Traduction par Isabelle de Montolieu.
Arthus Bertrand (1p. 52-67).

CHAPITRE IV.


Ce n’était pas M. Wentworth, l’ancien curé de Monkford, qui, malgré les apparences, faisait battre le cœur d’Alice, mais un capitaine de vaisseau, M. Frederich Wentworth, qui, à la suite de l’action de Saint-Domingue, avait été fait commandant. N’étant pas immédiatement employé, et ses parens ne vivant plus, il vint passer l’été de 1806 chez son frère le curé de Monkford ; c’était un beau jeune homme, d’une tournure remarquable, et possédant un esprit distingué et brillant. Alice était alors dans la fleur de sa jeunesse, extrêmement jolie, mais plus aimable encore, réunissant le goût, le tact, la gentillesse à beaucoup de douceur, de modestie et de sensibilité : la moitié de cet attrait mutuel aurait suffi pour les attacher l’un à l’autre ; Frederich n’avait rien de mieux à faire que d’être amoureux ; Alice, avec un fond de tendresse dans le cœur, n’avait autour d’elle personne sur qui elle pût la répandre : bientôt la connaissance fut faite, et ne tarda pas, des deux côtés, à devenir une inclination très-vive et très-réciproque. Il serait difficile de dire lequel aima l’autre le premier ; le même trait sympathique les frappa soudain ; chacun d’eux voyait dans l’objet de son amour la perfection idéale ; on aurait eu grande peine à décider lequel des deux fut le plus heureux, d’Alice en recevant l’aveu de son amour et l’offre de sa main, ou de Frederich lorsque l’un et l’autre furent acceptés ; mais cet instant de félicité suprême où deux cœurs unis s’entendent, se répondent, espèrent un bonheur inaltérable, ne tarda pas à s’évanouir. Wentworth fit sa demande en forme au père de son Alice ; sir Walter, sans donner ni refuser son consentement, témoigna seulement une grande surprise, une froideur dédaigneuse, un silence offensant, déclarant qu’il ne ferait rien pour sa fille, et surtout pour un tel mariage ; un gendre, simple officier de marine, frère d’un curé, lui paraissait une dégradation pour le nom d’Elliot et la fille d’un baronnet ; et lady Russel, influencée par ses préjugés en faveur des titres, et par l’idée que sa chère Alice ne pouvait manquer de trouver un parti plus brillant, pensa de même ; il lui parut insensé de donner Alice Elliot avec sa naissance, sa jolie figure, son esprit naturel et cultivé, et ses dix-neuf ans, à un jeune homme qui n’avait aucune consistance dans le monde, peu de fortune, et d’autre espoir d’en acquérir que les chances incertaines d’une profession dangereuse qui l’éloignerait de sa femme, la laisserait sans soutien, ou la mettrait dans un état de dépendance et d’anxiété continuelle pour la vie de son mari : elle était si jeune, si peu connue ! et ne connaissait elle-même ni le monde ni son propre cœur ; le premier hommage qu’elle avait reçu avait fait sur elle une impression qui serait bientôt effacée. D’après ces réflexions assez judicieuses, il faut en convenir, lady Russel usa de tout le pouvoir que lui donnait sur Alice son amitié maternelle pour empêcher ce mariage.

