Sur la contestation entre le sonnet d’Uranie et de Job. Sonnet

Sur la contestation entre le sonnet d’Uranie et de Job. Sonnet
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 125-126).

 

Sur la contestation entre le sonnet d’Uranie et de Job.

XXXVII

Sonnet.

La querelle littéraire qui s’éleva au sujet du sonnet d’Uranie par Voiture et de celui de Job par Benserade commença dans les premiers jours de l’hiver de 1649 et continua jusqu’en 1650. Elle a donné lieu à un grand nombre de pièces, qui ont été recueillies en 1653 dans la première partie des Poésies choisies de Sercy, où les trois morceaux qui suivent ont paru avec la signature de Corneille (p. 399-402)[1]. En publiant toute cette petite polémique poétique, Sercy, dans un avis intitulé : Le Libraire au Lecteur (p. 374), annonce que s’il n’a pas imprimé les sonnets mêmes qui font l’objet du débat, « c’est qu’ils sont si communs, et qu’ils ont été mis au jour en tant d’endroits, qu’il n’y a personne qui ne les sache, ou ne les ait vus. » Aujourd’hui qu’on ne les a plus sous la main, nous avons jugé utile de les placer dans l’Appendice. Les personnes qui voudront connaître tout le détail de cette contestation peuvent consulter, outre les Poésies choisies de Sercy, l’Histoire de la guerre des Uranins et des Jobelins (tome I, p. 116 et suivantes des Mémoires de littérature [par Sallengre], la Haye, 1715), et surtout l’Histoire de deux sonnets, par M. Eugène de Beaurepaire (Revue de Rouen, 20e année, p. 129 et suivantes). Des trois petites pièces de Corneille, Sallengre paraît n’avoir connu que la seconde (notre numéro XXXVIII).


Demeurez en repos, frondeurs et mazarins,
Vous ne méritez pas de partager la France :

Laissez-en tout l’honneur aux partis d’importance
Qui mettent sur les rangs de[2] plus nobles mutins.

Nos Uranins ligués contre nos Jobelins 5
Portent bien au combat une autre véhémence ;
Et s’il doit s’achever de même qu’il commence,
Ce sont Guelfes nouveaux, et nouveaux Gibelins.

Vaine démangeaison de la guerre civile,
Qui partagiez naguère et la cour et la ville, 10
Et dont la paix éteint les cuisantes ardeurs[3],

Que vous avez de peine à demeurer oisive,
Puisqu’au même moment qu’on voit bas les frondeurs,
Pour deux méchants sonnets on demande[4] : « Qui vive ? »


  1. On trouve aussi une copie de ces trois pièces de poésie de Corneille dans un manuscrit de la Bibliothèque impériale (fonds français, n° 12680) ; dans cette copie les pièces XXXVII et XXXIX de notre édition sont signées Corneille, la pièce XXXVIII est anonyme.
  2. Des, dans la copie manuscrite mentionnée plus haut (p. 125, note 1).
  3. L’accommodement conclu à Rueil le 11 mars 1649 avait apaisé pour un temps les troubles de la Fronde, sans qu’aucun des partis eût satisfaction.
  4. Vous demandez, dans la copie manuscrite.