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que vous le desirerez. — Hélas ! je ne sais ce que je dois desirer, excepté le rétablissement de cette sécurité intérieure, qui même, au milieu des chagrins les plus amers, me soutenait et me consolait, et qui ne s’est éloignée de moi que depuis vingt-quatre heures.

Si l’on vous persuadait que vous avez eu tort, seriez-vous encore déterminée à persister dans votre résolution ? — Si je savais, si je voyais, s’écria-t-elle vivement, le vrai chemin que je dois suivre, je n’hésiterais pas un moment à le prendre ; mon cœur ne serait point consulté… Rien ne me coûtera pour regagner ma propre estime. Quels peuvent donc être vos doutes ? Pour vous retrouver dans le même état où vous étiez hier, il ne faut que le vouloir. Hélas ! tout s’y oppose, la justice, l’honneur ; tout ce qui lie les honnêtes gens, et tout ce que ceux qui ont quelque délicatesse regardent comme sacré. — Ces scrupules sont romanesques. Si votre bon sens n’était ni gêné, ni offusqué, il les condamnerait sans hésiter :