Le capitaine Wentworth n’avait en effet aucun patrimoine : il avait eu jusqu’alors assez de bonheur dans sa vocation ; mais, comme il n’arrive que trop souvent aux marins, il dépensait légèrement ce qu’il gagnait avec facilité, et n’avait rien réalisé. Il avait la confiance de la jeunesse et la persuasion qu’il serait bientôt riche. Plein de force et d’ardeur, il se voyait déjà commandant un vaisseau, faisant de riches captures sur l’ennemi, et dans une situation qui ne laisserait rien à desirer ni à lui ni à son Alice : il avait toujours été heureux, il le serait sûrement encore. Ces espérances, exprimées avec le feu qui le caractérisait, animées encore par son amour, auraient suffi à la jeune fille, qui ne doutait de rien quand Frederich Wentworth avait parlé, mais non à lady Russel, qui voyait ces espérances sous un jour bien différent. Cette imagination vive et brillante d’un ardent jeune homme lui parut la preuve d’une extrême légèreté et d’une mauvaise tête, qui, sous aucun rapport, ne pouvait faire le bonheur de sa chère Alice. Lady Russel avait peu de goût pour l’esprit et l’imagination, et une aversion prononcée pour tout ce qui s’écartait de la droite ligne de la prudence ; elle ne vit qu’une folie dans l’amour de ces jeunes gens, et travailla de tout son pouvoir à guérir au moins le cœur de sa fille adoptive : tout ce qu’elle dit dans ce but était si fort et paraissait si sensé, qu’Alice, sans être convaincue, ne trouvait rien à répondre. Quoique jeune, timide, n’étant encouragée par aucune indulgence de son père, par aucune consolation de sa sœur, elle aurait peut-être trouvé dans son amour la force de résister à la volonté de sir Walter ; mais à celle de lady Russel de qui elle était si tendrement aimée, dont elle était accoutumée à respecter les opinions, qui joignait à la fermeté avec laquelle elle les énonçait, le plus vif intérêt pour elle et pour son bonheur, elle ne put s’y résoudre, et finit par se persuader qu’il était impossible que lady Russel n’eût pas raison, sans aimer moins Wentworth. Elle crut aussi leur engagement téméraire, imprudent, presque impossible, et promit à son amie de le rompre. Si elle n’avait consulté que son propre avantage, il est au moins douteux qu’elle eût pu s’y résoudre ; mais elle vit dans cette rupture celui de Wentworth, et dès-lors elle ne balança plus : puisque son père ne voulait rien lui donner, abuserait-elle de l’amour de Frederich pour lui faire épouser une femme sans dot, dont la famille le mépriserait, et le repoussait déjà ? Prévenir ce qu’elle regardait comme un malheur pour celui qu’elle aimait, lui parut un devoir, et fut sa seule consolation, en lui disant un dernier adieu, et rien ne lui fut épargné ; elle eut la douleur de voir combien il était blessé de l’orgueil de sir Walter et de la faiblesse d’Alice. Dès qu’il eut reçu son congé, il partit de Sommertshire sans même prendre congé de celle dont il se crut alors bien faiblement aimé.

