Traduction par Madame B. J. Lowe.
Librairie Plon (p. 21-43).


II

À LA RECHERCHE DE M. HYDE


Ce jour-là, M. Utterson rentra dans son logement de garçon avec des idées sombres, et dîna sans plaisir. D’habitude, le dimanche, après ce repas, il allait s’asseoir près du feu, et là, avec quelque livre pieux et insignifiant reposant sur son pupitre, il attendait que la cloche de l’église voisine sonnât les douze coups de minuit ; alors, avec reconnaissance, sagement et posément, il se couchait. Mais ce soir-là, aussitôt que la table fut desservie, il prit une bougie et passa dans son cabinet. Alors il ouvrit son coffre-fort, et retira d’une cachette un dossier marqué sur son enveloppe : testament du docteur Jekyll. Il s’assit et, avec un froncement de sourcils, il se mit à examiner son contenu. C’était un testament olographe, car, quoique M. Utterson s’en fût chargé après qu’il eut été fait, avait obstinément refusé son assistance pour le faire. Ce testament non seulement assurait qu’en cas de décès de l’éminent docteur Jekyll, membre de plusieurs sociétés savantes, toutes ses possessions passeraient dans les mains de son ami et bienfaiteur Edward Hyde, mais aussi qu’en cas de disparition du docteur, ou d’une absence inexpliquée pendant une période révolue de trois mois, ledit Edward Hyde entrerait en possession des biens de Henry Jekyll sans plus de délai, déchargé de toute obligation, à l’exception de quelques petites sommes payables aux gens de la maison du docteur. Ce document était depuis longtemps la bête noire de l’avocat. Il l’offusquait non seulement comme avocat, dans son sens de la justice ; mais aussi comme partisan des coutumes équitables et droites ; pour lui, le caprice était déshonnête. Jusqu’à ce jour, son indignation ne s’était enflammée que par son ignorance de ce qui concernait M. Hyde ; aujourd’hui, elle était avivée par ce qu’il avait appris. C’était déjà pour lui une préoccupation intolérable, lorsqu’il se trouvait en face d’un nom inconnu qui ne lui disait rien ; ce fut bien pire lorsque ce nom lui apparut dans un encadrement repoussant, et qu’un pressentiment défini fit surgir un démon de cette obscurité impénétrable et immatérielle derrière laquelle il n’avait jusque-là rien distingué.

« Je croyais que c’était de la folie, » dit-il en replaçant le document répréhensible dans le coffre-fort ; « mais maintenant je commence à craindre que ce ne soit une honte. »

Là-dessus il souffla sa bougie, endossa son pardessus et se dirigea du côte de Cavendish Square, cette citadelle médicale, où son ami le docteur Lanyon avait sa demeure et recevait la foule nombreuse de ses malades.

« S’il y a quelqu’un qui sait quelque chose, ce doit être Lanyon, » s’était-il dit.

Le solennel maître d’hôtel le reconnut et l’accueillit gracieusement ; il n’attendit pas longtemps ; il fut immédiatement introduit dans la salle à manger, où il trouva le docteur Lanyon seul à table. C’était un homme d’une apparence robuste et pleine de santé ; il était vif, allègre ; il avait une face rougeaude, et son crâne était recouvert d’une touffe de cheveux hérissés et blanchis avant l’âge ; ses manières étaient bruyantes et impétueuses. En apercevant M. Utterson il sauta de sa chaise et lui serra chaleureusement les deux mains. Sa cordialité paraissait bien quelque peu théâtrale, mais elle n’en reposait pas moins sur un fond de sentiment véritable ; car lui et l’avocat étaient de vieux amis, de vieux camarades de collège et d’études, se respectant l’un l’autre sans aucune réserve ; et, ce qui n’arrive pas toujours, heureux de se retrouver.

Après quelques instants de conversation décousue, l’avocat aborda le sujet qui le préoccupait d’une façon si désagréable.

