 1 4 509
94 Hennebon. 1 2 173
95 Isolaccio. 1 2 68
96 Joigny. 1 2 225
97 Joinville. 1 2 122

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

98 La Flèche. 1 3 308
99 Langeac. 1 2 184
100 Langres. 2 5 408
101 Laon. 2 4 230
102 Laval. 2 6 560
103 Lavaur. 1 3 250
104 Lille[23]. 1 14 1106
105 Limoges[24] 3 6 700
106 Lisieux. 1 4 320
107 Limoux. 1 3 190
108 Lodève. 1 2 210
109 Lons-le-Saulnier. 1 3 347
110 Lunel. 1 3 300
111 Lunéville. 1 3 268
112 Lyon, 1re maison[25]. 12 33 2389
113   Vaise. 1 3 182
114   La Guillotière[26]. 1 3 267
115   La Croix-Rousse. 1 3 245
116   St.-Irénée. 1 2 178
117 Mans (le). 3 6 523
118 Mantes. 1 2 120
119 Marmande. 1 3 280
120 Marseille, 1re m.[27] 6 15 1750
121 Marseille, 2e m. 4 10 908
122 Mazan. 1 2 100
123 Meaux. 1 3 233
124 Metz[28]. 4 12 1125
125 Meyrueix. 1 2 125
126 Milliaud. 1 3 259
127 Mirepoix. 1 2 150
128 Montauban. 3 6 440
129 Montbrison[29]. 1 3 295
130 Mont-de-Marsan[30]. 1 2 160
131 Montdidier. 1 2 148

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

132 Montelimart. 1 3 259
133 Montereau. 1 2 200
134 Montferrand. 1 2 200
135 Montpellier[31]. 3 9 1027
136 Montreuil-sur-Mer 1 2 230
137 Mortain. 1 2 120
138 Moulins. 2 4 300
139 Nancy[32]. 2 4 450
140 Nantes[33]. 3 12 1129
141 Narbonne. 1 4 302
142 Nevers. 1 6 589
143 Nîmes[34]. 5 12 1065
144 Nogent-le-Rotrou 1 2 220
145 Noyon[35]. 1 4 369
146 Orange. 1 3 210
147 Orléans, 1re m.[36]. 5 12 1139
148 St.-Marceau, 2e maison 1 2 187
149 Ornans. 1 3 220
150 Pamiers[37]. 1 3 245
151 Paray-le-Monial 1 2 160
152 Périgueux[38]. 1 2 204
153 Pézenas. 1 4 470
154 Pithiviers. 1 2 197
155 Poitiers[39]. 2 5 503
156 Poligny. 1 3 307
157 Privas. 1 2 197
158 Puy (le). 3 6 650
159 Quimper[40]. 1 3 319
160 Rabastens[41]. 1 2 175
161 Rambouillet. 1 2 150

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.

162 Reims. 5 13 1150
163 Rennes[42]. 3 9 806
164 Rethel. 1 3 200
165 Revel. 1 3 228
166 Riez. 1 2 152
167 Riom[43]. 2 5 480
168 Rive-de-Gier. 1 4 450
169 Roanne, 1re maison. 1 3 280
170 Roanne, 2e maison. 1 2 193
171 Rodez. 1 4 329
172 Rochelle (la). 1 4 351
173 Romans[44]. 1 4 375
174 Roubaix[45]. 1 2 317
175 Rouen[46]. 6 16 1372
176 St.-Bonnet-le-Chât. 1 2 158
177 St.-Brieuc[47]. 1 3 250
178 St.-Chamond. 3 6 478
179 St.-Cloud. 1 2 200
180 St.-Denis[48]. 1 2 203
181 St.-Dizier[49]. 1 3 210
182 St.-Étienne[50]. 5 17 1987
183 St.-Flour. 1 3 237
184 St.-Germain-en-Laye. 1 4 325
185 St.-Malo. 1 3 313
186 St.-Ménéhould. 1 2 330
187 St.-Omer. 4 10 857
188 St.-Pons. 1 3 250
189 St.-Sever[51]. 1 2 210
190 Satilieu. 1 2 150
191 Saumur[52]. 1 3 245

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.