Il se trompait ; quelques mois avaient vu naître et finir leur liaison ; mais ce court espace laissa des traces ineffaçables dans le cœur sensible d’Alice ; un attachement combattu sans cesse et toujours en vain, des regrets qui s’augmentaient chaque jour au lieu de diminuer, obscurcirent pour elle toutes les jouissances de la jeunesse, et la perte de sa fraîcheur et de sa gaîté fut enfin l’effet du chagrin qui pesait sur son âme. Plus de sept années s’étaient écoulées depuis le départ de Frederich Wentworth, sans qu’on eût entendu parler de lui ; il était oublié de ceux même qui avaient eu part à son malheur, excepté d’Alice, qui cherchait encore dans les papiers-nouvelles tous les articles de la marine, dans l’espoir d’y trouver son nom : le temps cependant et l’absence affaiblirent son sentiment, et peut-être même l’auraient détruit tout-à-fait s’ils avaient eu d’autres auxiliaires, comme le changement de lieux, ou bien une société plus nombreuse ; mais excepté un séjour à Bath chez lady Russel peu de temps après la rupture, séjour qui ne fut marqué pour elle que par l’ennui et la tristesse, elle n’avait vu personne qu’elle pût seulement comparer à Frederich Wentworth, dont elle conservait toujours le souvenir ; aucun autre attachement (ce qui peut-être eût été le meilleur remède) ne se présenta dans le cercle étroit dont elle était entourée. Elle fut cependant sollicitée à vingt-deux ans de donner sa main à Charles Musgrove ; et sir Walter n’y aurait pas mis d’obstacle, mais alors le souvenir de Wentworth était encore dans toute sa force, et ne lui permit pas d’écouter les vœux d’un autre homme ; mais elle estimait le caractère du jeune Musgrove, et le vit avec plaisir s’attacher, après son refus, à sa sœur cadette, qui ne lui fut pas rebelle. Elle eut encore dans cette occasion à combattre contre lady Russel, qui voyait dans le fils aîné de M. Musgrove un parti qui, sans être ce qu’elle ambitionnait pour son Alice, lui convenait cependant à beaucoup d’égards : c’était, après les Elliot, la famille la plus considérée du comté ; son père avait de belles propriétés dont il hériterait, et le jeune homme une assez belle apparence. Ce mariage aurait fixé Alice dans son voisinage, et l’aurait tirée de l’état de dépendance et d’injustice dont elle était la victime dans la maison paternelle ; mais, dans cette occasion, Alice n’avait pas même demandé de conseils ; sa propre conscience lui servit de guide pour ne pas donner sa main sans son cœur. Lady Russel, qui ne revenait pas facilement de ses préventions, et ne croyait pas qu’elle pût errer, ne regrettait point Wentworth, mais commençait à craindre qu’il ne se trouvât aucun prétendant assez riche pour la satisfaire, et assez aimable pour tenter Alice d’entrer dans un état pour lequel elle semblait formée par la douceur de son caractère et par ses habitudes domestiques.

Elles ne connaissaient point leurs opinions réciproques sur cet article : lady Russel, peu experte en amour, croyait qu’il suffisait de n’en point parler pour n’y plus penser : le nom de Wentworth, ni rien qui eût rapport à cet incident, n’avait été prononcé entre elles deux ; depuis la rupture, elle ne se doutait donc pas de la constance du cœur de son Alice ; cette dernière même avait cru quelquefois son sentiment éteint, ou du moins très-affaibli ; mais son empressement à lire l’article concernant la marine dans les papiers publics, son émotion quand elle y trouvait le nom de Frederich Wentworth cité comme un des meilleurs officiers, et celle qui s’empara de tout son être quand elle apprit que sa sœur mistriss Croft (qu’il chérissait, et dont il lui avait souvent parlé, ainsi que de l’amiral) venait habiter Kellinch-Hall, lui dirent bien clairement qu’elle sentait à vingt-sept ans comme à dix-neuf ; mais elle ne pensait plus tout-à-fait de même. À dix-neuf ans, elle avait été entraînée à n’écouter que les conseils de la raison et de la prudence ; à vingt-sept, elle était décidée, si Wentworth reprenait ses chaînes et renouvelait ses offres, à n’écouter que son cœur, et ce cœur était plein des plus douces espérances : le hasard semblait vouloir la rapprocher de sa famille ; les papiers lui avaient appris son avancement ; aucun n’avait dit qu’il fût marié ; tout ce qu’il avait espéré, et que lady Russel regardait comme les rêves d’une imagination égarée, était arrivé ; tout, excepté son mariage avec Alice, lui avait réussi, et peut-être cet hymen aurait-il lieu. Son ardeur, son génie semblaient devoir assurer le succès à toutes ses entreprises ; plusieurs riches captures devaient avoir augmenté sa fortune ; et à présent que son beau-frère habiterait Kellinch-Hall, sir Walter ne mépriserait plus son alliance. On voit que la tête d’Alice, ainsi que son cœur, avaient pris bien de l’éloquence et beaucoup de confiance dans le futur pour se consoler du passé. Elle avait été prudente dans sa jeunesse, elle devenait trop romanesque en prenant des années ; c’était la suite d’un commencement singulier, et le cœur ne perd pas ses droits. Elle ne blâmait pas lady Russel de s’être opposée à un mariage qu’elle jugeait désavantageux, elle ne se blâmait pas elle-même de s’être laissé guider par elle ; mais elle sentait que si quelque jeune personne venait lui demander conseil dans une semblable circonstance, elle se défendrait de lui en donner. Le bonheur et le malheur dépendent souvent de soi-même, plus que de la situation où le sort nous a placés. Alice était persuadée que, malgré la désapprobation de son père, malgré ses craintes et ses anxiétés sur l’état de son mari, malgré les peines inséparables d’une fortune très-bornée, elle aurait été plus heureuse en maintenant son engagement qu’en en faisant le sacrifice, dont rien ne l’avait dédommagée, ni la tendresse de son père, ni l’amitié de sa sœur, ni même l’approbation de lady Russel, qui ne pensait pas qu’elle eût rien à regretter.

