Les Tombeaux d’une famille


Les Tombeaux d’une Famille.


Ils crûrent en beauté, côte à côte autrefois
            Tous, noble orgueil de la Famille,
Oh ! demandez aux monts, à l’océan, aux bois
            Où dort maintenant leur argile ?

La même tendre mère autrefois, chaque soir
            Se penchait sur le front d’un ange,
Elle avait sous les yeux chaque fleur du manoir…
            Où donc est ce bouquet étrange ?

L’un parmi les forêts de l’occident, au loin
            Est couché près d’un ruisseau sombre ;
L’Indien seul connait le solitaire coin
            Où du vieux cèdre il gît sous l’ombre.

La mer. la vaste mer elle emporta l’un d’eux.
            Où dort la perle en ses abîmes ;
Le plus aimé de tous, et de ce lit aqueux
            Les pleurs l’arrêtent sur les cimes.

Au pays du soleil l’un dort dans son orgueil ;
            Dans une sanglante campagne,
De son noble étendard se faisant un linceuil
            Il tomba sur le sol d’Espagne.

Et l’une…. au dessus d’elle est le myrte odorant
            De l’Italie à douce brise,
Elle dépérit là parmi des fleurs…. mourant
            La dernière de son église.

Et séparés ainsi gisent en maints endroits
            Ceux qui jouaient ou sœur ou frère
Sous le même arbre vert ; et dont les mêmes voix
            Priaient près de la même mère.

Tous ceux là qui charmaient de leur chant la maison
            Et lui donnaient gaité naguère ;
Oh ! quel malheur, hélas ! si n’avions d’horizon
            Que l’horizon de cette terre !