192 Sedan. 1 4 328
193 Semur. 1 2 125
194 Senlis. 1 2 185
195 Soissons. 1 4 380
196 Tarare[53]. 1 2 205
197 Tarascon. 1 2 180
198 Tartas. 1 2 140
199 Toulon[54]. 2 4 450
200 Toulouse[55]. 6 16 1877
201 Tourcoing[56]. 1 2 197
202 Tours[57]. 3 7 598
203 Trévoux. 1 2 150
204 Troyes. 3 6 538
205 Tulles. 1 3 270
206 Uzès. 1 3 289
207 Valence[58]. 2 4 446
208 Valenciennes. 2 6 572
209 Valognes. 1 2 180
210 Vannes. 2 5 487
211 Verneuil. 1 2 118
212 Versailles (S. L.). 1 3 216
213 Versailles (N. D.)[59]. 1 3 240
214 Vesoul. 1 3 240
215 Villefranche (Rh.) 2 4 375
216 Villefranche (Avey.) 1 4 360
217 Villeneuve (Avign.) 1 2 192
218 Vitry-le-Français[60]. 1 3 200
219 Vire[61]. 1 2 190

numéros. lieux où sont situés les établissements. nombre d’écoles. nombre de classes. nombre d’élèves.





220 Paris, 1er arrond. 1 3 280
221 Paris, 2e 1 4 380
222 Paris, 3e 1 4 350
223 Paris, 4e 2 6 540
224 Paris, 5e 2 7 618
225 Paris, 6e[62] 3 9 804
226 Paris, 7e 2 6 510
227 Paris, 8e 3 8 764
228 Paris, 9e 3 6 460
229 Paris, 10e 4 10 870
230 Paris, 11e 1 5 237
231 Paris, 12e 3 7 528
ÉCOLES D’ADULTES.
Paris. 6 15 790
Lille. 1 4 170
Valenciennes. 1 2 125
Troyes. 1 2 80
Sedan. 1 2 80
Laon. 1 1 40



11 26 1285

ÉCOLES DE MIDI.
Lille. 2 4 218
Paris. 1 2 40

Totaux généraux..... 369 écoles, 1039 classes, 92,989 élèves.


En 1819, 132 établissements, 539 frères[63], 7 noviciats, 143 novices.

En 1833, 241 établissements, 1039 frères, 7 noviciats, 172 novices.

1836
NOUVEAUX ÉTABLISSEMENTS.
écoles. classes. écoles. classes.
Aubusson. 1 2 Meximieux. 1 2
Avallon. 1 2 Monfavet. 1 2
Billom. 1 3 Pontarlier. 1 2
Châlons-sur-Marne. 1 3 Puy Laurens. 1 2
Épernay. 1 2 Bourbon (Île) (S.-B.). 1 2
Estaires. 1 2 Bourbon (Île) (S.-P.). 1 2
Fécamp. 1 2 St.-Héant. 1 2
Feurs. 1 2 St.-Dié. 1 3
Guéret. 1 2 Sorgues. 1 2
Hyères. 1 3 Sables d’Olonne. 1 2
Libourne. 1 3 Tonneins. 1 2
Mâcon. 1 3 Yssengeaux. 1 3
Marosquet. 1 2
ÉCOLES D’ADULTES ET DE MIDI.
Bolbec[64]. 1 1 Rennes. 1 2
Lille. 2 4 Rouen. 1 3
Lyon. 1 3 Paris 1er arrond. 1 3
Nantes. 1 2 Paris 2e 1 2
Nîmes. 1 3 Paris 6e 1 6
Poitiers. 1 2 Paris 8e 1 4
Valenciennes. 1 2 Paris 10e 1 2
Villefranche (Rh.). 1 2 Paris 11e 1 2
ÉCOLES DE MIDI.

Il n’y a que les 2 écoles et 4 classes de Lille.

Celles de Paris ont été remises de 5 à 7 heures du soir.


