Nostromo/Troisième partie/Chapitre V

Troisième partie
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La populace enfiévrée s’était saisie, pendant la nuit, de tous les clochers de la ville, pour souhaiter la bienvenue à Pedrito Montero, qui faisait son entrée à Sulaco, après avoir couché à Rincon.

La porte de la campagne vit passer d’abord une foule bigarrée, hommes en armes de toutes les couleurs, de tous les teints, de tous les types, vêtus de guenilles disparates, qui s’intitulaient Garde Nationale de Sulaco, et marchaient sous les ordres de Señor Gamacho. Comme un torrent de scories, dévalait au milieu de la chaussée une masse de chapeaux de paille, de ponchos, de canons de fusils, dominés par un énorme drapeau jaune et vert, qui battait dans un nuage de poussière, au furieux pas de charge des tambours. Les spectateurs se serraient contre les murs des maisons en poussant des vivats.

Derrière la canaille, on voyait les lances de la cavalerie de « l’armée » de Pedro Montero. Il s’avançait lui-même, entre les Señores Fuentès et Gamacho, à la tête de ses hommes, qui avaient accompli l’exploit de traverser, au milieu d’une tempête de neige, les Paramos de l’Higuerota. Ils allaient par quatre, sur des chevaux volés dans le Campo, vêtus d’étranges costumes trouvés dans les boutiques pillées au bord des routes, au hasard de leur course rapide dans la partie septentrionale de la Province, car Pedro Montero avait grand’hâte d’occuper Sulaco. Les foulards, noués lâches autour de leur cou nu, paraissaient flambants neufs, et la manche droite de toutes les chemises de coton avait été coupée au ras de l’épaule, pour donner à leur bras plus de liberté dans le jet du lasso. Il y avait des vieillards émaciés, à côté de jeunes gens aux joues creuses et brunes, tous marqués par les rigueurs de la campagne ; ils portaient des lanières de viande crue enroulées autour de leur chapeau, et d’énormes éperons de fer fixés à leurs talons nus. Ceux qui avaient perdu leur lance dans les défilés de la montagne s’étaient pourvus des aiguillons en usage chez les bouviers du Campo, minces tiges de palmier de dix pieds de long munies, sous la pointe de fer, d’un paquet d’anneaux sonores. Ils étaient armés de couteaux et de revolvers. Tous ces visages brûlés exprimaient une intrépidité farouche. Ils jetaient sur la foule le regard hautain de leurs yeux meurtris, ou lançaient vers les fenêtres des œillades insolentes, en se montrant des femmes.

En arrivant sur la Plaza, ils aperçurent la statue équestre du Roi, éclatante de blancheur sous le soleil et, dans son geste éternel de salut, dominant la foule de sa masse énorme et immobile. Un murmure de surprise courut dans leurs rangs.

— Quel est ce saint à grand chapeau ? se demandaient-ils l’un à l’autre.

Ces hommes étaient les dignes représentants des cavaliers des plaines qui, sous les ordres de Pedro Montero, avaient si bien servi la carrière victorieuse de son frère le général.

Élevé dans les villes de la côte, Pedrito avait su prendre rapidement dans l’intérieur de la République, un ascendant singulier. On ne peut attribuer un tel succès qu’à un don remarquable de traîtrise et de dissimulation, qui apparaissait à des gens peu éloignés encore de l’état sauvage comme la marque suprême de la sagacité et de la valeur. La tradition populaire universelle nous montre que la duplicité et la ruse, unies à la vigueur corporelle, furent toujours regardées par l’humanité primitive, plus encore que le courage, comme des qualités héroïques. L’emporter sur un adversaire était la grande affaire de la vie ; le courage, tout le monde en avait, mais l’intervention de l’intelligence éveillait surprise et respect. Les stratagèmes étaient tenus pour honorables, à condition de ne pas être déjoués. Le meurtre facile d’un ennemi sans méfiance ne provoquait que joie, orgueil et admiration. Il n’en faudrait pas conclure, que l’homme primitif fût plus déloyal que son descendant actuel ; il allait seulement droit à son but et faisait plus ingénument du succès son unique règle de morale.

On a changé depuis. Le jeu de l’intelligence éveille peu de surprise et moins de respect. Mais, dans leur barbare ignorance, les habitants des plaines, engagés dans la guerre civile, suivaient volontiers un chef qui, souvent, savait leur livrer un ennemi sans soupçons. Pedro Montero avait le talent d’endormir l’adversaire et de lui faire croire à sa sécurité. Et comme les hommes, toujours fort longs à apprendre la sagesse, sont au contraire éternellement prêts à croire les promesses qui flattent leurs espérances secrètes, Pedro Montero avait, coup sur coup, remporté des succès.