« Lanyon, » dit-il, « je crois que vous et moi sommes les deux plus vieux amis de Henry Jekyll. »

« Je voudrais bien que les amis soient plus jeunes, » s’écria le docteur Lanyon ; « mais en admettant que nous sommes ses plus vieux amis ; quoi ? Je le vois très peu maintenant. »

« Vraiment ? » dit Utterson ; « je croyais qu’il y avait beaucoup de rapports dans vos goûts, que vous vous intéressiez aux mêmes questions ? »

« Oui, c’est vrai », répliqua l’autre ; « autrefois, mais il y a plus de dix ans que je me suis aperçu que les idées de Henry Jekyll étaient devenues trop fantastiques pour moi. Il commença de suivre une mauvaise route ; son esprit était de travers ; et quoique naturellement je continue de lui porter beaucoup d’intérêt, en mémoire de nos souvenirs, comme on dit, je l’ai vu et le vois diablement peu. Un tel galimatias de choses soi-disant scientifiques, ajouta le docteur s’empourprant tout à coup, eût amené la désunion entre Damon et Pythias. »

Ce petit accès de mauvaise humeur soulagea un peu M. Utterson.

« Ils diffèrent sur quelque point scientifique, » pensa-t-il, « et ont eu une discussion à ce sujet ; et la science le laissant lui-même assez froid (excepté en matière légale, sur les actes de transmission de propriété), il ajouta même : C’est vraiment bien futile ! Il donna à son ami le temps de se remettre, et alors aborda la question qu’il était venu pour poser : « Avez-vous jamais rencontré un de ses protégés, un nommé Hyde ? »

« Hyde ! » répéta Lanyon, « non, je n’ai jamais entendu parler de lui. C’est depuis mon temps. »

Ce fut tout ce que l’avocat put obtenir d’informations. La nuit lui apporta très peu de repos, il se tourna et se retourna dans son grand lit jusqu’à l’aube, son esprit actif s’agitant dans les ténèbres et se posant mille questions. Six heures sonnèrent à l’horloge de l’église qui se trouvait si commodément placée près de la maison de M. Utterson ; et il était toujours en train de sonder ce problème. Jusqu’ici cela ne l’avait touché que du côté intellectuel ; maintenant, son imagination aussi y prenait part, elle en devenait même l’esclave, et pendant son agitation de la nuit, et dans l’obscurité de la chambre, rendue encore plus intense par les rideaux soigneusement tirés, l’histoire de M. Enfield repassait dans son esprit, se déroulant devant ses yeux comme un tableau d’images coloriées. Il voyait le grand champ de lumière formé par l’éclairage nocturne d’une grande ville, ensuite il distinguait la forme d’un individu marchant rapidement, et aussi celle d’une enfant courant, en revenant de chez le médecin où elle avait été envoyée ; alors il voyait leur rencontre, il voyait ce Juggernaut humain fouler la petite fille sous ses pieds et passer outre, sans s’inquiéter de ses cris. Ou encore il pouvait voir son ami couché dans la chambre d’une riche maison, dormant et souriant à ses rêves, quand tout à coup la porte de cette chambre s’ouvrait, les rideaux du lit étaient entr’ouverts, le dormeur était tiré de son sommeil, et — horreur ! à ses côtés se tenait un homme ayant le pouvoir de commander ; à son ordre il voyait son ami obligé, à cette heure de la nuit, quand tout est pour ainsi dire mort, de se lever et d’obéir. La vision de cet homme sous ces deux formes obséda l’avocat toute la nuit, et même s’il sommeillait, il voyait cette ombre se glissant le long des maisons endormies, où il la voyait passer et repasser d’une marche de plus en plus rapide, jusqu’à lui donner le vertige, à travers les labyrinthes de la ville illuminée, et à chaque coin de rue écraser une enfant et la laisser gisant sur le sol et criant. Même dans ses rêves sa vision n’avait pas de visage par lequel il pût la reconnaître, ou, si elle en avait un, c’était pour se jouer de lui, en s’évanouissant devant ses yeux. Et voilà comment dans l’esprit de l’avocat avait germé et crû avec rapidité une curiosité ardente, singulière et déréglée, de voir les traits du réel M. Hyde. S’il pouvait les voir seulement une fois, pensait-il, le mystère serait éclairci et deviendrait aussi banal que le deviennent généralement les mystères quand on les examine de près. Il aurait peut-être pu deviner les causes de la préférence de son ami, ou les liens qui l’attachaient, il aurait peut-être même pu deviner une raison pour les clauses surprenantes du testament. Dans tous les cas, la figure de cet homme valait la peine être vue, la figure d’un homme sans entrailles et sans pitié qui n’avait qu’à se montrer pour élever dans l’âme du peu impressionnable Enfield un sentiment de haine durable.