Nota. Le nombre des élèves, tant des nouvelles classes d’enfants que de celles d’adultes, est proportionnellement le même que celui des anciennes, c’est-à-dire environ 90 pour chacune des premières, et 45 pour chacune des autres.

En 1833, il n’y avait que 229 établissements ; savoir, 219 en province et 10 à Paris.

Depuis cette époque, les frères ont perdu celui de Gignac, mais ils en ont formé 25 autres : presque tous sont fondés par des bienfaiteurs, ou soutenus par des souscriptions. Deux (Mâcon et Saint-Dié) avaient existé avant la révolution de Juillet.


  1. Voir à la fin de ce chapitre, page 87, le tableau progressif de leurs écoles.
  2. M. Guizot, en 1833
  3. Alby, il y a aujourd’hui, en 1836, 5 classes et 245 élèves.
  4. Bastia, il y a aujourd’hui 7 classes.
  5. Beauvais, il y a aujourd’hui 5 classes.
  6. Belley. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  7. Blois. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  8. Voyez à la fin.
  9. Bordeaux, 1re m. Il y a aujourd’hui 13 classes.
  10. Boulogne. Il y a une classe de plus pour les enfants qui travaillent à l’atelier des filets.
  11. Bourbon (Île), il n’y a plus que 3 classes à Saint-Denis, mais on a formé deux autres établissements, dont il sera parlé en son lieu.
  12. Caen. Il y a aujourd’hui 8 classes.
  13. Cahors. Il n’y a plus que 3 classes.
  14. Calais. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  15. Carcassonne. Il y a aujourd’hui 8 classes.
  16. Castelnaudary. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  17. Cette. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  18. Coutances. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  19. Crémieux. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  20. Falaise. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  21. Gignac. Cette maison a été supprimée en septembre 1833 faute de fonds.
  22. Grenoble. Il y a aujourd’hui 11 classes.
  23. Lille. Il y a aujourd’hui 17 classes.
  24. Limoges. Il y a aujourd’hui 7 classes.
  25. Lyon. Il y a aujourd’hui 35 classes.
  26. La Guillotière. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  27. Marseille, 1re maison. Il y a aujourd’hui 18 classes.
    Marseille, 2e maison. Il y a aujourd’hui 12 classes.
  28. Metz. Il n’y a plus que 9 classes.
  29. Montbrison. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  30. Mont-de-Marsan. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  31. Montpellier. Il y a aujourd’hui 13 classes.
  32. Nancy. Il y a aujourd’hui 6 classes.
  33. Nantes. Il y a aujourd’hui 17 classes.
  34. Nîmes. Il y a aujourd’hui 17 classes.
  35. Noyon. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  36. Orléans, 1re maison. Il y a aujourd’hui 13 classes.
  37. Pamiers. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  38. Périgueux. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  39. Poitiers. Il y a aujourd’hui 7 classes.
  40. Quimper. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  41. Rabastens. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  42. Rennes. Il y a aujourd’hui 10 classes.
  43. Riom. Il y a aujourd’hui 6 classes.
  44. Romans. Il y a aujourd’hui 6 classes.
  45. Roubaix. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  46. Rouen. Il y a aujourd’hui 18 classes.
  47. Saint-Brieuc. Il y a aujourd’hui 6 classes.
  48. Saint-Denis. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  49. Saint-Dizier. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  50. Saint-Étienne. Il y a aujourd’hui 24 classes.
  51. Saint-Sever. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  52. Saumur. Il n’y a plus que 2 classes.
  53. Tarare. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  54. Toulon. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  55. Toulouse. Il y a aujourd’hui 23 classes.
  56. Tourcoing. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  57. Tours. Il y a aujourd’hui 8 classes.
  58. Valence. Il y a aujourd’hui 5 classes.
  59. Versailles, n°1. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  60. Vitry. Il y a aujourd’hui 4 classes.
  61. Vire. Il y a aujourd’hui 3 classes.
  62. 6e arrondissement. Il y a aujourd’hui 10 classes.
  63. Non compris les directeurs qui, placés à la tête des établissements un peu considérables, sont suffisamment occupés à la surveillance générale, et ne peuvent faire de classe.
  64. Bolbec. 80 Élèves viennent 3 fois par semaine pour apprendre leur catéchisme. Ils se préparent à la 1re communion. 60 élèves viennent les trois autres jours pour lire, écrire, etc.