Simple domestique ou fonctionnaire subalterne à la légation parisienne du Costaguana, il l’avait quittée en hâte pour accourir dans son pays, dès qu’il avait appris que son frère sortait de son obscure « commandancia » de frontière. Il avait su, par son talent de causeur, mettre en défaut, dans la capitale, les chefs du parti ribiériste et même le subtil agent de la mine de San-Tomé n’avait pas vu clair dans son jeu. Il avait, du premier coup, gagné sur son frère un ascendant énorme. Ils se ressemblaient d’ailleurs beaucoup, chauves tous les deux, avec des touffes de cheveux crépus au-dessus des oreilles, qui disaient chez eux le mélange de sang nègre. Cependant, Pedro était plus petit, plus affiné que le général, et savait se plier avec un talent simiesque aux formes extérieures de la délicatesse et de la distinction ; il montrait aussi, pour les langues, une disposition de perroquet. La munificence d’un grand voyageur européen, près duquel leur père avait joué le rôle de valet de chambre, pendant ses voyages à l’intérieur du pays, valut aux deux frères une instruction élémentaire suffisante pour aider le général Montero à sortir du rang. Quant au jeune Pedrito, sa paresse et sa négligence incorrigibles l’avaient fait tramer d’une ville à l’autre de la côte, employé dans des bureaux divers, attaché aux étrangers, comme une sorte de valet de place, menant une existence facile et sans scrupules. Ses lectures n’avaient servi qu’à lui bourrer la tête de rêves absurdes, et ses actes étaient en général déterminés par des motifs assez fantaisistes pour échapper à la pénétration d’une personne raisonnable.

C’est ainsi que l’agent de la Concession Gould, à Santa Marta, lui avait d’abord attribué des idées de sagesse et avait cru trouver en lui une pondération propre à réprimer la vanité toujours insatisfaite du général. Il n’aurait pu imaginer qu’un Pedrito Montero, laquais ou scribe de bas étage, eût, sous les combles des divers hôtels parisiens où la légation du Costaguana abritait sa dignité diplomatique, dévoré des ouvrages anecdotiques sur l’histoire de France, tels que les livres d’Imbert de Saint-Amand sur le second Empire. Frappé par la splendeur d’une cour brillante, Pedrito Montero rêvait d’une existence où il pût, comme un duc de Morny, mener de front tous les plaisirs avec la conduite des affaires politiques et jouir de toutes façons du pouvoir suprême. Personne n’aurait pu deviner de tels songes, qui avaient été pourtant l’une des causes immédiates de la révolution montériste. Cette idée paraîtra plus facilement admissible, si l’on réfléchit que les causes profondes en restaient toujours les mêmes : défaut de maturité politique du peuple, indolence des classes supérieures, obscurité intellectuelle de la foule.

Pedrito Montero vit dans l’élévation de son frère un chemin ouvert à ses rêves les plus fous. C’est ce fait même qui rendait irrésistible le pronunciamiento montériste. Peut-être aurait-on pu acheter, apaiser par quelques flatteries, et dépêcher vers l’Europe, en mission diplomatique, le général Montero. Mais son frère l’avait poussé du premier au dernier moment. Il voulait être le plus brillant des hommes d’État de l’Amérique du Sud. Il n’ambitionnait pas le pouvoir suprême, dont les risques et les soucis lui faisaient plutôt peur. Son expérience européenne lui avait appris à désirer tout d’abord une fortune solide. C’était cet objectif qui lui avait fait solliciter et obtenir de son frère, au lendemain de la victoire, l’autorisation de pousser à travers les montagnes pour s’emparer de Sulaco. Sulaco, c’était le pays de la prospérité future, la terre promise aux progrès matériels, la seule province de la République qui intéressât les capitalistes d’Europe. Pedro Montero s’inspirait du duc de Morny, et prétendait à une part de cette prospérité : tel était son but précis. Son frère, dorénavant maître du pays, Président-Dictateur ou même Empereur — pourquoi pas Empereur ? — il entendait, lui, participer aux bénéfices de toutes les entreprises : chemins de fer, mines, plantations de cannes à sucre, moulins de coton, compagnies fermières ; aux dividendes de toutes les sociétés auxquelles il vendrait ainsi sa protection. Son désir d’arriver au plus tôt à Sulaco avait été la cause de sa chevauchée célèbre à travers les montagnes, avec quelque deux cents hommes des prairies, expédition dont son impatience l’avait empêché d’entrevoir nettement le péril. Après une série de victoires, il lui semblait qu’un Montero n’avait qu’à se montrer pour être maître de la situation. Cette illusion l’avait poussé à une imprudence dont il commençait à sentir le danger et, en marchant à la tête de ses hommes, il regrettait leur petit nombre.

