Pensées sur l’art moderne

Pensées sur l’art moderne (Eenheid, N° 218 (8 août 1914).)
Traduction par Theo van Doesburg.
(p. version-française).


PENSÉES SUR L’ART MODERNE

THEO VAN DŒSBURG.

La Vie se manifeste comme de la Nature et de l’Esprit : l’Art s’occupe de la Vie.

L’Art des siècles passés, des Égyptiens, des Grecs et des Renaissancistes était pour trois quarts de la Nature.

Les artistes partaient de la Nature visible. Dans les périodes les plus meilleures on tâchait de pénétrer plus profondément dans la Nature.

Partant de la Nature visible on créa toute une Culture de la Forme extérieure périssable. La Nature Intérieure-non visible — (l’Esprit) fut symbolisés par des accessoires : dans les plis d’un costume, dans une fleur, un animal (une colombe, un lézard etc.) un objet. Le sujet était principalement : l’Homme.

L’Art partant de l’Homme ne peut refléter par soi-même rien d’autre que l’Homme.

Tout plus l’artiste copiait la Nature-indifféremment du sujet qu’il traitait-sans y mêler soi-même c. à. d.  l’homme tant moins l’œuvre valait comme de l’Art.

L’Époque ou la Nature Visible était le point de départ se prolonge jusqu’au dix-neuvième siècle et peut être considéré comme l’Âge de la Peinture Objective.


L’Art du XIXe siècle quel eut son siège en France et choisit pour devise ; la Nature vue à travers le tempérament est la transition de la peinture subjective.

Maintenant l’Art moderne tâche de créer une Culture de la Forme intérieure. Il part de la Nature invisible-l’Esprit. Chez ce la Nature (visible) est devenue comme la Conception.

Il travaille de dedans vers dehors au lieu de dehors vers dedans. Dans quoi il est déjà précédé par la Littérature (Dostoïevsky, Wilde etc.) et par la Musique van Beethoven).

L’Art moderne est plus de l’Art que l’Art antique parcequ’il est moins de la Nature. Par les siècles la Nature n’a été qu’une béquille avec laquelle l’art marchait vers l’Humanité.

Dans le XXe siècle il a lancé sa béquille ; il veut aller tout seul sans béquille.

Alors cette époque laquelle est commencé aujourd’hui doit être nommée l’époque de la Peintura Subjective.

Ne marchant que par cette voie la Peinture peut être indépendante. Ne marchant que par cette voie la Peinture peut attendre son but et devenir comme la Musique une langue internationale qui parle de dehors jusqu’à l’intérieur des Hommes.


Fut vers l’expression de Michelet la Renaissance la révélation du monde et de l’homme, la Renaissance nouvelle, le XXe siècle est : — la Révélation du ciel et de l’âme.


(À l’invitation de l’Union Internationale des Beaux Arts et des Lettres Paris)


Amsterdam, 1914.