Aube ; ville de Troyes. — Les écoles des frères sont dans un état florissant, surtout depuis que le conseil municipal a retranché du budget de la ville l’allocation qui était votée chaque année pour les soutenir.

Cher ; arr. de Bourges, cant. de Bourges. — La dotation des frères a été maintenue, pour 1834, à la majorité d’une seule voix. La lutte ne peut manquer de se renouveler pour 1835. On n’allègue rien de particulier contre les frères de Bourges, c’est l’institut même qu’on attaque.

« Corrèze ; arr. de Brives, cant. de Brives. — L’école des frères de la doctrine chrétienne est très-bien tenue. Toutefois, il nous a paru que la classe où se réunissent les commençants est beaucoup trop nombreuse. Cent soixante-quinze enfants sont très-gênés dans la salle qui est consacrée à cette classe ; et, bien qu’un quatrième frère en fasse passer un certain nombre dans une autre pièce, pendant une partie du temps que dure la classe, nous n’en pensons pas moins qu’un tel encombrement peut avoir de graves inconvénients, surtout pendant les chaleurs. Soixante-dix ou tout au plus quatre-vingts élèves seraient un nombre suffisant pour chaque maître ; on ne saurait d’ailleurs donner trop d’éloges à la conduite et au zèle des instituteurs.

Doubs ; arr. de Besançon, ville de Besançon. — Dans les classes des frères, les élèves sont en trop grand nombre pour le local et pour les soins que chaque maître peut leur donner. Elles sont en général peu convenables et mal éclairées.

Haute-Vienne ; arr. et cant. de Limoges. — Les trois écoles de l’institut des frères de Saint-Yon réunissent à elles seules huit cents jeunes gens. L’humanité exige qu’il soit pris des mesures, ou pour empêcher l’affluence des élèves dans ces écoles, ou pour empêcher de les admettre.

Ain ; arr. de Belley, cant. de Belley. — On doit signaler, parmi les écoles primaires de Belley, celle des frères de la doctrine chrétienne, vraiment remarquable sous tous les rapports, et sans contredit la meilleure. Il a fallu l’occasion d’une inspection générale pour la faire connaître et la tirer de l’obscurité où elle est restée jusqu’alors. Le conseil municipal, présent à l’inspection, a été à portée de juger ce que vaut cette école, d’après l’ordre et la discipline qui y régnent, mais surtout par les réponses des élèves aux diverses questions qui leur ont été faites sur toutes les parties de l’enseignement primaire qui ne laisse rien à désirer dans l’école, à raison de l’extension, de la variété et du bon choix des méthodes, des excellents principes de lecture et d’écriture, analyse grammaticale de la phrase ; l’arithmétique dans toutes ses parties, éléments de géométrie, toisé des surfaces, principes d’architecture, dessin linéaire, géographie, histoire, ont offert un plan d’instruction élémentaire complet. Le conseil municipal en est resté dans l’admiration et a regretté sincèrement de n’avoir pas visité plus tôt un établissement dont les progrès marquants font concevoir de si belles espérances.

Ariège ; arr. de Pamiers, cant. de Pamiers et de Saverdun. — Quelques écoles du deuxième degré, quoique plus rares, offrent des améliorations sensibles. Celle des frères surtout, à Pamiers, est dans la voie la plus large de l’accroissement, tant sous le rapport du nombre que sous celui de l’instruction. Les élèves, chez eux, font des progrès très-rapides ; ils tracent presque toutes les figures de géométrie avec beaucoup d’adresse, ils reçoivent des leçons d’architecture ; ils calculent avec beaucoup de facilité, analysent très-bien la grammaire, peignent avec goût et netteté, et décrivent avec une grande précision le périmètre de l’Europe et de la France ; ils ont seulement conservé l’ancienne épellation avec tous ses défauts. J’espère qu’ils y substitueront bientôt une méthode plus rationnelle, et qui soit plus en harmonie avec celle que l’on suit dans les écoles les plus florissantes. Au reste, à l’exception de deux ou trois, cette méthode a été suivie jusqu’à ce jour par tous les instituteurs ; cela ne m’empêchera pas de demander pour les frères des récompenses et des encouragements que méritent si bien leur zèle, leurs efforts, et surtout l’oubli dans lequel ils ont été jusqu’à ce jour.