À partir de ce moment, M. Utterson devint un habitué de la rue où se trouvait la porte mystérieuse. Le matin, avant l’heure de l’ouverture de son cabinet, à midi, quand il avait beaucoup d’affaires et peu de temps à lui, et le soir, à la clarté brumeuse de la lune, par beau ou mauvais temps, aux heures de foule ou de solitude, on trouvait l’avocat fidèle au poste qu’il s’était choisi. « S’il fait celui qui se cache, je ferai celui qui cherche, » pensait-il. Sa patience fut enfin récompensée. Ce fut par une belle soirée : le temps était froid et sec, il y avait de la gelée dans l’air, le pavé de la rue était aussi propre que le parquet d’une salle de danse. La lumière des réverbères, n’étant pas agitée par le vent, projetait à intervalles égaux l’ombre et la lumière. Vers dix heures, quand les boutiques étaient fermées, la rue était très déserte et tranquille, malgré les sourds grondements de Londres tout à l’entour. Les petits bruits avaient beaucoup de portée ; les différents sons sortant des maisons étaient clairement intelligibles, et le résonnement des pas des passants se faisait entendre de très loin. M. Utterson n’était à son poste que depuis quelques instants, quand le bruit d’un pas bizarre et léger arriva jusqu’à son oreille. Il avait eu le temps, depuis qu’il avait commencé ses observations, de distinguer le bruit singulier avec lequel, pendant la nuit, les pas d’une personne seule se font entendre soudainement par-dessus le vaste bourdonnement de la ville. Cependant son attention n’avait jamais été si vivement et si décidément excitée, et ce fut avec un fort pressentiment de succès qu’il s’enfonça sous le portail de la cour.

Les pas se rapprochaient rapidement et furent plus distincts quand ils eurent tourné le coin de la rue. L’avocat aux aguets aperçut bientôt l’espèce d’homme auquel il allait avoir affaire. Il était de petite taille et vêtu très simplement, mais son apparence, même à cette distance, prévint fortement contre lui celui qui le surveillait. Il marcha droit à la porte, traversant au plus court, et en approchant il tira une clef de sa poche, comme le ferait une personne rentrant chez elle.

M. Utterson s’avança alors, et en passant le toucha à l’épaule : « Monsieur Hyde, si je ne me trompe ? » dit-il.

M. Hyde se recula en laissant échapper un petit sifflement des poumons. Mais sa peur ne fut que momentanée, et quoiqu’il ne regardât pas l’avocat en face, il répondit assez froidement : « C’est mon nom, que voulez-vous ? »

« Je vois que vous allez entrer, » répondit l’avocat. « Je suis un vieil ami du docteur Jekyll, — M. Utterson, de Gaunt street, — vous devez avoir entendu parler de moi, et, vous rencontrant si à propos, j’ai pensé que vous pourriez m’admettre dans la maison. »

« Vous ne trouveriez pas le docteur Jekyll, il est absent, » répliqua M. Hyde, tout en soufflant dans la clef, et, sans relever la tête, il ajouta soudain : « Comment avez-vous su qui j’étais ? »

« De votre côté, » dit M. Utterson, « voulez-vous me faire une faveur ? »

« Avec plaisir, » répliqua l’autre ; « que voulez-vous ? »

« Je voudrais vous voir la figure, » répondit l’avocat.