On comprendra facilement combien ses souvenirs, ses craintes, ses espérances agitaient la pauvre Alice. Depuis qu’elle avait appris que la sœur du capitaine Wentworth vivrait à Kellinch-Hall, elle faisait tout son possible pour endurcir ses nerfs, et supporter, sans se trahir, les éternelles discussions sur les Croft, et sur ce qu’il ne fallait ou ne fallait pas leur laisser ; elle était aidée au moins dans son desir de paraître indifférente, par la complète indifférence des trois seules personnes qui fussent dans le secret de ce qui s’était passé entre elle et Wentworth, et qui semblaient en avoir perdu le souvenir ; elle comprenait et respectait les motifs de lady Russel ; mais le silence de son père et d’Elisabeth lui paraissait un oubli bien réel d’une circonstance qui les avait sans doute trop faiblement intéressés pour se la rappeler sept ans après : ce n’était pas du moins la crainte de lui faire de la peine qui les retenait ; c’était le moindre de leurs soucis, et souvent même ils en cherchaient l’occasion. Quoi qu’il en fût, cet air d’oubli général lui convenait très-bien ; il lui sauvait tout embarras avec les nouveaux habitans de Kellinch-Hall. Le frère de Wentworth, curé à Monkfort, chez qui il demeurait, était le seul, outre ses parens à elle, qui eût reçu quelque information de ce court engagement ; il avait quitté depuis long-temps ce comté ; c’était d’ailleurs un homme discret, délicat, point marié, et qui, bien sûrement, n’en avait parlé à personne.

Quant à mistriss Croft, elle était alors hors de l’Angleterre, accompagnant son mari dans ses courses lointaines ; et Maria Musgrove, sœur cadette d’Alice, était à l’école pendant que Wentworth lui faisait la cour, et jamais elle ne l’avait vu. Elle se flatta donc que sa relation nouvelle avec l’amiral et sa femme ne serait troublée par rien de pénible pour les premiers momens. Lady Russel, chez qui elle résidait souvent, et qui vivait à Kellinch-Hall même, serait un moyen de rapprochement, et si Frederich venait… « Ah ! s’il vient, s’il vient, pensait-elle, c’est qu’il n’aura rien oublié. »

La matinée où l’amiral et sa femme devaient venir visiter Kellinch-Hall arriva ; Alice trouva qu’il était essentiel de ne pas manquer d’aller voir lady Russel (ce qu’elle faisait tous les jours), et d’y rester jusqu’à ce que tout fût conclu : on ne fit rien pour l’engager à rester ; elle partit donc avant leur arrivée, bien aise de retarder un moment qu’elle redoutait, et fâchée cependant de manquer cette occasion de voir la sœur de Wentworth.

