Statistique religieuse aux États-Unis

STATISTIQUE


RELIGIEUSE DES ÉTATS-UNIS EN 1830.

On n’a rien publié jusqu’ici sur l’état des religions professées dans les États-Unis d’Amérique ; la notice suivante, due à un jeune missionnaire lyonnais, de la Nouvelle-Orléans, méritait à cet égard de trouver place dans la Revue.

L’union américaine ne fut primitivement composée que des colonies anglaises ; la Louisiane, qui appartenait à la France, n’y a été réunie qu’en 1803, et la Floride, que possédèrent tour à tour les Français, les Anglais et les Espagnols, ne fit partie de l’Union qu’en 1820. Les habitans de ces deux contrées étaient catholiques, tandis que le reste des États-Unis était protestant.

La population actuelle des États-Unis est de plus de 12,000,000 d’habitans sans parler des peuplades sauvages, dont le nombre s’élève à 300,000 individus. Le Michigan seul en renferme près de 30,000. La population des colonies anglaises qui avaient secoué le joug de la métropole n’était en 1783 que de 3,000,000 seulement.

Nous parlerons d’abord de quelques-unes de ces colonies en particulier. Nous dirons à quelle époque et par qui elles furent fondées, et quelles lois y étaient en vigueur. Nous dirons ensuite un mot du catholicisme et des principales sectes qui divisent le protestantisme aux États-Unis.

La Virginie a été peuplée par des Anglais qui vinrent s’y établir en 1610, sous la conduite de lord Delaware, avec les lois civiles et religieuses de leur mère-patrie.

Le New-Yorck et le New-Jersey ont d’abord été habités par des Hollandais en 1614 ; ils furent ensuite conquis par les Anglais en 1664.

Les Anglais s’établirent en 1623, dans le New-Hampshire, et en 1628, dans le Massachusset ; en 1627, ils avaient pris le Delaware sur les Hollandais, et ils y établirent aussi leurs lois et leur religion.

En 1632, lord Baltimore conduisit une colonie dans le Maryland, dont le roi Charles Ier lui avait concédé le territoire : il y accorda la liberté de conscience ; mais en 1654, Cromwel en fit exclure les catholiques.

En 1635, le Connecticut fut concédé au comte de Warvick ; des puritains s’y établirent, et mirent en vigueur les lois contre les catholiques.

Vers la même année, William Roger, ministre puritain, s’établit dans le Rhode-Island. La Caroline échut au roi Charles ii ; il la céda en 1662, à lord Clarendon, et deux ans après il lui donna aussi la Géorgie ; des Anglais en furent les premiers habitans.

En 1681, Charles ii donna la Pensylvanie à Guillaume Penn, qui s’y transporta avec une troupe de quackers dont il était chef. Il y établit la liberté de conscience.

Les États de l’intérieur, comme le Kentucky, le Tennesée, l’Ohio, n’ont été peuplés que depuis la déclaration de l’indépendance, et par conséquent sous l’influence de la liberté de conscience.

La religion catholique n’était tolérée que dans la Pensylvanie et le Maryland. Les colonies avaient le droit de s’administrer elles-mêmes sous la surveillance du gouvernement, mais les catholiques étaient exclus de toutes les fonctions publiques.

Nous ne parlons pas de la Floride, car lorsqu’en 1820 elle passa au pouvoir des États-Unis, plus de la moitié de la population émigra dans l’île de Cuba, et il ne resta pas quatre à cinq mille habitans.

La Louisiane ayant appartenu à l’Espagne et à la France, était toute catholique ; mais depuis sa réunion aux États-Unis elle est inondée d’une foule d’émigrans qui y sont venus des autres provinces de l’Union.

Il n’y a guère que cinq cent mille catholiques dans les États-Unis. Cependant aucune des sectes qui y sont répandues ne peut se vanter d’avoir un aussi grand nombre d’affiliés. Déjà onze diocèses sont établis depuis vingt ans, et leur nombre va toujours en augmentant. Nous en donnons ici le tableau.