Aveyron ; arr. de. Villefranche, cant. d’Asprières. — Les frères des écoles chrétiennes, ces instituteurs modestes, dont on ne connaît pas les noms, que l’on connaît à peine de vue, font beaucoup de bien dans le pays. L’état de leur enseignement m’a paru meilleur que dans les autres écoles. Le frère Anthyme, directeur, est un homme de tête et de mérite ; j’ai cru me trouver dans une famille, tant les enfants sont traités avec bonté.

Côtes-du-Nord ; arr. de Dinan. — Partout les écoles des frères ont obtenu une incontestable supériorité, et sont devenues promptement florissantes. Toutes se recommandent à la confiance publique par la bonne tenue, par la régularité des exercices, par la propreté des cahiers des élèves ; il faut ajouter : et par l’autorité que donne aux maîtres une vie régulière et pure, un zèle que soutiennent constamment les motifs les plus élevés, et aussi une position en quelque sorte indépendante à l’égard du public.

Haute-Garonne ; arr. de Villefranche, cant. de Revel. — Sur sept écoles, il n’y en a qu’une qui soit florissante : c’est celle que dirigent, au chef-lieu, les frères de la doctrine chrétienne. Cette école, comme presque toutes celles du même genre, est remarquable par l’ordre et l’ensemble qui président aux divers exercices. L’enseignement y est assez élevé ; il comprend, outre les notions ordinaires, la grammaire française, les éléments de la géométrie pratique et le dessin linéaire.

Loire ; arr. et cant. de Saint-Étienne. — Les frères de la doctrine chrétienne, établis depuis long-temps dans le chef-lieu, y ont une prépondérance et des succès marqués. Leur personnel est bien composé, et sans cesse instruit et tenu en haleine par un chef extrêmement habile et zélé, le frère Dugave.

Moselle ; ville de Metz. — Les services que rendent partout les écoles des frères sont incontestables ; mais elles conservent encore quelques pratiques qui pourraient être modifiées : de demi-heure en demi-heure on interrompt la classe pour faire une prière. J’ai vu aussi les enfants se succéder, par groupes de trois ou quatre à un prie-dieu isolé, où ils passaient six ou huit minutes à dire, à voix basse, un rosaire. La messe tous les jours, et une prière à l’entrée et à la sortie ne suffiraient-elles pas ? — Quant à l’enseignement, celui des frères a dû se ressentir de l’impulsion donnée depuis trois ans : les livres publiés par la congrégation me semblent meilleurs, excepté les alphabets ; mais les matières de l’enseignement sont encore les mêmes, à Metz, du moins, où je ne vois ni dessin linéaire, ni géographie ; la calligraphie est la partie la mieux soignée ; enfin, les écoles sont sensiblement moins en progrès que celles de Sedan, Charleville et surtout de Réthel, que j’ai visitées cette année.

Nord ; arr. de Cambrai, cant. de Cambrai (ouest). — L’école des frères de la doctrine chrétienne, à Cambrai, est une des meilleures que l’on puisse trouver.

Hérault ; arr. de Béziers, cant. de Pézenas. — On aurait tort, ce me semble, de respecter, plus qu’il ne convient, les statuts de la congrégation des frères ; outre que ces statuts peuvent ne plus être en rapport avec les mœurs de l’époque, les frères sont bien autorisés à tenir des pensionnats, et on ne voit pas trop comment on serait empêché à recevoir d’une main quand on reçoit de l’autre.

