Sur une statue de l’occasion et de la repentance


Poèmes Divers
Traduction par Édouard Ducoté.
Librairie de l’Art indépendant (p. 4-5).

SUR UNE STATUE DE l’OCCASION ET DE LA REPENTANCE


De qui est ce travail ? — De Phidias, auteur aussi de la statue de Pallas et de celle de Jupiter ; je suis son troisième chef-d’œuvre. Je suis cette déesse, rare et que peu connaissent, l’Occasion. — Pourquoi te tiens-tu debout sur une roue ? — Je ne saurais rester en place. — Pourquoi porter ces talonnières ? — J’ai les ailes de l’oiseau. Ce qu’il plaît à Mercure de favoriser, je le retarde à ma guise. — Des cheveux voilent ton visage. — Je ne veux pas être connue. — Hé ! mais ta tête est chauve par derrière. — De crainte qu’on ne me retienne dans ma fuite. — Quelle est cette compagne qu’on t’a donnée ? — Qu’elle te le dise. — Dis, je t’en prie, qui es-tu ? — Je suis une déesse que Cicéron lui-même n’a pas nommée. Je suis une déesse qui punit l’acte accompli et le désir irréalisé afin qu’on se repente. Aussi je m’appelle Repentance. — Toi maintenant dis : que fait-elle en ta compagnie ? — Si parfois je m’envole, elle demeure ; ceux à qui j’ai échappé la retiennent. Toi même tandis que tu questionnes, tandis que tu perds du temps à interroger, tu diras que je t’ai glissé des mains.