NOMS DES ÉVÊCHÉS. catholiques prêtres
1o Évêché de Baltimore, érigé par un bref du pape Pie vi, en 1789. Pie vii en fit un archevêché en 1808. Ce diocèse renferme l’état de Maryland et le district de Colombie, où est la ville de Washington. Il y a 
80,000 52
2o Évêché de la Nouvelle-Orléans, établi par Pie vii en 1794. Il est composé des états de la Louisiane et du Mississipi. Il renferme, avec celui de S.-Louis qui en a été démembré 
100,000 80
3o Évêché de New-Yorck, érigé en 1808, formé de l’état de New-Yorck et la moitié du New-Jersey. Il compte environ 
180,000 20
3o Évêché de New-Yorck, érigé en 1808, formé de l’état de New-Yorck et la moitié du New-Jersey. Il compte environ 
180,000 20
4o L’évêché de Boston, érigé en 1808, renferme les états de Massachusset, Connecticut, Rhode-Island, Vermont, New-Hampshire et le Maine. Il renferme 
15,000 8
Dans le Massachusset, le gouvernement a établi un impôt particulier pour payer les ministres de tous les cultes dans la proportion de leurs religionnaires.
5o Le diocèse de Philadelphie, érigé en 1808, est formé de la Pensylvanie, du Delaware et de la moitié du New-Jersey. Il compte 
35,000 18
6o L’évêché de Bardstown, érigé en 1808, formé des états du Kentucky, du Tennessee, de l’Indiana et de l’Illinois. Il renferme 
30,000 21
7o L’évêché de Charlestown, érigé en 1820, formé des deux Carolines et de la Géorgie 
110,000 10
8o Le diocèse de Cincinnati, créé en 1821, formé de l’état de l’Ohio, du Michigan et du nord-ouest 
30,000 18
9o Le diocèse de la Mobile, érigé en 1829 par le pape Léon xii, est composé de l’Alabama et de la Floride. Il a 
8,000 10
Les deux évêchés restans sont ceux de S.-Louis et du Michigan, administrés par les évêques de la Nouvelle-Orléans et de Cincinnati.
Total 
508,000 257

Le protestantisme dans les États-Unis d’Amérique se divise en un nombre considérable de sectes différentes, par le principe de l’indépendance absolue de la raison humaine, et tous les jours il se forme des subdivisions infinies de ces doctrines. Les principales sectes sont :

Luthériens proprement dits, épiscopaux, quackers, presbytériens, unitaires, universalistes, sacramentaires, adamites, préadamites, méthodistes, suedemburgiens, anabaptistes, schakers, générationistes, Moraves, Irvaners, Jumpers, Zunckers, calvinistes, anti-presbytériens, anti-prédestinatiens, anabaptistes du samedi et ceux du dimanche, les Moraves iconoclastes, et ceux qui adorent les images, etc. etc.

À New-Yorck, il n’y a que quatre églises pour plus de trente mille catholiques, et il y a quatre-vingts temples pour cent soixante mille protestans ou sectaires ; car il suffit qu’il y ait mille individus d’une secte pour obtenir la construction d’un temple.

Les Américains regardent la religion comme une affaire de mode et de convenance ; ainsi il y a des sectes pour les hautes classes de la société, il y en a pour les bourgeois, et d’autres pour le peuple ; il y en a même pour les basses classes : les nègres et les mulâtres, par exemple, sont tous méthodistes. Si un homme a de la fortune, de l’éducation, s’il occupe quelque emploi élevé, on peut en conclure qu’il appartient à l’église épiscopale, ou au moins qu’il est presbytérien, quacker ou unitaire. Il ne conviendrait pas plus à un pauvre homme d’être membre de l’une des sectes réservées à l’aristocratie, que d’avoir un équipage et des laquais. Le haut prix auquel se louent les bancs dans les temples épiscopaux, presbytériens, etc., en éloigne les gens peu fortunés, qui, d’ailleurs, n’oseraient pas se mêler avec les gens de qualité. Au surplus, la secte des méthodistes est la plus populaire et la plus nombreuse.