Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 67-69).

XLV.

ACMÉ ET SEPTIMIUS.


Pressant contre son sein Acmé, ses amours, Septimius lui disait : « Ô mon Acmé ! si je ne t’aime éperdument, si je cesse de t’aimer jusqu’à mon dernier soupir autant qu’un amant peut adorer sa maîtresse, puissé-je errer seul et sans défense dans la Libye, dans l’Inde brûlante, exposé à la rencontre des lions dévorans ! » Il dit ; et l’Amour, jusqu’alors contraire à ses vœux, applaudit à son serment.

Alors Acmé, la tête mollement inclinée, et pressant de ses lèvres de rose les yeux ivres d’amour de Septimius : Cher Septimius, ô ma vie ! s’il est vrai, dit-elle, que le feu qui brûle dans mes veines est plus fort, plus ardent que le tien ; ne servons jusqu’à la mort qu’un seul maître, et que ce soit l’Amour. » Elle dit ; et l’Amour, long-temps contraire à ses vœux, applaudit à cette résolution.

Maintenant, unis sous des auspices si favorables, toujours aimant, toujours aimés, le tendre Septimius préfère son Acmé à tous les trésors de la Syrie et de la Bretagne ; et la fidèle Acmé trouve dans son Septimius toute sa félicité, tout son plaisir. Vit-on jamais couple plus heureux, plus comblé des faveurs de Vénus ?