Cette rencontre eut lieu à l’entière satisfaction des deux partis, et décida l’affaire de la location : mistriss Croft desirait habiter la campagne, miss Elisabeth Elliot voulait aller à Bath ; ainsi l’on fut bientôt d’accord, et ces dames parurent mutuellement contentes l’une de l’autre. Il en fut de même des hommes ; l’amiral avait une cordialité, une franchise, une générosité dans la manière qui ne pouvait manquer d’avoir une grande influence sur sir Walter ; M. Shepherd avait de plus eu l’adresse de lui insinuer que l’amiral l’avait entendu citer comme le modèle du meilleur ton et de l’usage du monde le plus parfait : il ne voulut pas démentir cette opinion, et fut d’une politesse recherchée avec ses hôtes. La maison, les jardins, les meubles furent admirés ; les Croft approuvèrent tout, sir Walter céda tout ; il n’y eut aucune difficulté de part ni d’autre. M. Shepherd avait amené son élève, qu’il mit à l’ouvrage pour minuter le traité, qui fut signé avant de se séparer.

Sir Walter déclara que l’amiral était le plus aimable marin qu’il eût rencontré, et le moins maltraité du soleil : il alla même jusqu’à dire que s’il pouvait l’engager à arranger ses cheveux comme lui, il aurait une belle et bonne figure ; et, de son côté, l’amiral, avec sa bienveillance et sa franchise ordinaires, disait à sa femme : « Je vous assure, Sophie, que je suis très-content du baronnet ; ce n’est point ce qu’on avait dit à Taunton ; sans doute il n’a jamais vu de combat naval ; mais à cela près, je le crois un très-galant homme. » Les Croft devaient entrer en possession à la Saint-Michel ; et comme sir Walter voulait s’établir à Bath dans le cours du mois suivant, il n’y avait pas de temps à perdre ; on s’occupa donc des préparatifs du voyage.

Lady Russel, convaincue qu’Alice ne serait consultée en rien, ni sur le choix d’une maison, ni sur la manière de l’arranger, aurait voulu la garder jusqu’au moment où elle-même irait à Bath après les fêtes de Noël ; mais elle avait quelques engagemens qui l’obligeaient à quitter Kellinch-Lodge pour quelques semaines. Alice, de son côté, aurait donné tout au monde pour passer encore un doux et triste automne dans cette campagne chérie qu’elle quittait avec tant de regret ; mais se résignant à la nécessité, elle tâcha de prendre son parti, et d’aller dans une ville qu’elle détestait, avec des parens à qui elle était au moins indifférente, puisque c’était sa place et son devoir ; mais un autre devoir survint et obtint la préférence. Sa sœur Maria Musgrove était une petite femme très-gâtée, très-nerveuse, croyant se rendre intéressante en affectant une santé très-délicate, et se plaignant sans cesse des maux qu’elle croyait avoir. Dès qu’elle éprouvait la plus petite contrariété, elle avait l’habitude, dans ses momens d’ennui ou de malaise, de réclamer la société de sa bonne sœur Alice, dont elle connaissait l’indulgence et la bonté : elle écrivit donc à Elisabeth pour demander qu’on lui envoyât Alice ; elle se sentait indisposée ; elle était sûre qu’elle n’aurait pas un jour de santé de tout l’automne, et sa sœur lui était absolument nécessaire ; elle suppliait donc, ou plutôt exigeait qu’elle vînt à Uppercross au lieu d’aller à Bath.

« Il m’est impossible de me passer d’Alice, » disait Maria.

Elisabeth lui répondit :

« Prenez et gardez Alice autant que vous le voudrez, personne n’a besoin d’elle à Bath. »

Être demandée avec instance, même avec exigence, vaut mieux encore que d’être rejetée comme n’étant bonne à rien. Alice, charmée d’être utile à quelqu’un, d’être réclamée par une sœur, et de passer l’automne à la campagne, et dans son cher comté de Sommerset, accepta avec grand plaisir l’invitation des Musgroves.

Il fut donc convenu avec lady Russel qu’elles iraient ensemble à Bath, et que jusqu’alors Alice partagerait son temps entre Uppercross et Kellinch-Lodge.

Le lendemain elles se mirent en route.