La voix du canon résonne,
L’air, tout empoudré, frissonne :
Serrez vos rangs ! mes enfants !
C’est le cri de la mêlée
Et l’écho de la vallée
Répète : Serrez vos rangs !
On marche au pas gymnastique,
La fièvre se communique
Par les yeux étincelants.
On croise la baïonnette
Et chaque officier répète :
En avant ! Serrez vos rangs !
On avance… La mitraille
Fait la part de la bataille,
On enjambe les mourants.
Gloire à celui qui succombe !
Dit le commandant qui tombe
En criant : Serrez vos rangs !
Commandant et capitaine
Sont là, couchés dans la plaine,
Il reste les lieutenants.
Allons ! dit l’un d’eux qui crie :
Pour l’honneur et la patrie !
Avancez ! Serrez vos rangs !
Le plomb crève les poitrines,
Le sang creuse des ravines.
La rude voix des sergents
Couvre l’ouragan des balles,
On entend, par intervalles :
Sacrebleu ! Serrez vos rangs !
Sans officiers et sans guides,
Ils avancent… intrépides.
Un caporal de vingt ans,
Rassemblant les escouades,
Leur dit : Allons, camarades,
Pour mourir… Serrez vos rangs !
Sous les éclats de la foudre
On vit tomber, noir de poudre,
Le dernier de ces vaillants,
Il cria : Vive la France !
Et l’écho répondit : France !…
En avant !… Serrez vos rangs !…
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