Maine-et-Loire ; arr. d’Angers. — Les frères, ostensiblement, n’ont aucune opposition contre le régime universitaire, en tant que leurs constitutions particulières le leur permettent ; car c’est pour eux la loi suprême. C’est peut-être par suite de cet attachement qu’ils ont refusé les livres envoyés par l’Université, et qu’ils se sont obstinés jusqu’à ce jour à ne pas faire connaître à l’Académie leurs nombreuses mutations par lettres d’obédience, d’où il résulte une impossibilité matérielle de connaître le personnel de ces établissements.

Jura ; arr. de Lons-le-Saulnier, cant. d’Orgelet. — Les frères de Marie, qui dirigent actuellement l’école d’Orgelet, sont loin d’avoir les connaissances nécessaires pour l’enseignement primaire supérieur.

Mayenne ; arr. de Château-Gonthier. — Les frères de Pruillé, fiers de la protection du pasteur, n’appréhendent, nulle part, l’établissement d’un instituteur même très-capable et de bonne conduite, qui recevrait le traitement de la commune. L’influence déclarée et secrète du curé aurait bientôt fait perdre à celui-ci la confiance des parents. La loi qui lui confie une partie de la surveillance des écoles primaires, est considérée, par le clergé, comme n’ayant aucun but politique. Il espère en faire un moyen d’augmenter son influence dans les communes, et ne s’oppose point à son exécution.

Loire ; arr. de Saint-Étienne, cant. du Saint-Chamond. — L’abbé Champagnat, né dans les hautes collines, au sein du Forez, avait remarqué que les communes de cette contrée étaient entièrement dépourvues de moyens d’instruction primaire ; fait prêtre, il y a une vingtaine d’années, il tourna toutes ses vues vers ce besoin de la société, et, pendant qu’il s’établissait des couvents de sœurs, pour la plupart fort ignorantes, qui enseignaient les deux sexes, il formait, de sa fortune et de ses soins, des instituteurs pour les garçons ; son école normale prenait de l’accroissement et inspirait de la confiance ; il donna un costume à ses élèves-maîtres ; et il vint avec eux bâtir une maison dans la commune de Saint-Martin-en-Coailleux, où il s’occupe à former de nouveaux sujets ; où, pendant quinze jours de vacances, il réunit tous les instituteurs, les forme, par un cours normal, à des améliorations successives. L’inspecteur les a vus deux fois dans ces exercices ; il a lu leurs statuts, il n’y a trouvé rien que de très-louable. Dans sa tournée, il a examiné avec un soin spécial les écoles qu’ils dirigent dans l’arrondissement, au nombre de six ; il y a vu partout un ordre aussi parfait que dans les écoles chrétiennes, de très-bonnes méthodes, et un enseignement qui, à Bourg-Argental, sera bientôt du premier degré, et nulle part il ne l’a vu au-dessous du troisième. — Cet institut a un avantage particulier, c’est qu’il consent à n’envoyer que deux frères à la fois, et il se contente, pour chacun d’eux, de 400 francs, dont encore une partie, ou même la totalité peut se composer de la rétribution mensuelle ; il permet à un frère de se détacher de son compagnon pour aller faire la classe dans une commune ou hameau voisin. De sorte qu’il est très-peu onéreux pour les communes, et que l’habit religieux qu’il porte lui acquiert tout d’abord la confiance des curés, et par ceux-ci celle des familles.

Il y a plus, ces frères ne rejettent ni l’enseignement mutuel, ni les cultes différents du leur, ni la charte, ni les lois ; ils ne s’occupent que de Dieu et de l’instruction et de l’éducation populaire.

Haute-Loire ; arr. de Le Puy, cant. de Pradelles. — Les frères du Sacré-Cœur ont été institués dans ce département par un missionnaire nommé Coindre, il y a environ dix ou douze ans ; ils reçoivent un traitement fixe de la commune, auquel ils joignent la rétribution mensuelle de leurs élèves. Leurs principales maisons de noviciat sont à Vals, près Le Puy, où il y a une maison de jésuites, à Monistrol-l’Evêque et à Lyon. Ils sont peu instruits.