M. Hyde parut hésiter, mais, avec une détermination subite, il releva la tête, et les deux hommes se regardèrent fixement pendant quelques secondes. « Maintenant, je vous reconnaitrai, » dit M. Utterson ; « cela peut être utile. »

« Oui, » fit M. Hyde ; « il vaut mieux que nous nous soyons rencontrés, et à propos vous devriez avoir mon adresse. » Et il lui donna le numéro d’une rue dans Soho.

« Grand-Dieu ! » se dit M. Utterson, « lui aussi pensait-il au testament ? » Mais il garda ses réflexions, se contentant de grommeler quelque chose en reconnaissance de l’adresse reçue.

« Et maintenant, » demanda l’autre, « comment m’avez-vous connu ? »

« D’après une description, » fut la réplique.

« La description de qui ? »

« Nous avons des amis communs, » dit M. Utterson.

« Des amis communs, répéta M. Hyde d’une voix un peu rauque. « Qui sont-ils ? »

« Jekyll, par exemple, » fit l’avocat.

« Il ne vous a jamais rien dit, » s’écria M. Hyde ; « je ne vous aurais pas cru capable de mentir. »

« Allons, » dit M. Utterson ; « vos paroles sont un peu vives. »

L’autre ricana sourdement ; avec une précipitation extraordinaire, il ouvrit la porte et disparut dans l’intérieur de la maison.

L’avocat resta là sans bouger pendant quelques instants, après la disparition de M. Hyde, les traits de son visage laissant apercevoir le trouble de son esprit. Enfin, il remonta doucement la rue, s’arrêtant par intervalles, et portant la main à son front comme un homme en grande perplexité. Le problème qu’il débattait tout en marchant était de l’ordre de ceux qui sont rarement résolus. M. Hyde était pale et malingre, il donnait l’impression d’être difforme, sans que l’on pût qualifier sa difformité ; il avait un sourire déplaisant ; il s’était conduit vis-à-vis de l’avocat avec une timidité mélangée d’impudence ; il parlait d’une voix âpre, basse et tant soit peu brisée : autant d’arguments contre lui, mais tous ces arguments réunis ne pouvaient pas expliquer ce sentiment inconnu de dégoût, d’horreur et de frayeur, avec lequel M. Utterson le considérait. « Il doit y avoir autre chose, » pensa-t-il dans sa perplexité. Il y a autre chose, si je pouvais seulement trouver le mot pour l’énoncer. Que le bon Dieu me bénisse, si cet homme a rien d’humain ! Est-ce quelque chose de troglodytique ? ou est-ce simplement le rayonnement d’une âme immonde qui traverse son enveloppe corporelle et la défigure ? Ce doit être cela ; car, oh ! mon pauvre vieil ami Jekyll, si jamais j’ai lu la signature de Satan sur la face de quelqu’un, c’est sûrement sur celle de votre nouvel ami. »

Après avoir tourné le coin de la rue, on apercevait une rangée de vieilles et belles maisons, la plupart déchues de leur haut rang, et converties en appartements et chambres, loués à des hommes de toutes sortes et de toutes conditions, des graveurs, des architectes, des avocats sans causes et des agents d’entreprises obscures. Une de ces maisons, toutefois, la seconde au coin, était entièrement occupée par la même personne, et quoique plongée dans l’obscurité, à l’exception d’une lumière qui s’apercevait à travers la fenêtre en éventail au-dessus de la porte d’entrée, elle avait un grand air de fortune et de bien-être. M. Utterson s’arrêta là et frappa. Un domestique en bonne tenue et d’un âge déjà mûr ouvrit la porte.

« Le docteur Jekyll, est-il chez lui, Poole ? » demanda-t-il.

« Je vais voir, Monsieur Utterson, » répondit Poole, tout en faisant entrer le visiteur dans un grand vestibule, bas de plafond, pavé de dalles, chauffé, à la mode de la campagne, par un grand feu de cheminée et meublé luxueusement de vieux chêne.