L’enthousiasme de la populace le rassurait pourtant ; on criait : « Vive Montero ! », « Vive Pedrito ! » et, pour réchauffer encore l’élan populaire, autant que par amour naturel de la duplicité, il passa, en un geste de parfaite confiance et de grande familiarité, ses bras sous ceux des Señores Fuentès et Gamacho.

C’est dans cette attitude, sur son cheval tenu en bride par un mozo déguenillé de la ville, qu’il traversa triomphalement la Plaza et gagna l’intendance, dont les vieux murs ternes tremblaient des acclamations qui déchiraient l’air et couvraient les volées des cloches de la cathédrale.

Pedro Montero descendit de cheval au milieu des cris de joie d’une foule enthousiaste et suante, que repoussaient brutalement les gardes nationaux loqueteux. Il gravit quelques marches et se retourna pour regarder cette foule immense et attentive. Une brume de poussière lumineuse estompait légèrement les murs percés de balles, sans empêcher de distinguer, à travers la vaste esplanade, le mot Porvenir, dont les énormes lettres noires alternaient avec les fenêtres brisées. Il songeait avec délices à l’heure de la vengeance, dans sa certitude de mettre bientôt la main sur Decoud. À sa gauche, Gamacho, gros, congestionné et velu, épongeait son visage ruisselant et découvrait, dans un ricanement d’hilarité stupide, une rangée de palettes jaunâtres. À sa droite, Señor Fuentès, petit et fluet, gardait les lèvres serrées. Dans la foule, les hommes restaient, au contraire, bouche bée, dans une contemplation ardente, comme s’ils avaient attendu du fameux Pedrito, le grand guérillero, quelques largesses matérielles.

C’est un discours qu’il leur donna, en commençant par le mot « Citoyens ! » qu’il lança de manière à se faire entendre jusqu’au milieu de la place. Après quoi, ce furent ses gestes seuls qui captivèrent l’attention de la majeure partie de la foule : on voyait l’orateur se dresser sur la pointe des pieds, brandir au-dessus de sa tête ses poings fermés, rouler des yeux blancs ; sa main se posait tour à tour familièrement sur l’épaule de Gamacho ou désignait avec déférence la mince silhouette noire de Señor Fuentès, avocat, politicien et véritable ami du peuple. Les vivats des privilégiés qui entendaient l’orateur éclataient brusquement pour se propager irrégulièrement jusqu’aux confins de la foule, et mourir à l’entrée des rues, comme une flamme qui court dans l’herbe sèche. Par instants, un profond silence tombait sur la Plaza grouillante, et des lambeaux de phrases sortis de la bouche mobile parvenaient jusqu’aux marches de la cathédrale, avec un son faible et clair comme un bourdonnement de moustique : « Le bonheur du peuple… Enfants du pays… Le monde entier… El mundo entiero. »

L’orateur se frappait la poitrine et semblait se cabrer, entre ses deux comparses, dans le suprême effort de sa péroraison. Les deux silhouettes minces disparurent alors aux yeux du public, et l’énorme Gamacho, resté seul, s’avança en levant très haut son chapeau au-dessus de sa tête. Puis il se couvrit fièrement, en hurlant : « Ciudadanos ! » tandis qu’une exclamation sourde montait vers Señor Gamacho, ex-colporteur du Campo et Commandant de la Garde Nationale.

En haut, Pedrito Montero parcourait l’une après l’autre, d’un pas rapide, les pièces dévastées de l’intendance. Il grognait rageusement :

— Quelle stupidité ! Quelle destruction !

Et, derrière lui, Señor Fuentès sortait de sa taciturnité pour murmurer :

— Voilà l’ouvrage de Gamacho et de ses gardes nationaux !

Puis, la tête inclinée sur l’épaule gauche, il serrait si fort les lèvres qu’il creusait un pli à chaque coin de sa bouche. Il avait en poche sa nomination de Chef politique de la ville, et se sentait tout impatient d’inaugurer ses fonctions.

Dans la vaste salle d’audience, les projectiles avaient étoilé les hautes glaces ; les tentures étaient déchirées, et le dais qui surmontait l’estrade, au bout de la pièce, était réduit en lambeaux ; à travers les persiennes, le grondement profond de la foule et la voix formidable de Gamacho, qui pérorait sur le balcon, parvenaient aux deux hommes, immobiles dans la pénombre et la dévastation.

— Quelle brute ! siffla Son Excellence don Pedro Montero, à travers ses dents serrées. Il faudra l’envoyer au plus tôt, avec sa Garde Nationale, combattre Hernandez.

Le nouveau Géfé Politico ne répondit que par un petit signe de tête, et tira une longue bouffée de sa cigarette, pour approuver cette façon de débarrasser la ville de Gamacho et de ses bandes encombrantes.

Pedrito contemplait avec dégoût le plancher sali et la litière de décombres. De lourds cadres dorés, dont les débris parsemaient la pièce, gardaient encore çà et là des restes de toiles déchirées et tailladées, qui pendaient comme des guenilles sordides.

