Stances (Corneille, III)

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Stances (Corneille, III)
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 170-171).
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LXI

Stances.

Ces stances ont été publiées pour la première fois à la page 93 de la cinquième partie des Poésies choisies de Sercy. La page 94 est occupée par deux madrigaux dont nous avons pu déterminer la date et que nous avons placés plus haut, p. 150-152. On ne sait pas qui Corneille désigne sous le nom de Caliste.


Caliste, lorsque je vous voi,
Dirai-je que je vous admire ?
C’est vous dire bien peu pour moi,
Et peut-être c’est trop vous dire.

Je m’expliquerois un peu mieux 5
Pour un moindre rang que le vôtre :
Vous êtes belle, j’ai des yeux,
Et je suis homme comme un autre.

Que n’êtes-vous, à votre tour,
Caliste, comme une autre femme ! 10
Je serois pour vous tout d’amour,
Si vous n’étiez point si grand’dame.

Votre grade[1] hors du commun
Incommode fort qui vous aime,
Et sous le respect importun 15
Un beau feu s’éteint de lui-même.

 
J’aime un peu l’indiscrétion
Quand je veux faire des maîtresses ;
Et quand j’ai de la passion,
J’ai grand amour pour les caresses. 20

Mais si j’osois me hasarder
Avec vous au moindre pillage,
Vous me feriez bien regarder
Le grand chemin de mon village.

J’aime donc mieux laisser mourir 25
L’ardeur qui seroit maltraitée,
Que de prétendre à conquérir
Ce qui n’est point de ma portée.


  1. Votre rang, comme il est dit ci-dessus au vers 6. Voyez tome I, p. 419, note 1, et le Lexique.