« Voulez-vous attendre ici, près du feu, Monsieur ? ou voulez vous que je vous donne de la lumière dans la salle à manger ? »

« Ici, merci, » dit l’avocat ; il s’approcha du feu et posa les pieds sur le grand garde-feu. Ce vestibule, dans lequel il se trouvait maintenant seul, était particulièrement affectionné par son ami le docteur, et Utterson lui-même avait l’habitude d’en parler, comme étant, dans son genre, l’endroit le plus charmant de Londres. Mais ce soir-là il n’était pas en état de l’apprécier : il avait d’étranges sensations, il se sentait comme un frémissement dans le sang, la vie semblait lui être à charge, le visage de M. Hyde s’appesantissait lourdement dans sa mémoire, et la mélancolie de son esprit lui faisait voir une menace dans la vacillation de la flamme sur le poli des meubles, et dans le tressaillement inquiet de l’ombre projetée au plafond. Il fut honteux du soulagement qu’il éprouva, quand Poole revint pour lui annoncer que le docteur Jekyll était sorti.

« J’ai vu M. Hyde entrer par la vieille porte de la salle de dissection, Poole, » dit-il : « Cela ne fait rien quand le docteur Jekyll n’est pas chez lui ? »

« Non, c’est très bien, Monsieur Utterson, » répliqua le domestique. « Monsieur Hyde a une clef »

« Votre maître paraît avoir une confiance bien grande dans ce jeune homme, Poole, » reprit l’avocat, rêvassant.

« Oui, Monsieur, il est certain qu’il en a beaucoup, » dit Poole. « Nous avons tous reçu l’ordre de lui obéir. »

« Je ne crois pas avoir jamais rencontré M. Hyde ? » demanda Utterson.

« Oh ! vraiment, non, Monsieur ; il ne dîne jamais ici, » répliqua le maître d’hôtel. « Nous ne le voyons que rarement de ce côté de la maison, il va et vient presque toujours par le laboratoire. »

« Eh bien ! bonsoir, Poole. »

« Bonsoir, Monsieur Utterson. »

L’avocat reprit le chemin de sa demeure avec un cœur bien gros. « Pauvre Henry Jekyll, » pensait-il, « j’ai peur qu’il ne soit dans de mauvais draps ! Il a été très dissipé dans sa jeunesse ; il est vrai qu’il y a longtemps de cela, mais il n’y a pas de statuts limitant la loi divine. Oui, ce doit être cela : le fantôme d’une ancienne faute, la plaie de quelque honte cachée, la punition venue, pede claudo, des années après que la mémoire avait oublié. Alors, effrayé rien qu’à cette pensée, l’avocat s’absorba pendant un moment sur son propre passé, tâtonnant dans tous les coins de sa mémoire, pour voir si, par hasard, il ne trouverait pas quelque vieux péché, qui, comme un diable à ressort, se ferait jour tout à coup. Son passé était bien sans reproches, peu d’hommes pourraient revoir le déroulement de leur vie avec moins d’appréhension ; malgré cela il se trouva humilié jusqu’à terre par beaucoup de mauvaises actions qu’il avait commises, et il fut relevé avec un sentiment de reconnaissance triste et grave par celles qu’il avait été si près de commettre, mais cependant qu’il avait évitées. Revenant alors à son premier sujet, il eut une étincelle d’espoir. « Ce M. Hyde, » pensa-t-il, « doit avoir des secrets ; des secrets bien noirs, à en juger par l’apparence, et quelque honteux que puissent être ceux de Jekyll, comparés à ceux de cet homme, ils ressembleraient à un rayon de soleil. Cet état de choses ne peut continuer. J’ai froid dans le dos à la pensée de cet être se glissant aux côtés du lit de Henry, pauvre Henry, quel réveil ! Sans compter le danger, car si ce Hyde soupçonne l’existence du testament, il peut devenir impatient d’hériter. Allons, il faut que je donne un coup de main à la roue ; si Jekyll veut me laisser faire, » ajouta-t-il, « si toutefois Jekyll veut me laisser faire. » Car il revoyait clairement devant ses yeux les clauses étranges du testament.