— Nous ne sommes pas des barbares, fit-il.

Telles furent les paroles de Son Excellence, le populaire Pedrito, le guérillero versé dans l’art des embuscades, chargé sur sa propre demande, par son frère, de donner à Sulaco une organisation démocratique. La nuit précédente, pendant la conférence avec ses partisans, venus au-devant de lui, à Rincon, il s’était ouvert de ses intentions à Señor Fuentès :

— Nous organiserons un vote populaire, par oui ou par non pour confier les destinées de notre cher pays à la sagesse et à la vaillance de mon héroïque frère, l’invincible général. Un plébiscite, comprenez-vous ?

Et Señor Fuentès, gonflant ses joues basanées, avait doucement incliné la tête à gauche et laissé filer, entre ses lèvres plissées, un jet mince de fumée bleue. Il comprenait.

Son Excellence était exaspérée de la dévastation, qui n’avait pas épargné, dans les pièces d’apparat de l’intendance, une seule chaise, une table, un sofa, une étagère ou une console. Pourtant, malgré la rage qui la faisait bouillir, Son Excellence contenait l’explosion de sa fureur, retenue par une impression d’impuissance et d’isolement. Son héroïque frère était bien loin. Mais comment allait-elle faire sa sieste ?

Épuisé par toute une année de la rude vie des camps, Pedrito avait pensé trouver luxe et douceurs à l’intendance. Il en avait besoin, après les rigueurs et les privations de l’expédition audacieuse contre Sulaco, la Province dont l’influence et la richesse surpassaient celles de tout le reste de la République. Il saurait s’acquitter bientôt envers Gamacho ! Cependant le discours du citoyen Gamacho, chaleureusement accueilli par les oreilles populaires, se poursuivait au milieu de l’éclat brûlant de la place, en cris baroques que l’on aurait dit poussés par un démon de bas étage plongé dans une fournaise ardente. De minute en minute, il essuyait sa face ruisselante de son avant-bras nu ; il avait jeté sa tunique et relevé au-dessus du coude les manches de sa chemise ; mais il gardait sur la tête le grand tricorne à plumes blanches. Son ingénuité chérissait cet insigne du grade de Commandant de la Garde Nationale. De sourds murmures d’approbation accueillaient ses paroles. À son avis, il fallait sans tarder déclarer la guerre à la France, à l’Angleterre, à l’Allemagne et aux États-Unis ; ces puissances, sous couleur de chemins de fer, d’exploitations minières, d’entreprises de colonisation, ou d’autres prétextes futiles, tendaient à voler leurs terres aux pauvres citoyens et à faire d’eux, avec l’aide des aristocrates, ces goths et ces paralytiques, de misérables esclaves abrutis de travail. Les leperos faisaient voler, en criant leur assentiment, les coins de leur manteau blanc sale.

— Le général Montero, hurlait Gamacho avec conviction, est le seul homme à la hauteur de cette tâche patriotique !

Nouvel assentiment.

La matinée s’avançait ; il y avait dans la foule des courants et des remous, signes de proche dispersion. D’aucuns cherchaient de l’ombre, le long des murs ou sous les arbres de l’Alameda. Des cavaliers poussaient à grands cris leur monture, parmi des groupes de sombreros posés d’aplomb sur les têtes, pour les protéger des rayons du soleil vertical ; la populace s’écoulait par les rues, où les portes ouvertes des auberges laissaient deviner une ombre séduisante, animée par le son liquide des guitares. Les gardes nationaux songeaient à la sieste, et l’éloquence avait épuisé leur chef Gamacho. Lorsqu’ils voulurent, plus tard, aux heures fraîches de l’après-midi, s’assembler de nouveau pour s’occuper des affaires publiques, des détachements de la cavalerie montériste campés sur l’Alameda les chargèrent, sans sommation et à bride abattue, jusqu’à l’extrémité des rues, menaçant de leurs longues lances baissées les dos des fuyards. Les gardes nationaux de Sulaco se montrèrent surpris de ce procédé, mais ne témoignèrent aucune indignation. Nul Costaguanien n’avait encore appris à discuter les excentricités de la force militaire ; elles faisaient partie de l’ordre naturel des choses. Cela devait, sans doute, conclurent-ils, être une manière de mesure administrative, dont le motif échappait seulement à leur ignorance. Cependant, leur chef et orateur Gamacho, Commandant de la Garde Nationale, dormait ivre-mort au foyer familial. Ses pieds nus, dressés hideusement comme ceux d’un cadavre, avaient un aspect repoussant. Sa bouche éloquente tombait. La plus jeune de ses filles, accroupie près de lui, se grattait la tête d’une main et de l’autre agitait une branche verte au-dessus du visage rôti et pelé.


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